Partie 5 – L’abandon des systèmes de pouvoirs

Environnement sociologique pour une Monnaie Pleine

Ch 3 l’environnement Sociologique pour utiliser une Monnaie Pleine :

Dans le cadre du management des organisations, le domaine sociologique de l’environnement externe se présente de la manière suivante.

L’environnement socioculturel reflète la situation et les caractéristiques de la population – et donc des consommateurs. On s’intéressera notamment : Aux critères démographiques (âge moyen, taux de natalité, etc.) ; Au niveau d’éducation ; À la mobilité sociale et géographique ; Aux nouvelles pratiques sociales, aux modes.

Ce questionnement est transposé dans le cadre de l’analyse stratégique pour une utilisation d’une monnaie pleine et ce domaine sociologique aborde les opportunités ou les menaces liées aux nouvelles pratiques sociales soit pour créer davantage de solidarité et de liens sociaux soit à l’inverse pour creuser les inégalités sociales, accroître l’ignorance afin de renforcer la domination des peuples.

sommaire du diagnostic de l’environnement externe d’une Monnaie Pleine (méthode PESTEL)

LA MONNAIE PLEINE EST A NOUS

Deuxième Partie : l’Analyse Stratégique :

II Le diagnostic externe. 

Opportunités et menaces dans l’environnement d’une Monnaie Pleine
pour une nouvelle utilisation dans les Réseaux de Vie.

Chapitre 3 L’environnement sociologique

Ch 1 l’environnement POLITIQUECh 2 l’environnement ÉCONOMIQUECh 3 l’environnement SOCIOLOGIQUECh 4 l’environnement TECHNOLOGIQUE
Le combat contre une banque centrale privée

Jefferson, Jackson, Lincoln, Kennedy,

Maurice Allais met en garde les politiciens

les initiatives pour une Monnaie Pleine

La menace exercée par l’oligarchie financière anglo-saxonne

Pierre Leroux et les associations

Karl MARX et les banquiers américains
Économie distributive

Libre échange/Protectionnisme

le surcoût du Capital

le poids des dettes

le remboursement des dettes publiques

solution pour rembourser les dettes
la paupérisation des populations

les inégalités de patrimoine

violence des riches, 

discrédit des élites

les villages solidaires Marinaleda, Ungersheim

les SEL Services d’Echange Local

les Monnaies locales

les Monnaies privées
la vente des titres financiers

l’économie casino

les bourses montent, l’économie est à plat

la grande machine à bulles US

5 preuves que la finance est devenue folle

la blockchain un bien commun
Ch5 l’environnement ÉCOLOGIQUECh 6 l’environnement LÉGAL
le réchauffement climatique

la transition énergétique, le développement durable

l’écologie politique 

Qu’est ce que l’écologie politique

La Convention climat
la monnaie contrôle l’économie

la banque centrale crée seule de la monnaie

la gestion hors bilan des banques d’affaires

la monnaie dans l’Europe médiévale

l’Initiative suisse Monnaie Pleine 
la monnaie propriété des banques commerciales

Glass-Steagall Act, solution de sécurité

Augmenter les réserves fractionnaires

” La” solution contre les crises bancaires.

Le cynisme et la violence des riches peut-elle encore longtemps rendre passifs des populations qui s’appauvrissent et sont brimées par la peur et la terreur exercées contre elles ? La mode de la résilience pour développer une soumission librement consentie au gouvernement mondial de l’oligarchie financière anglo-saxonne est-elle une menace tout comme la mode du transhumanisme fondée sur l’intelligence artificielle ?

Nous commencerons par analyser le creusement des inégalités puis ses conséquences au niveau des pratiques sociales.

1) la paupérisation des populations, opportunité ou menace pour l’utilisation d’une monnaie pleine.

” Il est aussi dans l’intérêt d’un tyran de garder son peuple pauvre, pour qu’il soit si occupé à ses tâches quotidiennes qu’il n’ait pas le temps pour la rébellion. “ Aristote.

Ce constat montre que les tyrans, les autocrates de tous régimes politiques dans des systèmes de pouvoir, pratiquent de la même manière et leur volonté politique est bien de garder leurs peuples pauvres. Les dirigeants du système capitaliste libéral et les financiers du gouvernement mondial ne s’écartent pas de cette règle criminelle contre l’humanité.

Le lecteur de fileane.com connaît la liste des tabous et des interdits mis en place par les dirigeants des systèmes de pouvoir depuis deux mille ans, il s’agit d’éliminer ces obstacles à la monnaie pleine :

  •  l’interdiction de la source de savoir spirituelle utilisée par les premières communautés chrétiennes (non sectaires) lors du Concile de Nicée en 320, interdiction toujours présente dans l’église catholique romaine et qui est une des causes des ravages causés par le matérialisme scientifique qui ignore la complémentarité entre source de savoir intellectuel et spirituel. Le principal ravage est la destruction des équilibres naturels et le réchauffement climatique du à l’action des hommes. Nous avons montré sur fileane.com, que la confiance s’optimise dans un groupe social à travers l’utilisation d’un savoir global capable d’utiliser les deux sources de savoir spirituel et intellectuel. La démarche spirituelle est également fondamentale pour minimiser les violences individuelles et de groupe et pour développer la solidarité. La monnaie pleine requiert un plus haut niveau de confiance par rapport à l’argent dette qui ne nécessite qu’une soumission à un système financier. Éliminer l’interdiction de la démarche spirituelle représente une mesure complémentaire et indispensable pour développer des organisations en réseaux de vie qui utilisent la monnaie pleine. Sur fileane.com, nous avons précisé ce qu’est le développement de la démarche spirituelle.
  • l’interdiction des organisations en réseaux de vie développées depuis l’an 500 et le Mont Cassin par les abbayes des moines bénédictins, la plus ancienne entreprise occidentale sinon mondiale (1514 ans d’existence en 2014), ceci pour développer après la destruction de l’ordre du Temple en 1307, l’absolutisme royal en France et en Europe (cela fait 707 ans que cela dure). Ce pouvoir absolu accordé aux dirigeants du système a pour conséquence logique la non reconnaissance à un être humain subalterne de ses capacités d’initiative, de créativité et de décision. L’individu est un agent qui doit se soumettre au fonctionnement du système et il est possible de conditionner sa soumission pour qu’il accepte d’accomplir des ordres contraires à sa conscience, voir sur ce point l’expérience de Milgram en 1960 à New-York, Université de Yale. Voir également comment Malinowski, à partir de l’étude des indigènes des îles Trobriands, en niant la source de savoir spirituelle utilisée par ces indigènes, en est arrivé à fonder la théorie du fonctionnalisme qui a évolué en théorie du structuralisme pour imposer l’idée que les dirigeants du système de pouvoir ne sont pas directement responsables de leurs actes car avant tout ils assurent le bon fonctionnement d’une structure qui dépasse les volontés individuelles. Tout ceci se trouve sur fileane.com.
  • dans le cadre de l’interdiction des réseaux de vie, l’élimination de la propriété commune garante d’une meilleure répartition des richesses et qui assure la protection sociale jusqu’à la fin de vie d’un être humain.
  • l’élimination des 3 niveaux de travail dans le système capitaliste pour généraliser la condition de salariés dont la caractéristique est d’être soumis au principe d’efficacité : dès qu’un poste de travail devient inutile, son titulaire n’a aucun droit pour rester dans le système de production. L’efficacité se traduit actuellement par compétitivité et précarité, développement des travailleurs pauvres, développement de la pauvreté dans les sociétés industrielles.

Il reste la question lancinante de savoir si les tyrans, les banquiers internationaux, les dirigeants des monarchies et des systèmes de pouvoir ont cette connaissance précise de ce droit qu’ils nous interdisent ou s’ils sont seulement guidés par la cupidité, le cynisme porté à la folie.

La déclaration de Lionel de Rothschild en 1865 dans son journal, le Times de Londres à propos de l’utilisation d’une Monnaie Pleine par Abraham Lincoln, Président des USA, démontre qu’au minimum lui possédait ces connaissances pour éliminer l’utilisation d’une Monnaie Pleine et la manière de développer une économie dans la prospérité.

L’autre question lancinante dans une société confrontée à l’appauvrissement général et à l’enrichissement phénoménal d’une infime minorité de dirigeants porte sur la possibilité ou non de voir la grande majorité des appauvris se révolter pour chasser les tyrans et la minorité des plus riches qui usurpent le pouvoir.

Pour le moment, la soumission à l’ordre établi fonctionne et la minorité s’enrichit de plus bel y compris dorénavant à l’occasion d’une crise sanitaire mondial provoqué par un virus dont on ne sait toujours pas exactement début 2024 d’où il sort.

La menace reste préoccupante pour l’utilisation d’une Monnaie Pleine et les leaders politiques qui prônent un changement vers plus d’humanité n’ont pas été capables de montrer comment vivre en société après avoir quitté ces systèmes de pouvoir.

Le site fileane.com peut représenter une opportunité réelle disponible gratuitement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 depuis 21 ans déjà, rien ne change sinon une censure de plus en plus forte par Google et Facebook, seul réseau social utilisé par l’auteur sans oublier les média hors réseaux sociaux.

Sur le plan économique et financier, l’éducation des citoyens s’est pourtant développée à travers une formation pratique sur le tas depuis la crise de 2006 et les subprimes dans l’immobilier aux USA puis la crise de 2008 et la faillite des banques à cause des titres financiers toxiques (CDS) qu’elles avaient utilisées pour spéculer sur les dettes. La gestion de cette crise par les dirigeants de la haute finance anglo-saxonne à Wall Street et à la City de Londres a été suivi au jour le jour par les citoyens qui voulaient bien chercher à apprendre pour comprendre comment fonctionne l’enrichissement énorme des plus riches et l’appauvrissement rapide des peuples.

En France, les politiciens se sont montrés volontairement ou non, particulièrement incultes sur cette gestion de la crise par la haute finance.

Ce premier ministre sait-il que ses banquiers veulent réduire les pouvoirs des états pour développer leur gouvernement mondial et que les dettes sont la fortune des banques, principalement les dettes publiques qui théoriquement ne craignent pas un risque de non remboursement ?

En août 2014, le gouvernement français est bien obligé de constater que la croissance espérée se traduit plutôt par une menace réelle de déflation qui rend encore plus difficile le remboursement de la dette publique.

Les citoyens qui suivent l’évolution de l’économie et de la crise financière savent que l’économie américaine a été préservée par les dirigeants de la FED qui sont aussi les propriétaires des firmes multinationales alors qu’en Europe, la Banque centrale européenne a refusé d’appliquer la même politique monétaire vis à vis des états et des entreprises européennes. Les dirigeants politiques français sont obligés de reprendre à leur compte ces arguments partagés par de plus en plus de citoyens dans tous les pays même s’ils ont acceptés dans le passé l’indépendance de la BCE et l’abandon de la politique monétaire au service des politiques publiques décidées par les états.

Le fossé n’a jamais été si profond entre les citoyens qui ont compris et qui veulent mettre fin à ce système financier et libéral et les dirigeants politiques qui n’osent pas mettre en œuvre ce changement radical et durable au niveau du régime politique alors que ceci figure dans leurs attributions.

