Épisode 04 Laurie et le tantrisme

Le rendez-vous à Pirmasens chez Laurie et Dan.

Laurie et Dan habitaient Pirmasens dans le Palatinat. Pour ne pas éveiller de soupçons auprès de Françoise, Pierre prétexta d’un entraînement en vélo un peu plus sérieux que d’habitude pour déjeuner vers 11 heures et partir de Strasbourg vers midi. Il laissa la voiture près de Drachenbronn. Les radars que l’on peut apercevoir de loin sont de bons repères dans le paysage. Il monta en vélo le col puis par Lembach et Bitche, il roula vers Pirmasens. La petite route qui se laisse guider dans un vallon par les méandres de la rivière se prête à l’emploi de gros braquets. Pierre préféra rouler en souplesse et garda tout du long son 52×17, avec parfois quelques portions en 52×15. La traversée de la forêt palatine est propice à la rêverie et Pierre essaya de rêver la future rencontre avec cette Laurie aux mystères bien pesés.

Pirmasens se situe sur le rebord d’un plateau. La ville est tournée vers l’ouest et le fossé naturel qui la sépare du pays de Bitche représente comme un reste d’une époque pas si lointaine où les deux places fortes se faisaient face. La route pour y accéder depuis Bitche monte droite, sans virages. Pierre choisit de se ménager et mit un braquet de 42×21. Il grimpa patiemment en retenant son souffle car il ne voulait apparaître essoufflé devant Laurie.

D’ailleurs comment allait-elle apprécier le fait qu’il soit venu en vélo ? Pierre se mit à réfléchir, le vélo sur ce point est un merveilleux instrument pour réfléchir et rêver. Un samedi à 14h30, l’on ne pouvait tout de même pas déjà venir en tenue de soirée ! C’est bien l’heure de la détente, du sport….Et puis Laurie ne lui avait pas dit de venir pour faire du lèche-vitrines… les choses sérieuses se passeraient dans une autre tenue où ayant quitté son maillot et son cuissard, il serait dans une tenue plus présentable !

Le cœur léger, il gagna la vieille ville et se dirigea vers l’église. Il prit la rue qui arrive au pied des escaliers qui montent au portail. Ces escaliers sont séparés par une cascade qui descend en leur milieu. Ils sont assez raides, juste coupés à mi-hauteur par une petite plate-forme. Ils forment avec la cascade et les fleurs disposées en terrasses un décor à l’antique, comme un théâtre romain.

Pirmasens centre ville escaliers et cascades
Blick auf den Schlossplatz von Pirmasens (Rheinland-Pfalz)

Laurie se tenait sur les marches, au milieu de la première partie des escaliers. Elle était en jean et portait un débardeur mauve. Elle ne reconnut pas Pierre et c’est seulement aux signes qu’il lui fit qu’elle en déduisit que c’était lui. C’était un samedi où les magasins ferment à 14 heures et à 14h30 les rues étaient quasiment désertes. Le risque de confusion était réduit d’autant.

La poursuite de la rencontre des âmes sœurs parmi l’éternel féminin.

– D’où sors-tu comme cela ?

– j’ai dit à Françoise que j’allais faire du vélo et tu pourras en témoigner, je n’ai pas menti !

Cette réponse ramena Laurie à de plus proches réalités.

– Dan est en manœuvre depuis mardi, il rentrera fin de semaine prochaine, juste à temps pour le week-end à Baden. Il s’entraîne à ravitailler une population sinistrée qui est à 300 km d’ici. Il veut bientôt se retirer de l’armée pour devenir pilote privé d’hélicoptère à Aspen dans le Colorado… ravitailler les chalets de montagne, faire de la dépose de skieurs sur les névés, il ne rêve plus que de cela… il commence à en avoir marre de jeter des paquets de nourriture à des populations que des chefs de guerre écrasent et massacrent comme chez nous au moyen-âge… alors que pour Dan, il serait si simple de capturer ces bandits ! Tu vois, c’est un peu pour cela que nous avons besoin de nous aimer avec d’autres couples… c’est une manière de compenser !