Nous avons montré plus haut, dans l’analyse économique de l’environnement externe d’une Monnaie Pleine, ce qu’a été la dernière ” razzia ” à partie de 2012, menée par la haute finance anglo-saxonne, spécialement en France par le rachat de plusieurs grandes entreprises autrefois nationalisées et dont l’activité est stratégique au niveau de la défense nationale et de la filière nucléaire.

Suite à cette crise de 2008, le premier point qui a été compris et diffusé dans les média et sur les réseaux sociaux, montre l’hyper concentration des richesses aux mains de quelques uns.

Les études se multiplient depuis la crise financière de 2007 pour connaître cette concentration du patrimoine aux mains des plus riches.

document :

Les “1% des plus riches”… encore plus riches que ce que la Fed et la BCE croyaient ?

lien pour accéder à cet article de la Tribune du 08/08/2014, 8:00

La fortune des personnes les plus riches de la planète serait largement sous-évaluée selon le rapport d’un économiste belge travaillant pour la BCE, publié en juillet.

Les “1%” les plus riches de la planète sont plus riches que ce que la plupart des études affirment. En grande partie parce qu’ils auraient tendance à taire une portion de leur fortune. C’est ce que Philip Vermeulen, économiste belge qui travaille pour la Banque centrale européenne, tente de démontrer dans un rapport publié en juillet mais passé relativement inaperçu.

Des riches… “moins fiables”

Ayant observé que la “fiabilité” des réponses des “ménages les plus riches” était généralement moins élevée que celles des moins fortunés, il a pris en compte ce biais pour établir une nouvelle méthode de calcul. Il l’a ensuite appliquée aux données du Rapport sur les finances des ménages américains de la Réserve fédérale, celles du Rapport sur les finances et la consommation de la BCE et celles du classement Forbes sur les milliardaires.

Écart important en Allemagne

Résultat: l’écart entre la fortune “officielle” et celle ainsi recalculée atteint 13 points de pourcentage en Autriche, 9 en Allemagne, 3 aux États-Unis. Autrement dit, outre-Rhin, la fraction de la population rassemblant 1% des ménages les plus riches ne concentrerait pas 24% de la fortune privée totale du pays, mais 33%!

En France, l’écart semble relativement faible – de 1 point: 19% de la richesse serait donc concentrée entre les mains de 1% de la population.

“Paradis fiscaux”

Un autre économiste, Gabriel Zucman, professeur à la London School of Economics – qui a collaboré avec le français Thomas Piketty, l’auteur du désormais célèbre Capital au XXIe siècle sur les inégalités de revenu – a étudié une portion encore plus congrue de ces fortunes.

Il estime quant à lui que les 0,1% les plus riches américains possédaient en 2012 quelque 23,5% des richesses. Une précédente estimation tablait plutôt sur 21,5%, et l’écart entre les deux serait dû aux sommes “cachées dans des paradis fiscaux”, note l’agence Bloomberg.

fin du document

Des chiffres de 2021 sont disponibles auprès de Oxfamfrance.org

En France, la première publication qui provoqua des réactions animées date de 1991 lorsque le CERC a montré qu’entre 1981 et 1991, soit après 10 ans de socialisme, la part des 10% les plus riches est passée de 45 à 55% de la valeur du patrimoine. Puis d’autres informations vinrent préciser le degré de concentration du patrimoine : 5% des plus riches possèdent 45% du patrimoine et en 2014, ces études indiquent que 1% de la population possède 19% du patrimoine.

Le Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz prévoit, dans une interview à La Tribune, un affaiblissement de la croissance aux États-Unis, conséquence de la montée des inégalités qui bride la consommation de la plupart des ménages :

Les conséquences seront dévastatrices. C’en en est fini du rêve américain, de l’idée que les enfants vivront mieux que leurs parents, que c’est un pays de justice, aux nombreuses opportunités. Les étudiants sont étouffés par les dettes qu’ils ont contractées pour payer leur scolarité. Et tous les jeunes ont de plus en plus de mal à s’installer. J’en veux pour preuve la faiblesse du secteur du bâtiment: les mises en chantiers sont beaucoup plus faibles que prévu, faute d’achats de la part des jeunes ménages.  Plus généralement, la classe moyenne va souffrir de plus en plus “.

2) les inégalités de patrimoine.

Ces inégalités de patrimoine ont également un caractère inquiétant : le capital hérité depuis des années sinon des siècles, la rente financière, ont un rythme de croissance supérieur à l’évolution des revenus. L’argent gagne plus d’intérêts que le travail ne rapporte de revenus.

Le pouvoir des rentiers ne cesse d’augmenter alors que les salariés deviennent de plus en plus les perdants dans le fonctionnement du système capitaliste libéral.

Donc, pour les salariés il n’y a pas d’espoir dans ce système de pouvoir financier libéral. Seul, l’abandon de ce système de pouvoir pour développer à nouveau des organisations en réseaux de vie assure une réponse efficiente à notre désir d’avenir.

Cette situation actuelle sur les inégalités de patrimoine est décrite notamment par Piketty et Marie-Anne Kraft : ” ce constat que l’excès de rémunération du capital sur la croissance du PIB ne pouvait être tenable ni durable. J’avais d’ailleurs failli intituler mon livre “l’humain d’abord “. L’appel pour revenir aux valeurs de la culture humaniste est très clair et net.

document: extrait de l’article de Marie-Anne Kraft à propos du livre de Piketty, le Capital au XXIème siècle.

” Un rendement du capital de 4 ou 5 % par an, qui peut aller jusqu’à 8 % pour les plus hauts patrimoines, avec une économie qui, à long terme, croît d’environ 1 % par an, pose un vrai problème. Après trente ou quarante ans, on se retrouverait en effet avec des patrimoines qui augmentent indéfiniment, une divergence majeure entre les plus gros patrimoines et le reste de l’économie, qui n’est tout simplement pas soutenable d’un point de vue économique, politique ou même logique. ” 

Dans mon livre, je faisais exactement le même constat, de cette incohérence sur le long terme entre le niveau nettement plus élevé de l’évolution de la capitalisation boursière (rendement du capital) et le niveau de croissance du PIB, au niveau mondial, avec un rapport de 3 hors inflation sur la période 1990-2007.

Je faisais aussi remarquer que cet écart n’était pas durable économiquement et qu’il était le symptôme d’une rentabilité financière irréelle, basée sur l’illusion, au lieu d’être le reflet de la croissance de l’économie, démontrant que nous sommes dans une bulle générale qui devrait éclater un jour. Je l’expliquais notamment par le fait que la rémunération financière ne correspond plus à une anticipation réaliste de croissance de revenus qui devrait correspondre à la croissance de richesses, à la valeur ajoutée crée.

Ceci car le cours de bourse raisonne en valeur actuelle nette des revenus futurs anticipés, il liquide par avance le futur, la gloutonnerie et sa cupidité exprimée en “marked-to-market” (fair value) correspond non seulement à des dividendes reçus proportionnellement au profit de l’année, mais aussi à la plus value potentielle représentée par une vente de l’actif, de l’entreprise, une réalisation par avance de tous ses bénéfices futurs. Tant que l’optimisme règne et que cette méthode d’évaluation gagne du terrain, la valeur du capital augmente, même si la réalité ne suit pas au même rythme, jusqu’au moment où cela ne peut plus durer et que l’on revient à la réalité économique.

fin du document

La manière dont le capital financier évolue par rapport aux investissements dans l’économie réelle est connue et nous retrouvons ici une fois de plus la dimension folle et inacceptable de cette prétention scandaleuse des maîtres du monde à vouloir s’enrichir rapidement sans limites au point de provoquer une nouvelle crise dans le fonctionnement de leurs système de pouvoir financier dont ils sauront à nouveau s’en sortir plus riches puisqu’ils possèdent une masse de capitaux capable de tels prodiges et crimes économiques. Rappelons simplement qu’en 1929, Rockefeller n’a pas perdu un seul dollar lors du krach boursier.

3) la violence des riches.

document :

Monique Pinçon-Charlot : « La violence des riches atteint les gens au plus profond de leur esprit et de leur corps »

PAR AGNÈS ROUSSEAUX 5 NOVEMBRE 2013 / Basta!

Qui sont les riches aujourd’hui ? Quel impact ont-ils sur la société française ?

Pour la sociologue Monique Pinçon-Charlot, les riches font subir au reste de la société une violence inouïe. Une violence banalisée grâce à un renversement du langage : les riches seraient des victimes, menacées par l’avidité du peuple. Elle dénonce un processus de déshumanisation, une logique de prédation, une caste qui casse le reste de la société. Et invite à organiser une « vigilance oligarchique » : montrer aux puissants que leur pouvoir n’est pas éternel. 

Malgré l’hétérogénéité de cette classe sociale, les « riches » forment, selon vous, un cercle très restreint

 On trouve partout les mêmes personnes dans une consanguinité tout à fait extraordinaire. Le CAC 40 est plus qu’un indice boursier, c’est un espace social. Seules 445 personnes font partie des conseils d’administration des entreprises du CAC 40. Et 98 d’entre eux détiennent au total 43 % des droits de vote [3] ! Dans le conseil d’administration de GDF Suez, dont l’État français possède 36 % du capital, il y a des représentants des salariés. Ceux-ci peuvent être présents dans divers comités ou commissions, sauf dans le comité des rémunérations. Cela leur est interdit. Qui décide des rémunérations de Gérard Mestrallet, le PDG ? Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, notamment. C’est l’entre-soi oligarchique.

Cela semble si éloigné qu’on peut avoir l’impression de riches vivant dans un monde parallèle, sans impact sur notre vie quotidienne. Vous parlez à propos des riches de « vrais casseurs ». Quel impact ont-ils sur nos vies ?

Avec la financiarisation de l’économie, les entreprises sont devenues des marchandises qui peuvent se vendre, s’acheter, avec des actionnaires qui exigent toujours plus de dividendes. Selon l’Insee, les entreprises industrielles (non financières) ont versé 196 milliards d’euros de dividendes en 2007 contre 40 milliards en 1993. Vous imaginez à quel niveau nous devons être sept ans plus tard ! Notre livre s’ouvre sur une région particulièrement fracassée des Ardennes, avec l’histoire d’une entreprise de métallurgie, qui était le numéro un mondial des pôles d’alternateur pour automobiles (les usines Thomé-Génot). Une petite entreprise familiale avec 400 salariés, à qui les banques ont arrêté de prêter de l’argent, du jour au lendemain, et demandé des remboursements, parce que cette PME refusait de s’ouvrir à des fonds d’investissement. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire. Un fonds de pension l’a récupéré pour un euro symbolique, et, en deux ans, a pillé tous les savoir-faire, tous les actifs immobiliers, puis fermé le site. 400 ouvriers se sont retrouvés au chômage. C’est un exemple parmi tant d’autres ! Si vous vous promenez dans les Ardennes aujourd’hui, c’est un décor de mort. Il n’y a que des friches industrielles, qui disent chaque jour aux ouvriers :

« Vous êtes hors-jeu, vous n’êtes plus rien. On ne va même pas prendre la peine de démolir vos usines, pour faire des parcs de loisirs pour vos enfants, ou pour planter des arbres, pour que vous ayez une fin de vie heureuse. Vous allez crever. »

 Comment s’exerce aujourd’hui ce que vous nommez « la violence des riches » ?

 C’est une violence inouïe. Qui brise des vies, qui atteint les gens au plus profond de leur corps, de leur estime, de leur fierté du travail.

Être premier dans les pôles d’alternateur pour automobiles, c’est faire un travail de précision, c’est participer à la construction des TGV, à l’une des fiertés françaises. Casser cela est une violence objective, qui n’est ni sournoise ni cachée, mais qui n’est pas relayée comme telle par les politiques, par les médias, par ces chiens de garde qui instillent le néolibéralisme dans les cerveaux des Français. Pour que ceux-ci acceptent que les intérêts spécifiques des oligarques, des dominants, des riches, deviennent l’intérêt général.

 Comment cette violence objective se transforme-t-elle en assujettissement ?

 C’est une forme d’esclavage dans la liberté. Chacun est persuadé qu’il est libre d’organiser son destin, d’acheter tel téléphone portable, d’emprunter à la banque pendant 30 ans pour s’acheter un petit appartement, de regarder n’importe quelle émission stupide à la télévision.

Nous essayons de montrer à quel système totalitaire cette violence aboutit. Un système totalitaire qui n’apparaît pas comme tel, qui se renouvelle chaque jour sous le masque de la démocratie et des droits de l’homme.

Il est extraordinaire que cette classe, notamment les spéculateurs, ait réussi à faire passer la crise financière de 2008 – une crise financière à l’état pur – pour une crise globale. Leur crise, est devenue la crise. Ce n’est pas une crise, mais une phase de la guerre des classes sans merci qui est menée actuellement par les riches. Et ils demandent au peuple français, par l’intermédiaire de la gauche libérale, de payer. Et quand on dit aux gens : « Ce n’est quand même pas à nous de payer ! », ils répondent : « Ah, mais c’est la crise »…

Vous parlez dans votre ouvrage d’une guerre des classes qui n’est pas sans visage. N’y a-t-il pas un enjeu justement à « donner des visages » à cette classe, comme vous le faites ?

 C’est une nécessité absolue. Il faut s’imposer d’acheter chaque année ce bijou sociologique qu’est le palmarès du magazine Challenges. Et s’efforcer d’incarner, de mettre des visages sur cette oligarchie…

C’est une curiosité nécessaire, les gens doivent être à l’affût de cette consanguinité, de cette opacité, de la délinquance financière. Nos lecteurs doivent se servir de notre travail pour organiser une « vigilance oligarchique » : montrer aux puissants que leur pouvoir n’est pas éternel, empêcher ce sentiment d’impunité qu’ils ont aujourd’hui, car ils savent que personne n’ira mettre son nez dans leurs opérations financières totalement opaques.

Nous avons aussi expérimenté des visites ethnographiques dans les quartiers riches, pour vaincre nos « timidités sociales ». Se promener dans les beaux quartiers, leurs cinémas, leurs magasins, leurs cafés, est un voyage dans un espace social. Il faut avoir de l’humilité pour accepter d’être remis à sa place, ne pas se sentir à l’aise, se sentir pauvre car vous ne pouvez pas vous payer une bière à six euros. Mais c’est une expérience émotionnelle, existentielle, qui permet des prises de conscience. Une forme de dévoilement de cette violence de classe.

fin du document

4) Le discrédit des élites vendues aux plus riches.

Les expériences des récentes crises financières et économiques, les révélations historiques sur la manière dont l’oligarchie financière anglo-saxonne a organisé ces crises et pires, les deux guerres mondiales puis les guerres jusqu’à aujourd’hui, démontrent que les démocraties représentatives sont vendues aux plus riches. Nous avons écrit ” Les vendus que veulent-ils encore nous vendre ? “.

Nous avons retenu également le document suivant disponible en téléchargement sur le web et dont l’auteur réagit à la crise du COVID-19 et à sa gestion par le gouvernement français. Nous présentons un extrait qui présente le plan des élites pour mettre en place des pouvoirs forts et tyranniques au service des intérêts des seuls plus riches. Ce document présente également une liste bibliographique qui pourra intéresser notre lecteur.

Document :

Source :

https://www.academia.edu/44467293/Covid_19_84_ou_La_v%C3%A9rit%C3%A9_politique_du_mensonge_sanitaire_le_fascisme_num%C3%A9rique

Extraits de ce texte (nous conservons le plan de ce document) :

2. La crise du capitalisme biocidaire

« C’est le commencement qui est le pire, puis le milieu, puis la fin ; à la fin, c’est la fin qui est le pire. » (Beckett 1953)

En amont de cette sclérose politique, médiatique et scientifique, on trouve l’influence des mondes bancaire et pharmaceutique, qui sont mus par deux perspectives :

  • d’une part, la maximisation de leur emprise sur la société (et donc de leur chiffre d’affaire) ;
  • d’autre part, la gestion de la crise globale systémique annoncée clairement dès 1968, et dont la chronologie a été esquissée en 1972 par Meadows et Kukla (l’épuisement des ressources, le dérèglement climatique, et la progression de la pollution finiront par avoir raison de la société de consommation et de la démocratie représentative).

2.1. De ce point de vue, l’utilisation de la stratégie du choc,

identifiée par Klein en 2007 — instrumentaliser une crise réelle ou ressentie, naturelle ou culturelle, afin de modifier profondément l’espace social, tandis que celui-ci est paralysé — s’impose comme une évidence si on veut anticiper le chaos. Que la crise soit réelle, ou simplement mise en scène, que son origine soit naturelle, ou le produit d’une machination, ne change finalement pas grand chose au traumatisme et à la possibilité de son usage.

2.2. Par contre, il faut comprendre, une fois pour toutes, que les élus ne représentent pas le peuple, mais les oligarques et leurs multinationales.

Le programme néolibéral est en effet très simple : dissoudre les États afin de privatiser toutes leurs fonctions. Tant qu’un gouvernement mondial (privatisé) n’est pas implémentable, on peut se contenter de transformer les États en coquilles vides. Ce programme ne constitue qu’une réappropriation du fascisme tel que Mussolini l’a défini, et mis en pratique, dès 1922-1925, à l’aide de la vision économique de Vilfredo Pareto : l’entreprise privée est, par définition, beaucoup plus efficace que l’État. Puis vinrent les politiques similaires des Nazis en 1934–1937, qui subirent une légère obsolescence de 1944 à 1972 (les « trente glorieuses »).

En fait, Hayek, le chantre du néolibéralisme, stipule très clairement, et ce dès 1944, la stratégie à adopter : seule une infiltration progressive des institutions civiles et politiques permettra la destruction de la menace communiste et de sa cinquième colonne. Vingt ans plus tard, le 30 septembre 1965, il arriva à ses fins avec le coup d’État de Suharto, qui coûta la vie à plus d’un million de communistes (certains parlent de 3 millions d’exécutions arbitraires), et permit une première mise en place du dispositif néolibéral. C’était en quelque sorte la répétition du renversement d’Allende par Pinochet, perpétré le 11 septembre 1973.

Le remplacement des gouvernements par des multinationales a été quantifié très tôt, e. a., par Stephen Hymer (1960) et David C. Korten (1995). Il est devenu évident avec la politique d’intégration européenne et, surtout, la multiplication des traités et autres partenariats transatlantiques de commerce et d’investissement (comme le « Transatlantic Trade and Investment Partnership »).

C’est du reste le fil rouge de la littérature « cyberpunk » dont le représentant le plus fameux est sans doute Ph. K. Dick (1955), qui a offert les scénarios de Blade Runner (1982), Total Recall (1990), Minority Report (2002), etc.

2.3. Tout se joue donc en 1968–1973 : le dévoilement des enjeux civilisationnels comme leur effacement,

c’est-à-dire, d’une part, la prise de conscience de la crise globale qui ne pourrait être conjurée qu’en renonçant au capitalisme industriel et financier ; et, d’autre part, la reprise en main de l’agenda politique par ce dernier avec des figures telles que Suharto et Pinochet, puis M. Thatcher (1979), R. Reagan (1981) et Helmut Kohl (1982). (Il faudrait également mentionner le travail de sape de Pompidou, élu à la présidence française en 1969, et le bref espoir instillé par Sicco Mansholt à la Commission européenne en 1972–1973.)

3. Le totalitarisme fasciste numérique

« Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement. » (Orwell 1949)

En amont de la corruption complète du corps politique et de ses appendices médiatiques et scientifiques, nous avons trouvé la crise du capitalisme financier et la volonté des oligarques de remodeler en profondeur la démocratie (représentative) de marché. En aval, nous découvrons, sans surprise, un nouveau totalitarisme fasciste, bien plus pernicieux que ses ancêtres du XXe siècle, car numérique.

3.1. « Totalitarisme »

désigne le système politique qui prétend gérer toutes les dimensions de la vie citoyenne, publiques comme privées. Rien ne doit lui échapper, en droit comme en fait. Le « fascisme » est un totalitarisme de droite, c’est-à-dire conçu par, et pour, les oligarques.

3.2. L’histoire du totalitarisme fasciste

est supposée connue ; elle se résume à la prise de pouvoir des oligarques industriels et financiers par l’intermédiaire d’un lampiste plus ou moins allumé (ce qui permet aux commanditaires de tirer leur épingle du jeu si l’affaire tourne mal).

À partir de 1921, la droite extrême progresse partout en Europe : en Italie (Mussolini accède au pouvoir en 1922), en France (avec la création en 1922 de la Synarchie, suivie plus tard par la Cagoule), en Allemagne (le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, en gestation depuis 1918, s’organise en 1920 ; Hitler écrit Mein Kampf en 1924 ; il est publié en 1925), Salazar assied sa dictature en 1932–1933, et Franco pilote la guerre civile déjà en 1934.

De 1967 à 1974, il y aura aussi la dictature des colonels en Grèce. (Voir, par exemple, Lacroix-Riz 2006)

3.3. Nous sommes dans une configuration totalitaire depuis déjà de longues années,

c’est-à-dire qu’un système, qu’une idéologie, prétend gérer tous les aspects de la vie : la technoscience constitue un tel système ; le capitalisme, renommé néolibéralisme, est un tel système ; la globalisation est un tel système ; l’État d’urgence permanent qui s’enracine dans la guerre contre la terreur datant de 2001 en est la dernière péripétie.

La vraie-fausse crise sanitaire de 2020 est le prétexte (au sens de N. Klein) utilisé pour dépouiller définitivement les peuples des acquis sociaux et politiques concédés après 1945. Elle touche donc différemment les pays selon qu’ils sont développés ou pas. Dans les pays riches, il s’agit de détruire les acquis sociaux et de mettre la population au pas ; dans les pays pauvres, c’est une logique néocoloniale qui est à l’œuvre. C’est ainsi, alors que l’épidémie saisonnière est finie, que des règlements (de plus en plus) absurdes prolongent la terreur sécuritaire.

3.4. Au nombre des outils pour comprendre les enjeux du totalitarisme numérique, on trouve les concepts de conformisme et d’atomisme,

qui s’imposent dès les débuts de la révolution industrielle et de la démocratie représentative, et sont esquissés chez Saint-Simon (1803) et Tocqueville (1835).