– tu m’as fait venir pour quoi ?

– pour l’amour et pour la poésie, j’ai cru t’entendre affirmer que ces deux là ne peuvent jamais être séparés !

Pierre avait réfléchi avant de se représenter devant elle, il avait pesé le pour et le contre sur l’activité psychologique de Laurie et il lui posa cette question :

– peux-tu me dire ce que fit Freud peu de temps avant sa mort ?

– que veux-tu dire ?

– eh bien quoi !…qu’a-t-il dit au sujet de son œuvre ? qu’a-t-il encore écrit ?

– ah ! je crois savoir où tu veux en venir !…non ! non !…je ne suis pas celle que tu crois !…Je sais très bien comme toi et tant d’autres, qu’à la veille de sa mort, Freud a renié une bonne partie de son oeuvre, en particulier tout ce qui se rattache à Thanatos et à une certaine perception du mal… la répression du mal ne peut pas être le ciment d’une société !… et l’inconscient n’est pas la poubelle de notre esprit ou de nos perceptions !

Ouf ! Pierre se décontracta… il s’était une fois disputé avec un jeune psychiatre qui parlait sans cesse de Freud et ne savait pas puis, n’avait pas voulu admettre que Freud avait renié une partie importante de son oeuvre. Même si quelques années plus tard, Pierre avait appris que ce psychiatre émargeait au registre des médecins chômeurs, ce souvenir lui faisait encore froid dans le dos tant la violence verbale qui avait sévi, avait été aiguë ! C’eut été dommage d’en arriver là avec Laurie ! Et il sourit pour récompenser la disciple méritante. Elle se leva et tous deux prirent le chemin du domicile de Laurie.

 – qu’est-ce que tu crois ? que je suis une idiote ?…parce que j’ai un beau cul ! … oui, je sais, un peu moins bien que celui de ta femme… parce que j’ai des seins plus lourds qu’elle, un sexe qui a su bien t’accueillir, je serais pour le reste une potiche et pas une shakti ? … qu’est-ce que tu crois ?

Et du tac au tac, apaisant, il lui répliqua:

– je crois en toi, fille du ciel et de la terre, du monde visible et invisible !…jamais en si peu de temps je n’ai échangé autant de choses avec quelqu’un. Te souviens-tu de ces mots de Frantz ? …si la réalité du rêve c’est le partage… je dis alors que la réalité du partage c’est le bonheur !

Laurie montra sa joie et espiègle, ne put faire que cette réponse taquine :

– Frantz et toi, vous allez finir pédés tant vous semblez vous entendre !

– ne sois pas jalouse ! … si tu veux un cours magistral sur le narcissisme, l’homosexualité ou le libre amour des artistes, je peux t’en causer une nuit durant et au matin, c’est bien entre tes cuisses que je serai… pas entre celles d’un autre homme !

– comment disais-tu déjà ? L’éternel féminin de qui tout provient ! 

Ils discutèrent un moment sur la façon dont chacun imaginait ce voyage vers l’éternel féminin de qui tout provient. Laurie au fur et à mesure du temps passé ensemble se voulait plus sérieuse, attentive à son objectif d’évaluer pertinemment la portée des propos du poète. Pierre sentait cette volonté de le sonder et de le juger. Il ne s’offusqua pas de la prétention de sa partenaire. Très peu de personnes avaient accepté de l’écouter jusqu’au bout de ses monologues et il s’était bel et bien résigné à devenir un loup solitaire. Il ne pouvait pas perdre cette Laurie à la présence si bienfaisante. Au bout d’une rue, il regarda autour de lui. Ils étaient seuls. Imperceptiblement en discutant, ils avaient traversé une partie de la ville et étaient arrivés devant le portail d’une caserne de l’armée américaine. En face, les commerces s’appelaient “stores” ou “shop”…on était aux States ! Pierre s’empressa d’achever son propos avant que la discussion n’aborde d’autres sujets.