L’ère thermo-industrielle est celle du machinisme, c’est-à-dire de la standardisation des produits et de l’organisation scientifique du travail. Alors que l’outil dépend de la morphologie humaine, la machine demande à l’ouvrier de s’adapter à son mécanisme. Le pouvoir de la machine est ainsi le pouvoir du conformisme : en amont, l’ouvrier doit être calibré, dompté, géré comme une ressource ; et, en aval, le consommateur doit accepter l’uniformisation de ses habitudes de vie, de ses goûts alimentaires, de ses vêtements, de ses idées, de ses désirs, etc. Les rendements d’échelle sont à la mesure des espérances de quelques-uns, et du désespoir de tous les autres.

Le conformisme se manifeste donc par l’infantilisation et l’indifférenciation des personnes, la dépolitisation des citoyens, et la standardisation des consommateurs, qui constituent autant de précieuses muselières pour paralyser les corps et amnésier les esprits.

D’autre part, l’atomisme constitue le fondement du libéralisme (Mandeville 1714, avant Smith 1776) ; il équivaut à briser toutes les solidarités, et à entretenir la guerre de tous contre tous, parfois appelée compétitivité.

En scellant l’alliance entre capitalisme et technoscience, la révolution industrielle établit les deux principes fondamentaux du capitalisme mondialisé, l’atomisation des individus sous prétexte de les libérer, et leur conformisation afin de machiner le meilleur des mondes possibles. En d’autres termes, les conditions de possibilité de la culture, qui sont celles de la vie authentique, sont deux fois niées. D’une part, le conformisme se substitue à l’individuation (à ne pas confondre avec l’individualisme) ; d’autre part, l’atomisme remplace la solidarité. Or, sans solidarité, il est impossible de s’individuer, d’endosser son destin, de dépasser les contingences de sa naissance ; et, sans individuation, la solidarité reste lettre morte.

Cette double négation est toutefois rendue acceptable par une inversion spectaculaire (aussi au sens de Guy Debord) des pôles privé et public : on prend l’atomisme (c’est-à-dire l’absence de solidarité) pour de la liberté, et le conformisme (c’est-à-dire l’absence de projet personnel) pour de la solidarité (tout le monde désire la même chose). On obtient, en somme, la guerre des clones, de ceux qui montrent leurs derrières (calibrés) en public, et parlent de politique (néolibérale) en privé. Les conséquences sont radicales : infantilisation, déculturation, dépolitisation, dissociété, Terreur (1792, très précisément au moment où Sade écrit), c’est-à-dire la paralysie par l’angoisse.

3.5. Le passage au totalitarisme numérique peut se comprendre comme la transformation des sociétés disciplinaires (Foucault 1976) en sociétés du contrôle (Deleuze 1990).

L’ère thermo-industrielle est celle du machinisme et des institutions disciplinaires qui lui sont propres : famille, école, église, caserne, usine, hôpital, asile d’aliénés, prison, maison de repos. Tous (ou la plupart de) ces lieux d’enfermement physique (mais aussi mental) peuvent être avantageusement remplacés par un dispositif plus souple de contrôle mental (mais aussi physique) : le numérique. La technologie — et tout particulièrement les dispositifs associés à la 5G — permet maintenant une surveillance panoptique totale : traçage de tout le trafic internet (« big data ») et des déplacements physiques (géolocalisation), disparition des transactions en liquide, assignation à résidence (télétravail, cyber-enseignement, achats en ligne, téléconsultations) etc.

Le totalitarisme numérique pousse encore plus loin la synergie entre conformisme et atomisme en remplaçant tout ce qui restait d’humain — et donc de corporel, d’immédiat, de qualitatif et d’aléatoire — dans le machinisme par le virtuel, le médiat, le quantitatif et l’algorithmiquement nécessaire. Il n’y a pas plus conforme que celui qui dépend entièrement du numérique pour vivre ; il n’y a pas plus atomisé non plus. Du reste, la psychose hygiéniste institue un nouveau puritanisme qui exige une vie sans contact. Après avoir disposé de la chair du monde, le technocapitalisme entend exploiter sans complexes la chair humaine (Weber 2017 & 2018).

4. En conclusion, il faut bien comprendre que la crise de la Covid-19 n’est pas sanitaire mais politique, et qu’aucune des mesures liberticides n’est fondée scientifiquement.

Par contre, elle met en évidence la corruption complète du corps politique et de ses factotums médiatiques et scientifiques, et, plus particulièrement, leurs allégeances envers les puissances de l’argent et leur projet totalitaire. La crise constitue à la fois le symptôme de la faillite de la démocratie représentative, et le prodrome du retour d’une gouvernance uniquement respectueuse des droits du capital. Plus encore qu’Orwell (1949), c’est Terry Gilliam (1985) qui vient à l’esprit de celui qui chercherait à contraster le cauchemar politique avec l’absurdité fictionnelle.

Ces évidences se retrouvent très précisément dans l’intervention d’A. Penasse (qui a fait, après tout, preuve d’une grande retenue), lui qui demandait, 15 avril 2020, « quelle légitimité démocratique il y a à prendre certaines décisions quand la plupart des membres qui décident et réfléchissent font partie des multinationales et du monde de la finance ? »

Le capitalisme est kleptocrate et totalitaire par essence. L’évolution qui se dessine dans la gestion de la crise Covid-19 dévoile la corruption de tous les acteurs médiatisés et laisse entrevoir ceux qui, jusqu’ici, restaient dans l’ombre. Si la population reste confinée dans la terreur, rien ne viendra s’opposer au régime le plus barbare de tous les temps. Si elle se réveille, non seulement le règne de l’angoisse sera révoqué, mais il ne sera plus possible d’agir par la force non plus (les « gardiens de l’ordre » sont toujours issus du peuple, et leur servilité n’est jamais acquise une fois pour toutes). La dernière option des oligarques sera alors, comme d’habitude, le génocide. Toutes les guerres du XXe siècle étaient d’abord des guerres menées par l’aristocratie et la haute bourgeoisie contre le bas peuple. Mais l’irruption d’une vraie pandémie ne serait bien sûr pas à exclure…

Reste la question de savoir pourquoi les citoyens acceptent de se faire maltraiter par les « responsables politiques ».

Pourquoi acceptent-il de subir un pouvoir pervers ? La réponse se trouve dans l’analyse de la relation que le prédateur impose à sa proie. Précisons en deux mots les modalités qui ont été identifiées dans le cadre de l’inceste, de la logique concentrationnaire, ou de ce qui a été appelé tardivement (1973) le syndrome de Stockholm.

La proie refuse donc instinctivement d’ouvrir les yeux sur le mécanisme prédateur.

Il existe un lien vital entre le prédateur et sa proie : c’est le prédateur qui nourrit la proie, c’est lui qui lui offre un récit pour cadrer son malheur, c’est encore lui qui, parfois, fait un geste qui semble bienveillant. La proie refuse donc instinctivement d’ouvrir les yeux sur le mécanisme prédateur. Ferenczi (1932) l’a bien compris : l’enfant traumatisé, physiquement et psychiquement plus faible, se trouvant sans défense, n’a d’autre recours que de s’identifier à l’agresseur, de se soumettre à ses attentes ou à ses lubies, voire de les prévenir, et finalement y trouver même une certaine satisfaction. Aimer son bourreau, dont on dépend physiquement, symboliquement, et affectivement, devient une condition de survie, mais aussi un piège psychotique.

Dans le cas qui nous occupe : comme cette servitude volontaire offre les avantages que l’on peut se payer, et les espoirs que l’on veut bien conserver, la plupart des citoyens croient pouvoir continuer, après le « confinement », à confondre rêve et réalité. Il leur faudra plutôt choisir entre rêve et cauchemar.

À chacun sa conclusion, la mienne est empruntée à Gramsci : je suis pessimiste avec l’intelligence, mais optimiste par la volonté.

Pessimiste car, dans le cas qui nous occupe, on assiste simplement à une accélération de la tendance totalitaire d’une société technocratique dans le cadre d’une crise globale systémique identifiée dès 1968. Si on se demande dans quelle direction ce mouvement va se faire, il suffit de questionner le pilote : le bref interlude soviétique mis à part, la technique a toujours été pilotée par les capitalistes (la « grande bourgeoisie »). Historiquement, un totalitarisme capitaliste s’appelle fasciste ou, mieux, nazi. (Hitler n’était pas Mussolini.) Optimiste car, comme l’écrivait V. Hugo avant Che Guevara : « Rien n’est plus imminent que l’impossible » (1862).

Références

Beckett, Samuel, L’Innommable, Paris, Les Éditions de Minuit, 1953.

Delaunay, Janine ; Meadows, Donella H. ; Meadows, Dennis ; Randers, Jorgen ; Behrens, William W. III, Halte à la croissance ? Enquête sur le Club de Rome & Rapport sur les limites de la croissance. Préface de Robert Lattes, Paris, Librairie Arthème Fayard, Écologie, 1972.

Deleuze, Gilles, « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle », L’Autre journal, n°1, mai 1990.

Dick, Philip Kindred, Solar Lottery, New York, Ace Books, 1955

Ferenczi, Sándor, « Die Leidenschaften der Erwachsenen und deren Einfluss auf Character- und Sexualentwicklung der Kinder. Gehalten im September 1932 auf dem XII. Internationalen Psychoanalytischen Kongress, der vom 4. bis 7. September in Wiesbaden stattfand », Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse 19, 1933, pp. 5-15.

Foucault, Michel, Histoire de la sexualité. I, La Volonté de savoir ; II, L’Usage des plaisirs ; III, Le Souci de soi [1976], Paris, NRF Éditions Gallimard, 1984.

Harold F. Searles, « The Effort to Drive the Other Person Crazy—An Element in the Aetiology and Psychotherapy of Schizophrenia », British Journal of Medical Psychology, XXXII/1, 1959, pp. 1-18.

Hugo, Victor, Les Misérables, Paris, Albert Lacroix et Cie, 1862.

Hymer, Stephen, The International Operations of National Firms: A Study of Direct Foreign Investment. PhD Dissertation [1960], published posthumously. Cambridge, Mass., The MIT Press, 1976.

Korten, David C., When Corporations Rule the World [1995]. 20th anniversary edition, Oakland, Berrett-Koehler Publishers, Inc., 2015.

Lacroix-Riz, Annie, Le Choix de la défaite. Les élites françaises dans les années 1930, Paris, Éditions Armand Colin, 2006.

Machiavel, Nicolas, Le Prince. Traduction française [1532], Paris, Éditions Gallimard, 1980.

Mandeville, Bernard de, The Fable of the Bees or Private Vices, Public Benefits [1714], Oxford, At the Clarendon Press, 1924.

Orwell, George, Nineteen Eighty-Four [1949]. Introduction by Thomas Pynchon, London, Penguin Books, 2003.

Proust, Marcel, À la recherche du temps perdu. T. I. Du côté de chez Swann [1913]. Édition présentée et annotée par Antoine Compagnon, Paris, Gallimard, 1988.

Saint-Simon, Henri de Rouvroy, comte de, Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains [1803], Paris, Presses Universitaires de France, 2012

Smith, Adam, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776], Paris, Gallimard, Folio essais, 1976.

Tocqueville, Alexis de, De la démocratie en Amérique [1835], Paris, Robert Laffont, 1986.

Weber, Michel, Pouvoir, sexe et climat. Biopolitique et création littéraire chez G. R. R. Martin, Avion, Éditions du Cénacle de France, 2017.

Weber, Michel, Contre le totalitarisme transhumaniste : les enseignements philosophiques du sens commun, Limoges, FYP Éditions, 2018.

fin du document.

Après cette présentation non exhaustive de ce qui nous rend pauvre, inculte et détruit nos libertés dans le fonctionnement du système neo libéral actuel, nous arrivons aux exemples contraires et aux mouvements qui créent cette solidarité et ces liens sociaux dont l’utilisation d’une monnaie pleine et la gestion des biens communs sont le prolongement dans les Réseaux de Vie.

5) Le développement des liens sociaux et des mouvements de résistance au capitalisme libéral.

Dans notre partie introductive aux Réseaux de Vie politiques, économiques, sociaux, culturels, nous avons présenté le choix de civilisation entre le dogme capitaliste libéral “il n’y a pas de société, il n’y a que des marchés ” et les méthodes de gestion pour que les pays deviennent riches. Nous avons utilisé le livre d’Erik S REINERT, “Comment les pays riches sont devenus riches, pourquoi les pays pauvres restent pauvres.”

Reinert reprend les propos de Gunnar Myrdal (prix Nobel 1974) pour dénoncer l’imposture :

Les résistances au système de pouvoir libéral et financier sont diverses et ici, nous allons voir celles qui cherchent à développer des échanges non soumis à l’argent-dettes et au système de crédit et de prêt qui endette l’ensemble de la société au profit de quelques rentiers et banquiers de la haute finance.

5.1 Les villes, villages qui développent une économie solidaire.

En présentant le statut et le fonctionnement des villes libres dans les institutions politiques des Réseaux de Vie, nous avons montré

le cas de Marinaleda en Andalousie.

Le reportage de France 2 le mentionne expressément, Marinaleda n’a rien inventé, elle s’est simplement souvenue que dans le village voisin, c’était déjà comme cela au XIVème siècle et les habitants de ce village s’en souviennent aujourd’hui encore en utilisant les maisons, l’église, les bâtiments communaux construits à cette époque.

Toute l’Espagne était organisée ainsi, le temps des cathédrales n’avait pas été détruit en 1307 comme en France et de nombreux templiers s’étaient réfugiés en Espagne et surtout au Portugal avec une partie de la flotte templière. La commune de Marinaleda n’a pas oublié cet exemple médiéval et l’a utilisé à nouveau pour sortir de la misère, du chômage, du système de pouvoir libéral et échapper au pouvoir des grands propriétaires terriens appartenant à la monarchie espagnole.

Autre exemple qui dans le système de pouvoir économique libéral actuel, utilise la propriété collective gérée par une mairie pour lancer et financer des activités en économie participative qui représentent les débuts des biens communs.

Nous prenons l’exemple des villes ou villages en transition, particulièrement

A Ungersheim, près de Mulhouse en Alsace,

l’exemple d’Ungersheim en Alsace près de Mulhouse.

Les 21 initiatives pour le développement d’une économie locale et fraternelle reposent sur un cadre juridique légal constitué de deux piliers : le cadre associatif loi de 1901 avec ses bénévoles mais aussi le cadre de la régie communale. La commune et son maire, son conseil municipal sont habilités pour recevoir des subventions publiques, des recettes communales et pour acquérir des biens communaux, pour gérer des activités économiques au nom de la commune. Encore faut-il que le maire ait la volonté puis la compétence pour mener à bien le développement de cette économie locale participative. 

A Ungersheim, près de Mulhouse en Alsace, l’origine de cette démarche exemplaire provient de la fermeture des mines de potasses. Le maire est un ancien mineur qui a eu des responsabilités syndicales et la culture sociale, la fraternité des mineurs et des cités, des villages de ce bassin potassique, ne sont pas de vains mots mais une réalité vivante et dynamique qui ne pouvait pas disparaître avec la fin des puits de mine. Les terrains sont mis en friche par la société propriétaire des mines et la mairie d’ Ungersheim achète à prix modeste une centaine d’hectares pour transformer ces friches industrielles en jardins maraîchers et en centrale solaire, en éco village.

Le sol est en effet comme ailleurs dans la plaine d’Alsace du loess fertile. La nappe phréatique abondante assure l’approvisionnement en eau pour les cultures. Les particularités locales sont donc très favorables aussi bien au niveau des sols que des relations sociales étroites et anciennes liées à la culture des mineurs et de leurs familles.  La stratégie retenue est le développement d’une filière allant des semences jusqu’à la distribution de repas à partir des légumes cultivés sur les terrains communaux, la filière de la graine à l’assiette pour assurer une souveraineté alimentaire (en management : l’intégration amont et aval correspond au développement d’une filière de production et de distribution de biens et de services). Très vite les bénévoles de l’association du village dirigée par le maire, sont rejoints par des stagiaires en insertion professionnelle qui apprennent le métier de jardinier. Ils sont donc payés par des organismes publics. 

Les solutions optimales pour la production de légumes et de céréales ne sont pas à inventer. Elles existaient dans l’agriculture locale avant sa transformation en agriculture intensive au cours du XXème siècle.

Par exemple, pour le blé, la sélection des semences a permis d’utiliser la semence ” Alsace “, déjà solution optimale en 1900 : elle est haute et étouffe les mauvaises herbes ; elle n’a pas besoin d’engrais ou de composte et inutile de labourer la terre. Pour l’adapter à la particularité locale : la présence de la forêt et de ses troupeaux de sangliers, l’agriculteur croise cette semence optimale pour la rendre “barbue” et indigeste à la consommation des sangliers et animaux.

Nous sommes ici au niveau de l’alliance des contraires : l’adaptation aux particularités locales. Pas besoin de chasseurs de sangliers pour protéger les champs de blé à la lisière de la forêt (au départ, les sangliers sont “contraires” au développement des champs de céréales ou de maïs).

Le pain est sans gluten et a du goût. D’autres solutions optimales sont mises ou remises en pratique. Cet exemple d’économie locale participative permet de mieux comprendre l’impact de la subsidiarité et de l’alliance des contraires et le développement en même temps d’un haut niveau de relations sociales.

Les bénéfices obtenus par la vente des légumes et des repas pour les cantines scolaires du village et des villages environnants permettent de salarier et rémunérer environ 70 travailleurs agricoles auxquels s’ajoutent une trentaine de stagiaires en insertion professionnelle. La centrale solaire, la plus importante d’Alsace, permet d’alimenter 20 000 habitants hors chauffage et elle assure une indépendance énergétique. La monnaie locale destinée aux échanges locaux chez les artisans commerçants du village a un taux d’utilisation de 7% par rapport aux 2 200 habitants du village et ce taux d’utilisation est important comparé à l’utilisation des monnaies locales dans d’autres communes ou villes. 

Dans ce village il subsiste cependant une question politique, mais cette question politique est valable pour l’ensemble des citoyens Français.

Pour le moment, une cinquantaine de bénévoles et ouvriers communaux travaillent quotidiennement ensemble sur les chantiers menés par la mairie.  Tous les citoyens du village ne sont pas associés à cette démarche exemplaire et n’y tiennent d’ailleurs pas. Et ceci est compréhensible en l’état de notre droit français. Le problème est connu pour les lecteurs de fileane.com. Pour développer ces projets de vie, en dehors du cadre légal actuel : bénévolat, régie communale, qui fait que seule une minorité de passionnés agit alors que les autres regardent (en cessant de critiquer et de rigoler … du moins dans ce village et ceux aux alentours qui commencent à comprendre que c’est la solution du mieux vivre ensemble), il est nécessaire d’utiliser la propriété commune et les biens communs.

La propriété commune se gère sans élus ou représentants. C’est ce que j’ai fait remarquer au maire de cette commune dernièrement. Avec des élus, nous sommes en propriété collective gérée par des représentants des citoyens. Sauf que la propriété commune est interdite depuis 1790 et totalement étrangère, comme la subsidiarité, aux constitutions républicaines françaises depuis 1790. Conséquence : bon nombre d’habitants salariés ne peuvent contribuer au développement de cette démarche citoyenne qu’en achetant les légumes ou en utilisant les services proposés par la commune mais ils ne peuvent pas en plus de leurs emplois salariés, venir travailler comme salariés dans ce réseau en économie locale participative.

De même la complémentarité entre rendements croissants et décroissants n’est pas possible dans le contexte juridique actuel qui interdit la propriété commune. La culture locale pour se développer dans ce contexte politique et juridique défavorable doit donc utiliser la valeur de résilience pour rester positif malgré le risque grave d’une issue négative et pour développer une capacité à réagir aux crises et à être autonome. Nous sommes loin d’un abandon de nos systèmes de pouvoir pour restaurer nos réseaux citoyens de vie dans lesquels la résilience n’est pas utile et n’a pas sa place. 

La réussite du village en transition d’ Ungersheim est saluée par tous les connaisseurs mais les dirigeants du système économique libéral et les partis politiques qui soutiennent la doctrine libérale n’ont rien à craindre tant que les citoyens n’auront pas restauré la complémentarité entre les trois formes de propriété et restauré le pouvoir citoyen sur la création de la monnaie souveraine, bref, en ayant quitté nos systèmes de pouvoir, ce qui est très différent d’adopter une démarche de résilience. Pourtant cet exemple montre que uniquement dans le cadre du droit associatif de la loi de 1901 et du droit administratif des attributions de la commune, il est possible pour les 36 000 communes de France de commencer cette première étape vers les biens communs et une économie locale réellement participative. Et ce n’est pas rien… Donc, qu’est-ce qu’on attend ? 

Pour mieux découvrir cette réussite sensationnelle à Ungersheim, le film de Marie-Monique Robin “Qu’est-ce qu’on attend ?” est disponible. Il est possible de le louer pour 300€ la journée. Le budget pour projeter ce film dans une salle de 340 places était ce soir là de 1 000€ : 300 pour la location du film, 450 pour celle de la salle et 200€ pour les frais de déplacements de Monsieur le Maire et d’un de ses adjoints. 

Autre exemple en Italie,

Levigliani, le village qui partage tout

Les équipes de France Télévisions vous font découvrir mercredi 3 mars 2021, un petit village d’Italie qui vit de son trésor : une carrière de marbre rachetée dans les années 1950 par les habitants.

Retrouver toutes les infos sur la vidéo sur : https://www.francetvinfo.fr/monde/italie/italie-levigliani-le-village-qui-partage-tout_4318723.html

Niché dans les montagnes de Toscane (Italie), le village de Levigliani fait figure de résistant en Italie, et protège jalousement sa carrière de marbre. Elle permet au village de 350 habitants de vivre quasiment en autarcie depuis deux siècles et de conserver ses commerces et sa population, souvent disparus dans les communes voisines.