Laurie Marleen

 Il était assis sur la barre horizontale de son vélo et les gestes qui au fur et à mesure de la discussion ou plutôt de son monologue, prenaient de l’ampleur, commençaient à le déséquilibrer surtout qu’avec les cale-chaussures, ses pieds n’avaient pas une stabilité parfaite sur le sol. Laurie profita d’un moment d’hésitation chez Pierre alors qu’il cherchait à retrouver le fil de son exposé pour placer ce que depuis quelques minutes elle voulait lui dire.

 – tu vois, c’est ici que Dan travaille !

 Pierre se sentit confus de devoir ainsi revenir à la réalité du moment présent. Alors il observa ce présent qui devait mesurer ses propos et rassurer Laurie. Il vit le portail d’une caserne, le poteau d’un réverbère et au pied… Laurie ! Il laissa courir encore un instant la lumière dans sa tête et il se mit à rire, heureux ! … il avait trouvé une chanson pour sa muse. Tout doucement mais gravement il lui chanta ces paroles de circonstances tout en lui expliquant par gestes le rapport de ces paroles avec la situation présente :

 -” Vor der Kaserne, vor dem grossen Tor, stand eine Laterne, und steht sie noch davor, so woll’n wir uns da wiedersehn, bei der Laterne woll’n wir stehn, wie einst Laurie Marleen, wie einst Laurie Marleen “

Après une pause et yeux dans les yeux, il reprit:

– wie einst?…wie einst ?

et stupéfaite, elle daigna chantonner:

– Laurie Marleen !

Il poursuivit:

– ” et dans la nuit sombre, nos corps enlacés, ne faisaient qu’une ombre, lorsque je t’embrassais, nous échangions ingénument, joue contre joue bien des serments, tous deux Lili Marleen, tous deux Laurie Marleen “

Après cette évocation au combien troublante du temps fort de leur première rencontre, elle le prit par la taille et enlacés, ils se dirigèrent chez Laurie. Après quelques pas, avec une petite voix de soprano toute légère et fluette, elle chantonna :

– ” aus dem stillen Raume, aus der Erde Grund, hebt mich wie im Traume, dein verliebter Mund, wenn sich die späten Nebel dreh’n, werd’ich bei der Laterne steh’n, mit dir ?…mit dir ?”

et lui, dans un même sourire, il lui répondit:

– Laurie Marleen !

Il posa son vélo et l’embrassa fougueusement puis en marchant il continua leur chanson :

– ” Cette tendre histoire de nos chers vingt ans, chante dans ma mémoire, malgré les jours les ans, il me semble entendre ton pas, et je te serre dans mes bras, Laurie Marleen, Lili Marleen !”

Ensemble et à tue-tête, ils chantonnèrent une bonne demi-douzaine de fois sur tous les tons ” Laurie Laurie Marleen “. 

Tous deux admettaient au fond d’eux-mêmes qu’une telle entente était exceptionnelle… jusqu’où pouvait-elle les mener ? Pourtant il n’était pas encore l’heure de poser ce genre de question. La première, Laurie rompit le charme de leur chanson :

– toi, tu es incorrigible ! … allez viens ! allons baiser, nous parlerons après !

La Shakti se prépare pour célébrer leurs amours

L’appartement vaste comportait des pièces bien trop nombreuses pour le seul besoin du couple sans enfant. Dans l’une de ces pièces, Laurie avait installé un autel où trônait la reproduction d’un bronze de Shiva dansant auréolé d’un cercle de flammes.

Elle alla dans la pénombre allumer une lampe à huile. Pierre découvrit une grande natte au pied de l’autel et un peu plus à côté, un vaste lit à même le sol. Sur un mur, il y avait plusieurs étagères. Laurie s’arrêta près de la lampe à huile pour rapidement jeter ses vêtements. Nue, elle vit le regard interrogateur de Pierre se poser sur une étagère. Elle lui montra les pots d’huile et d’onguents avec lesquels Dan et elle se massaient mutuellement : le nard pour la chevelure, le keora pour les joues et le cou, la champa et le hina pour les seins, le musc pour le ventre, le santal pour les cuisses, le khus pour les pieds, le jasmin pour les mains. Elle lui demanda d’approcher pour sentir les arômes. Dans un coin, plusieurs bassines en terre, en fer ou en cuivre interrogeaient également le profane.