La coopérative finance une supérette Le trésor du village est perché à 1 300 mètres d’altitude : une carrière rachetée dans les années 1950 à une entreprise privée, par les habitants réunis en coopérative. La carrière emploie 30 salariés qui doivent tous résider dans le village pour le faire vivre. Les bénéfices générés par l’exploitation du marbre, sont obligatoirement réinvestis dans le village, notamment dans la supérette locale. Une supérette sous perfusion qui symbolise à elle seule la philosophie du village. La coopérative finance aussi le ramassage scolaire, des infrastructures, un restaurant et la rénovation de maisons.

autre adresse pour ce reportage :

https://www.dailymotion.com/video/x7zopeb?fbclid=IwAR2gLXLBUEYk0P6rLogdpzYrIwZM3TGMP6kho41LTE3XrdaYyq-yw7JgLio

5.2 les SEL (Services d’Échange Local) et le procès de Foix en novembre 1997.

ce document est la recopie d’articles du Monde et d’autres médias qui ont suivis le procès du SEL de l’Ariège en novembre 1997. 

Cette technique d’échanges contribue à la réalisation d’une propriété commune qui permet l’enrichissement individuel et surtout une prévention contre la misère et la solitude. Ce procès montre aussi que dans cette période de décadence et de montée des inégalités, dans ces années de recul de l’action politique au service du développement d’une démocratie citoyenne, un choix a été possible : des occasions ont eu lieu pour modifier pas à pas le fonctionnement de notre système de pouvoir économique libéral pour plus de solidarité.

Ce procès est une date parmi d’autres mais cette date a eu lieu ! L’administration de la justice, dans le cas présenté ici comme le plus souvent d’ailleurs, n’est qu’un rouage du système de pouvoir en place et préfère défendre des lois mêmes éculées plutôt que de reconnaître de nouveaux modes de vie adoptés selon des valeurs aussi universelles que la solidarité et la fraternité… et attendre qu’une loi légalise ces nouveaux modes de vie appartient à la plus belle des farces démocratiques tant qu’un rapport de force ne vient pas bouleverser le conservatisme des institutions.

Document : Le MONDE / Mardi 18 novembre 1997

Un premier procès pour travail clandestin  met en cause les services d’échange local.

Une adhérente de ces réseaux d’entraide avait fait réparer son toit par deux autres membres 

Nés en 1994, les services d’échange local (SEL) font l’objet d’un premier procès, mardi 18 novembre, à Foix. Adhérente de ces réseaux d’entraide où l’on échange des services, une habitante de l’Ariège avait fait réparer son toit par deux membres du SEL pyrénéen . Le procureur a estimé qu’il s’agissait de travail clandestin. Les 248 SEL français rassemblent de vingt-cinq mille à trente mille adhérents. 

SARAH TWO s’intéresse à l’écologie et à l’agriculture biologique. C’est pour ça, dit-elle, qu’elle s’est installée en France, en 1992, en achetant une vieille maison à Tapia, un hameau de l’arrière-pays ariégois. La demeure serait vivable, n’étaient les fuites dans le toit. Faute du moindre revenu, la Britannique ne pouvait pas faire appel à une entreprise pour passer enfin un hiver à l’abri. En revanche, elle était membre du système d’échange local (SEL) pyrénéen, un réseau d’entraide au sein du-quel elle proposait ses services (ménage, maraîchage, garde d’enfants, etc.) en échange de biens ou de coups de main. C’est donc vers le SEL qu’elle s’était tournée pour faire réparer son toit. 

En septembre 1996, Robert Evans et John Mac Cullogh, Britanniques eux aussi, étaient au faîte de la maison de Sarah Two lorsque sont arrivés les gendarmes, alertés par un appel téléphonique d’un voisin, Michel Vigne. Le substitut du procureur. un ancien inspecteur du travail, était immédiatement prévenu. Ce qui devait arriver arriva: pour la première fois, des adhérents d’un système d’échange local étaient poursuivis pour travail illégal. Le procureur de la République de Foix (Ariège) a poursuivi Mme Two pour emploi de travailleurs clandestins et ses deux compatriotes pour travail dissimulé. Le procès devait avoir lieu, mardi 18 novembre, au palais de justice de Foix. 

A la barre, trois personnes, mais aussi, implicitement, les 248 SEL (soit de vingt-cinq mille à trente mille adhérents) qui ont fleuri en France au cours des trois dernières années, poussés par «une dynamique assez forte en France», selon Jean-Michel Servet. Une dynamique qui «répond à un désir d’innovation de la base», estime ce professeur d’économie à l’université Lyon-II, coauteur d’un rapport sur les SEL que !e Groupe de recherches et d’analyses des institutions vient de remettre à la Caisse des dépôts et consignations. 

LETTRES DE SOUTIEN 

Pour Smaïn Laacher, sociologue à l’École des hautes études en sciences sociales, l’affaire est entendue. «Les juges vont y réfléchir è deux fois avant de condamner, puisque l’affaire s’insère dans un dispositif, le SEL, qui est entre autres un dispositif d’insertion. ». En témoignent les dizaines de lettres de soutien reçues par le SEL pyrénéen. «  J’ai enfin retrouvé une dignité qui me permet de dire que je ne suis plus assistée », écrit par exemple Maryline B., membre du SEL du Maine, qui vit avec 3500 francs par mois. 

Au sein du SEL pyrénéen, 70% des adhérents disposent de moins de 5 000 francs par mois. Les systèmes d’échange local rassemblent une forte proportion de personnes en situation précaire : de 40% à,60%, selon le rapport des économistes de Lyon, qui montre que le développement de ces réseaux participe à la lutte contre l’exclusion. «Ça permet aux gens de se rencontrer, de sortir de leur solitude », explique Marie-Bénédicte Lemaire, fondatrice du SEL de Lutterbach (Haut-Rhin), qui vient d’être primé par la Fondation de la Caisse d’épargne. 

C’est plutôt d’un bon oeil que le ministère de l’emploi et de la solidarité assiste au développement des SEL. Mais tout en faisant part d’« un intérêt certain pour ces démarches qui permettent de créer des liens de solidarité», les pouvoirs publics «doivent rester attentifs à ce qu’on n’aboutisse pas à des dérives », dit-on au ministère. Plus précisément:«  il ne faudrait pas que des personnes insérées professionnellement trouvent dans les SEL un moyen de développer leurs activités habituelles. » 

30 000 FRANCS HORS TAXE 

Robert Evans, allocataire du RMI, n’avait jamais refait de toiture avant de restaurer celle de Sarah Two, et n’en a jamais refait depuis. Son compagnon de labeur, instituteur en Grande-Bretagne, propriétaire d’une ruine dans l’Ariège, n’est pas plus professionnel que lui. Reste qu’ils ont effectué des travaux, alors que les artisans locaux, eux, n’ont pas de travail. 

A la demande du procureur, la Chambre syndicale des artisans et des petites entreprises du bâtiment de l’Ariège (Capeb) a évalué leur labeur: 30 000 francs hors taxe. Le volume de travail dépasse le simple coup de main échangé normalement au sein des SEL, estime la direction départementale du travail. « La somme est inouïe » s’insurge l’avocat des trois Britanniques, Jean-Claude Garson. En tout cas, jamais Mme Two n’aurait pu la débourser. 

Le fonctionnement de l’association 

• Un réseau multilatéral. Alors que le troc repose sur un échange bilatéral, le SEL fonctionne de manière multilatérale. Moyennant une cotisation annuelle modique, l’adhérent figure sur la liste des membres qui proposent leurs biens ou services. Les échanges, de gré à gré, sont rémunérés en unités de compte. Grains de sel, truffes, fleurs… chaque structure a son unité. 

• Non-convertibilité. L’association se charge de la comptabilité interne. Elle édite chaque mois un relevé de la situation de chacun. Les débits sont évidemment aussi importants que les crédits. En aucun cas les comptes ne peuvent être convertis en francs. 

• Confiance. Le système fonctionne sur le volontariat et la confiance. Pour Être viable, il doit être limité, en nombre d’adhérents et géographiquement. Ruraux à l’origine, les SEL se répandent aujourd’hui dans les milieux urbains. La liste est disponible sur Internet (http:// altern.com/sel/). 

• Colloque. Les systèmes d’échange local feront l’objet d’un colloque au Centre Thomas-More, à L’Arbresle, près de Lyon, les 29 et 30 novembre, en présence notamment d’économistes et du sociologue Smaïn Laarcher. Renseignements, tél. : 04-74-26-79-71; télécopie : 04-74-26-79-99. 

Marie-Pierre Subtil 

Document : LE MONDE /JEUDI 20 NOVEMBRE 1997 

Une peine d’intérêt général est requise à Foix dans le premier procès d’un service d’échange local.

L’accusation estime que ces réseaux sont « incompatibles » avec la législation sur le travail clandestin. 

Des travaux d’intérêt général ont été requis pour travail clandestin, mardi 18 novembre, devant le tribunal correctionnel de Foix (Ariège), contre trois adhérents du système d’échange local (SEL) pyrénéen qui avaient troqué la réparation d’un toit contre des « grains de sel », l’unité d’échange en vigueur au sein de ces réseaux d’entraide, créés en 1994. La défense a plaidé que « tout n’est pas argent » 

FOIX (Ariège) de notre envoyée spéciale 

Deux mondes antinomiques se sont confrontés , mardi 18 novembre, au palais de justice de Foix. D’un côté, des « néo-ruraux » qui s’entraident en faisant fi de l’argent, des cotisations sociales, du fisc. De l’autre, un procureur de la République et des avocats de parties civiles réfractaires à l’idée que l’on puisse échanger des biens ou des services sans se référer au franc, à l’Urssaf et à la chambre des métiers. 

Dans la salle, comble, des adhérents du système d’échange local (SEL) pyrénéen, l’association qui a«importé» du Canada et de Grande-Bretagne ces réseaux de troc multilatéraux (Le Monde du18 novembre). 

A la barre, trois d’entre eux: Sarah Two, fluette et discrète Britannique âgée de cinquante-deux ans, sans revenus fixes, poursuivie pour avoir fait réparer sa toiture par des travailleurs clandestins; Robert Evans, crâne et barbe dégarnis, un Franco-Britannique psychologue de formation, allocataire du RMI poursuivi pour travail clandestin, de même que John Mac Cullogh Britannique, instituteur intérimaire en Grande-Bretagne et résident occasionnel dans l’Ariège. En septembre 1996, les deux hommes avaient colmaté les fuites du toit de leur compatriote, en se faisant rémunérer en « grains de sel », l’unité d’échange du SEL pyrénéen. 

Le président du tribunal correctionnel, Jean-Louis Boué, a tenté de comprendre la nature des échanges qui s’effectuent au sein du SEL. « Vous avez bénéficié de prestations. Qu’est-ce-que vous deviez faire en contrepartie? », a-t-il demandé à Sarah Two. « J’ai fait du toufu pour M. Evans. -Pardon, du…?», reprend le président, qui ignore apparemment tout de la gastronomie macrobiotique et n’a pas saisi que les échanges au sein de l’association ne sont pas bilatéraux. 

Les trois prévenus ont bien du mal à expliquer que le « grain de se » est «  une valeur symbolique », non convertible à leurs yeux en argent. «  le grain de sel représente 1 franc », affirme le président.   «Non, ça ne marche pas tout à fait comme ça », assure Sarah Two, bien en peine, par la suite, de faire comprendre à l’assesseur – qui lui demande si elle a comblé son déficit, un an après les travaux – que les comptes débiteurs sont les bienvenus au sein du SEL, et qu’ils sont même sa condition d’existence. 

La Fédération du bâtiment et des, travaux publics s’était portée partie civile, ainsi que la Chambre syndicale des artisans et des petites entreprises du bâtiment de l’Ariège (Capeb). «Ce type d’agissements perturbe les circuits économiques traditionnels. Cela institutionnalise une économie parallèle », s’est insurgée l’avocate de la fédération. « C’est une provocation formidable à tout notre système politique et social, a repris son confrère, Me Jacques Vialea, au nom de la Capeb. On vous dit qu’il y a oeuvre de réinsertion, mais demain, l’artisan que je représente, il va falloir aussi le réinsérer: est-ce que ce système ne consiste pas à déshabiller Pierre pour habiller Paul ?» Et de conclure: «C’est un système qui permet un enrichissement de chacun. II est très bien, le problème c’est qu’il n’est pas en phase avec le nôtre. » 

PROBLÈMES DE DÉVIATIONS 

Un plaidoyer proche du réquisitoire du procureur de la République, Pierre Nalbert, l’auteur des poursuites contre les trois prévenus, qui s’est violemment élevé contre le principe du SEL «Depuis deux ans, on tourne en rond, personne n’ose saisir le tribunal», a-t-il relaté, visiblement satisfait qu’enfin un citoyen ait prévenu la gendarmerie du «  travail clandestin » effectué par des adhérents. 

Selon le procureur, le code civil définit l’échange comme bilatéral. « A partir du moment où un tiers – l’association – intervient, c’est de la banque, c’est un système de gestion, qui pose des problèmes de déviations a-t-il estimé, avant des les énumérer: absence de paiement d’impôts et de cotisations sociales, absence de sécurité et concurrence à l’égard des professionnels. il a évoqué un «risque à l’égard de le collectivité nationale » en cas de développement d’un système « incompatible » avec la législation sur le travail dissimulé. Peines requises, «cette affaire [étant prise) avec un certain humour et un certain détachement »: un travail d’intérêt général (TIG, variant de quarante à deux cent quarante heures de travail à fournir à une collectivité). 

L’avocat de la défense, M` Jean-Claude Garson, a estimé, lui, qu’il n’y avait pas travail clandestin mais bénévolat, en regrettant avec humour l’absence de la Banque de France comme partie civile. Pour lui, « le grain de sel, c’est la valorisation du dévouement des membres de l’association», et « tout n’est pas argent ». Surtout, Me Garson a souligné le fait que la poursuite concerne trois personnes, alors que c’est le SEL, en tant qu’association, qui fait l’objet d’un procès.

« Si le sel est une monnaie, c’est la monnaie de la solidarité. Le sel sert a la conservation de la dignité humaine. Je ne savais pas que c’était un délit », a-t-il conclu, bruyamment applaudi. 

Jugement le 6 janvier 1998. 

Marie-Pierre Subtil 

Document :

Coup de sang du marché face à une pratique d’économie alternative : une condamnation, mais pas encore le régime sans SEL

Le 6 janvier 1998, le tribunal correctionnel de Foix a rendu son jugement : 2000 FF d’amende avec sursis.

L’affaire est une première : trois membres du SEL ( système d’échange local ) de DUN ( Ariège ) sont condamnés pour travail illégal. L’échange est-il une activité entrant dans le système économique ” officiel ” et officiellement réglementé ? Lorsque l’activité non salariée n’est pas un travail, mais quand même une valeur – estimée en “grains”- peut-on lui appliquer les règles d’un système économique et social dans lequel seul le travail est une valeur, marchande, qui plus est ? Le bénévolat est communément admis, et même encouragé : il est sans doute bien utile comme palliatif à des défaillances. Pourtant, le bénévolat est aussi un échange, il n’est jamais à sens unique. Seulement, voilà, dans les SEL, l’échange est formalisé, pour montrer à ceux qui reçoivent qu’ils donnent aussi, et pour que ceux qui donnent prennent conscience qu’ils reçoivent aussi. Le problème est sans doute qu’un tel système jette les bases d’une économie alternative, qui fonctionne. Il ne concerne pourtant qu’une frange tout à fait marginale de la population, et des échanges économiques. C’est sans doute déjà trop. Le tribunal n’a pas jugé sur le fond, ne s’est pas prononcé sur le système lui-même. Pour tout savoir sur le procès : ( lien supprimé ). Pour tout savoir sur le SEL, ses origines, son fonctionnement, les questions juridiques s’y rapportant, ainsi que sur les SEL en France : ( lien supprimé ) site web de l’association Sel’idaire ( association pour l’information et l’animation des SEL en France ) 

Dépêche de l’agence REUTERS, Mardi 6 Janvier 16h  

Première condamnation pour le “nouveau troc”par Nicolas Fichot 

FOIX (Ariège), 6 janvier, Reuters – Des membres d’un Système d’échange local (SEL), version moderne du troc, ont été condamnés pour la première fois mardi pour travail illégal. 

Le tribunal correctionnel de Foix, en Ariège, n’a cependant infligé aux trois prévenus qu’une amende de 2.000 FF qu’ils ne verseront que s’ils subissent une autre condamnation dans les cinq années à venir. 

Selon le ministère de l’Intérieur, 248 SEL ont été fondés ces dernières années dans les zones rurales défavorisées de France. Par un service d’échange de produits ou de services, ils permettent à leurs 30.000 adhérents de surmonter l’absence d’argent liquide. 

Le procès de Foix a eu lieu sur plainte d’un artisan-couvreur de Dun, petite commune des Pyrénées ariégeoises, qui s’estimait lésé par le SEL. Il n’avait notamment pas accepté qu’une Britannique, Sarah Two, fasse réparer la toiture de sa maison par deux autres membres du SEL de Dun, britanniques comme elle, Robert Evans et John Mac Cullogh.  

Saisi d’une plainte pour concurrence abusive, le procureur de l’Ariège avait décidé de poursuivre Sarah Two pour “emploi de travailleurs clandestins” et Robert Evans et John Mac Cullogh, qui sont psychologue et professeur de français de profession, pour “travail illégal”.  

A l’audience, le 6 janvier, le procureur avait fait citer un expert qui avait évalué les travaux de toiture à 30.000 FF, ce qui les faisait sortir du système des SEL en général limité à de petits échanges ou de menus services. 

Hypocrisie 

“Il s’agit d’une somme exorbitante que ma cliente n’aurait jamais pu honorer. C’est pour cela qu’elle était passée par le SEL sous peine de voir sa maison s’effondrer”, a plaidé l’avocat des trois accusés, Me Jean-Claude Garson. 

“Ce jugement est complètement incompréhensible”, a déclaré Sarah Two à l’annonce du jugement. Vêtue de draps tissés, la prévenue, qui se réclame du mouvement “néo-rural”, a dénoncé “l’hypocrisie de la justice française qui condamne des gens, en l’occurrence nous trois, au lieu de trancher sur le fond, à savoir si notre système est illégal ou non”. 

Ce jugement est complètement faux”, s’est indigné Robert Evans. “Je crois que le tribunal a eu peur ou alors il n’a rien compris. Ce qui fait que je suis très déçu par ces gens qui ont attaqué des personnes au lieu d’essayer de comprendre, donc de juger, un système. Et comme je n’ai rien compris à leur sentence complètement alambiquée, je vais continuer à adhérer à mon SEL. Donc à échanger des services sans jamais les monnayer directement”. 

John Mac Cullogh n’était pas présent à l’audience. 

En l’absence du défenseur des trois prévenus, une avocate ariégeoise, Françoise Matricon, adhérente du SEL de Dun, a annoncé que les membres de l’association se réuniraient mercredi soir “pour décider d’un éventuel appel”. 

Elle a jugé un appel “très probable dans la situation actuelle puisque, pour l’instant, à défaut de condamner notre système, ils ont condamné des adhérents et (…) la peur ne fait pas partie des valeurs de ces trois personnes”. 

REUTERS 

article de Libération du 07/01/98 

Le SEL, travail clandestin ou parallèle ? 

Trois membres d’un système d’échange local condamnés avec sursis 

Toulouse, de notre correspondant 

Sarah Two est coupable d’emploi de travailleurs clandestins pour avoir fait refaire gratuitement le toit de sa maison ariégoise par deux amis britanniques de la région. 

Les deux britanniques en question, Robert Evans et John MacCullogh, sont, eux, coupables de travail illégal pour s’être improvisés couvreurs en échange de quelques productions maraîchères. Le tribunal correctionnel de Foix (Ariège) a jugé hier que cette infraction à l’article L.324.10 du code coûterait à chacun 2000 francs d’amende avec sursis. Mais, même pressé par Robert Evans, le président Jean-Louis Boué est resté muet sur la question de fond : au bout du compte, les SEL, systèmes qui organisent l’échange local de travaux divers entre adhérents, sont-ils des bourses à produire du travail au noir ? 

Robert Evans ne saura pas s’il a encore le droit de participer à ce système cher aux marginaux économiques qui y trouvent, selon le cas, un peu de convivialité ou un peu de réinsertion sociale par la dignité. Son adhésion au SEL de l’Ariège n’est en tout cas remise en cause par aucun des attendus du jugement. Parodiant à l’envers la ministre Georgina Dufoix, il en a conclu à l’issue du procès qu’il était donc “coupable” mais surtout pas “responsable”. Derrière le sourire, c’est en fait l’insatisfaction qui domine. Les 247 SEL établis en France étaient pendus à ce jugement. Il resteront sur leur faim.

Les plaignants, artisans professionnels du bâtiment de la Capeb et Fédération du bâtiment, ne sont eux-mêmes guère plus avancés. Ils avaient dénoncé au procès la concurrence déloyale que leur feraient les adhérents du SEL ne payant ni charges ni impôts. Mais c’est le système lui-même, échappant au circuits réguliers de l’économie qu’ils visaient. Et non pas la maraîchère biologique, le psychologue RMiste et l’intermittent de l’enseignement qui se sont retrouvés au hasard appelés à la barre pour un toit mal bricolé. Les professionnels du bâtiment devront se contenter d’un petit franc symbolique au titre de dommages et intérêts, une peine qui ne devrait en aucun cas dissuader les autres associations de ce type de poursuivre leurs activités. 

Le procureur Nalbert avait déjà saupoudré ses réquisitoires de dérision en demandant que les trois prévenus soient condamnés à des peines d’intérêt général. Le jugement d’hier indique que le monde ordinaire, même armé de ses lois, n’est pas disposé à trop réglementer le monde parallèle qui s’organise à sa marge. 

L’avocat des trois britanniques ariégeois n’était pas présent à l’audience d’hier. Les condamnés allaient attendre la réunion du soir où le SEL déciderait si oui ou non appel serait fait de ce jugement. En attendant, le problème de Sarah Two n’est toujours pas résolu. Illégalement donc, parce que ne disposant pas des sommes nécessaires, évaluées selon les parties, à 69000F ou 30000F, elle avait engagé ces travaux de couverture. Mais ça n’a pas suffi : son toit est toujours plein de fuites. 

Gilbert Laval 

5.3) Les monnaies locales, opportunité ou menace pour l’utilisation d’une monnaie pleine.

En Suisse, les entrepreneurs utilisent leur monnaie WIR

Nous avons présenté la monnaie WIR utilisée par les entrepreneurs suisses regroupés en coopérative et nous avons distingué la différence entre une monnaie légale comme une monnaie pleine d’une part et d’autre part une monnaie locale ou une monnaie plus ou moins privée réservée aux adhérents d’une coopérative.

Peut-on parler d’une mode des monnaies locales ? La carte des 80 monnaies locales recensées en France a de quoi l’affirmer. Les bienfaits d’une monnaie locale sont connus et leur développement repose sur l’existence préalable ou non d’un fort tissu social dans une région.

Au pays basque, l’eusko est la monnaie locale la plus utilisée.

Il n’est donc pas surprenant que la monnaie locale qui a rencontré le plus de succès en France est l’eusko (pays basque). Au 31 juillet 2020, il y avait 1 544 235 eusko en circulation (+27% par rapport à 2019) : 503 000 en billets, et 1 467 000 sur les comptes eusko numériques. 56% des professionnels du réseau Eusko ont pris au moins un nouveau fournisseur local pour réutiliser leurs eusko. Et 84% n’ont jamais eu à reconvertir le moindre eusko en euros. Le statut juridique de cette monnaie est une association régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901.

Tout comme à Ungersheim près de Mulhouse où nous avons indiqué que ce village en transition repose sur les liens étroits qu’ont tissés les anciens mineurs de potasse au fond de leurs galeries, l’histoire économique et sociale du pays basque, particulièrement du côté espagnol, est riche des traditions et normes de vie héritées de la période médiévale et de l’enseignement des abbayes et monastères bénédictins et cisterciens.

Nous avons vu qu’en Andalousie, le village de Marinaleda a commencé par devenir propriétaire des terres jusque là, propriété d’un comte de l’aristocratique espagnole. Le développement agricole puis artisanale avec la fabrication de la ” meilleure huile d’olive du monde ” a suivi les méthodes héritées des monastères et abbayes du mouvement bénédictin puis cistercien.

Le développement industriel et commercial le plus remarquable du pays basque utilise également ce mouvement coopératif en démocratie locale participative avec Mondragon Corporation.

Mondragon Corporation est le premier groupe industriel du pays basque espagnol et le 10ème groupe espagnol. Il comprend 268 entreprises, dont 102 coopératives, réalise 11,4 milliards € de chiffre d’affaires et est présent sur 5 continents. Il est présent dans l’industrie (50% de son activité), la distribution, la finance et l’éducation. Sa spécificité réside dans sa mission et ses valeurs : « notre mission consiste à générer de la richesse dans la société au travers du développement d’entreprises et la création d’emplois ».

Il est difficile de ne pas voir dans la personnalité et les actions du curé qui en 1941 vient prendre ses fonctions au village de Mondragon, l’enseignement des moines bénédictins et les méthodes des moines soldats templiers pour développer l’économie d’une région, héritage de l’époque médiévale qui a survécu bien plus en Espagne et au Portugal qu’en France après le vendredi 13 octobre 1307.

Pour la plupart des monnaies locales qui ne disposent pas d’un tel fondement, de telles racines historiques et sociales, leurs finalités sont d’ordre écologique :

favoriser le commerce local, le circuit court de production-consommation, permet d’éviter les transports et les émissions de CO2. Une monnaie locale est légale, en conformité avec l’article L521-2 du Code monétaire et financier, si elle est confinée à un territoire restreint et qu’elle ne concerne qu’un éventail réduit de biens et services.

Comme nous l’avons indiqué à propos de la monnaie WIR utilisée par les entreprises suisses, les monnaies locales n’ont pas pour but de devenir une monnaie pleine, comme ce fut le cas à Wörgl au Tyrol au début des années 1930. Il ne s’agit pas de se limiter à un simple moyen d’échange entre acteurs locaux, une monnaie pleine crée du travail et des richesses surtout quand la monnaie légale est en crise ou lorsqu’il s’agit de ne pas utiliser de l’argent dettes pour endetter l’économie d’un pays.

La plupart des militants écologistes ont découvert les monnaies locales mais se limiter à la seule lutte contre les émissions de CO2 dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, n’est que soumission volontaire ou ” à l’insu de son plein gré ” au système libéral et financier.

Nous sommes ici alors dans le cadre de l’utilisation de l’écologie par la haute finance pour manipuler les peuples et masquer son pillage et sa destruction de la planète. Nous y reviendrons lorsque nous aborderons le domaine de l’écologie dans l’environnement externe d’une Monnaie Pleine.

5.4) les monnaies privées ou personnelles.

Les technologies informatiques et de télécommunications permettent de créer des systèmes d’échanges à partir d’une création monétaire individualisée et réservée à un réseau d’adhérents.

La technologie de base est la blockchain qui permet de conserver la trace d’une information tout au long de sa circulation sur Internet d’un ordinateur à l’autre.

Parmi ces informations traçables et vérifiables, il y a évidemment le paiement d’une transaction en monnaie numérique comme le Token. Mais la blockchain va plus loin et permet le développement des projets dans l’ensemble des secteurs de l’économie.

Nous avons présenté plusieurs projets qui utilisent la blockchain dans ce compte-rendu d’une réunion à Strasbourg en décembre 2017.

Nous reprenons brièvement quelques remarques de notre conclusion.

L’approche blockchain est une forme nouvelle et puissante grâce à Internet, de contestation, d’évitement du système de pouvoir capitaliste et libéral. Mais cette démarche n’abandonne pas radicalement la culture libérale. Elle utilise bon nombre de valeurs, de normes et de modes de vie de la société libérale : la propriété privée et pas les 2 autres propriétés, le marché, la concurrence..

Les utilisations des crypto-monnaies servent surtout à permettre à certains de s’enrichir ou de croire qu’ils pourront s’enrichir en spéculant tout comme sur les marchés financiers. La notion de capital-risque est au coeur des projets blockchain actuels mais cette utilisation du financement des projets n’est plus réservée aux banquiers, aux financiers, aux riches. N’importe quel citoyen peut participer au lancement d’un projet géré à partir d’une blockchain.

Ce progrès certes utile reste à notre avis insuffisant pour nous libérer de la domination des minorités qui dirigent le système de pouvoir économique et financier actuel.

Pour développer et gérer nos réseaux de vie nous retenons les outils, moyens technologiques suivants apportés par la blockchain :

  • la certification et la transmission des documents de manière à maîtriser notre communication.
  • la traçabilité de l’économie circulaire.
  • la gestion globale des projets comme celui qui a été présenté lors de cette réunion : SANTE AVENIR AFRIQUE.
  • l’intégration de la blockchain dans le pilotage de systèmes automatisés comme la gestion de l’énergie au niveau local.
  • l’utilisation des crypto monnaies dans la gestion des projets depuis le financement jusqu’à l’utilisation des biens et services réalisés, utilisation qui convient pour la gestion des droits sociaux dans le cadre de l’utilisation des biens communs.

Conclusion sur l’environnement sociologique

L’environnement économique, avec l’utilisation d’une Monnaie pleine sans dettes, représente bien une opportunité logique tant il y a des économies importantes à gagner. En principe, c’est facile à comprendre.

Par contre l’environnement sociologique reste une menace grave et funeste tant la soumission, la répression des peuples deviennent globales et totales à travers l’utilisation de technologies “invisibles” et insidieuses pour le contrôle total de l’être humain. Un des objectifs de ce contrôle total de l’esprit humain est justement d’oublier, de ne plus rien comprendre, d’ignorer qu’il y a des économies importantes, phénoménales à gagner dans l’environnement économique d’une Monnaie Pleine, sans dettes.

Si la guerre militaire, l’impôt par le sang que la jeunesse est obligée de verser pour les profits mirifiques des industriels et des financiers, n’est plus le seul procédé pour soumettre les citoyens, la dictature exercée par les firmes pharmaceutiques anglo-saxonne d’abord sur la médecine puis sur les peuples, est devenue le moyen ” à la mode”. Le résultat est bien pire puisque la réduction de la population ne s’obtient maintenant qu’à travers des génocides non plus d’un peuple ou d’une communauté ethnique particulière mais de n’importe qui et n’importe où, à commencer par les plus âgés et les plus faibles. La crise sanitaire du Covid 19 depuis 2020 n’est que la première phase officielle et visible de ce plan criminel qu’ils ne cachent plus tant ils sont devenus fous et orgueilleux, méprisants.

La soumission par la terreur provoquée à travers des pandémies venant de manipulation biologiques et génétiques par des véritables sorciers criminels, est la nouvelle menace la plus grave à combattre.

Sous cette terreur, toute influence sociale fondée sur la persuasion avec des argumentations logiques, est rejetée dans l’oubli et l’ignorance.

Face à cette destruction sociale, les initiatives pour s’en sortir tout de même sans savoir comment quitter ces systèmes de pouvoir et sans connaître l’alternative politique d’exercer nous même l’Autorité, le Pouvoir et le Commandement pour développer une nouvelle civilisation humaniste, fleurissent à grand renfort d’utilisation de nouvelles technologies financières comme les monnaies numériques privées.

Comment persuader une personne soumise à cette terreur qu’il suffit de se rassembler dans un projet commun et de le financer à partir de bons de travaux rédigés sur des bouts de papier qui vont circuler entre les travailleurs de ce projet commun jusqu’à la réalisation des objectifs et le partage des richesses créées grâce au travail de tous les membres de ce projet de vie ?

L’opportunité d’utiliser une monnaie sans dettes, pourtant, n’est pas éliminée par son interdiction imposée par les dirigeants néo libéraux et leur gouvernement mondial ploutocrate. Des minorités l’utilisent depuis des siècles et aujourd’hui encore. En France, elle a été utilisée entre 1945 et 1973 pour reconstruire et moderniser le pays. Comment accepter de répandre l’ignorance sur notre histoire, cette réalité, ce vécu ? Nous le savons, nous la minorité active qui refusons cette soumission et cette terreur quelles qu’en soient leurs formes.

La solution est connue pour les lecteurs de fileane.com : utiliser notre première source de savoir, la démarche personnelle initiatique spirituelle qui nous permet de vivre sans peur et sans reproche. Elle est interdite dans les systèmes de pouvoir et les théocraties justement pour que leurs dirigeants puissent semer la peur, la terreur et développer la soumission des peuples à leurs intérêts. C’est bien notre première source de savoir qui nous libère de ces despotes, tyrans et criminels contre l’humanité.

Alors une première issue de secours nous offre l’opportunité de voyager parmi les villages libres et les villages en transition vers le développement durable dans le respect de la biodiversité et la transition énergétique. Nous pouvons nous retrouver dans ces villages qui partagent tout. Ils existent, fidèles gardiens des vestiges des villes libres et des assemblées communes de la période médiévale, dernière période florissante en Europe avant que ces banquiers et financiers n’usurpent le Pouvoir, notre Pouvoir de créer la monnaie dont nous avons besoin dans nos activités humaines… sans eux !

Poursuivre la lecture