– Pierre, enlève tes habits, pose les là-bas et maintenant observe-moi. Je vais me préparer pour l’amour, ensuite je te préparerai puis à ton tour tu me masseras.

Elle se plaça face à l’autel et elle commença ses exercices posturaux, la colonne vertébrale bien droite. Puis Pierre entendit les variations de son souffle. Elle bloquait sa respiration pendant de longues périodes et son corps se transformait, ses muscles se gonflaient, se relâchaient tantôt vers le bas tantôt vers le haut. La shakti murmurait quelque chose d’incompréhensible et Pierre commença à trouver le temps un peu long. Laurie s’allongea sur la natte pour se reposer un moment puis elle prit deux bassines dans lesquelles elle versa de l’eau et des produits différents. Elle but le liquide de la plus petite bassine puis elle fit rouler les muscles de son ventre et le rentra brusquement comme pour le coller à sa colonne vertébrale. Sous la violence de l’effort, elle vomit dans l’autre bassine.

– j’ai bu une grande quantité d’eau salée et fait un exercice pour faciliter le vomissement de manière à vider l’estomac des restes de nourriture qui s’y trouvent encore deux heures après le repas. La portion nutritive des aliments à ce stade de la digestion est déjà passée dans l’organisme. Rien ne sert alors de l’alourdir avec ces restes qui n’ont plus d’utilité. Maintenant que mon estomac est propre, je vais aussi nettoyer une autre partie de mon intérieur.

Laurie se leva pour prendre une grande bassine en fer semblable à une baignoire ancienne. Elle la remplit de plusieurs brocs d’eau. Elle demanda à Pierre de s’approcher pour mieux voir. Elle s’accroupit sur les orteils de manière à avoir son bas-ventre dans l’eau puis elle introduisit dans le rectum un petit tube de la grosseur du petit doigt. Elle laissa dépasser un bout de ce tuyau puis en contractant son sphincter, elle aspira de l’eau dans son ventre. Elle enleva le tube puis elle se mit debout, les pieds écartés, les épaules inclinées vers l’avant, les genoux un peu fléchis, les mains posées sur les cuisses et après avoir vidé les poumons à fond, elle tira fortement toute la région abdominale vers la colonne vertébrale. Elle isola et fit saillir ses grands droits puis les fit rouler dans un mouvement rapide de manière à faire circuler l’eau à l’intérieur des intestins. Elle s’accroupit à nouveau pour remettre le tube en place et expulser l’eau. Satisfaite, elle se sécha à l’aide d’une serviette et alla vider tour à tour les bassines dans la salle de bain.

La salutation du cœur

– viens, mettons nous assis sur cette grande natte …approche ! Je ne vais pas te faire de mal…plongeons nos regards l’un dans l’autre. Place les paumes de tes mains en coupe devant toi et pose les pouces contre ta poitrine. Nous allons faire la salutation du cœur, une salutation inspirée du namaste, la salutation rituelle orientale qui veut dire : « j’honore le dieu qui est en toi. »

Pierre préféra donner en premier la salutation.

– je crois en toi, fille du ciel et de la terre, du monde visible et invisible. Je salue celui qui anime ton âme et qui est identique à celui qui anime la mienne. C’est lui qui m’a appris à m’aimer dans ce corps charnel et cet esprit humain et qui a fait taire les regrets de ne plus être au pays de chez nous, dans notre éternité de vivant…Qu’il t’apprenne à t’aimer dans ton corps humain de femme pour qu’ensemble nos corps célèbrent cet amour et le réalise dans le partage de ce moment heureux dans nos vies d’enfants du ciel et de la terre, du monde visible et invisible. J’honore la force qu’il te donne pour te fondre en moi, Laurie, fille de Dieu, prête à faire vibrer toutes les émotions de ta chair pour que je te donne les mêmes émotions avec ma chair.

Laurie lui coupa la parole, tant il est vrai qu’un poète est bavard même dans ces moments là. Elle se courba en avant. Elle ouvrit la bouche pour former un O avec ses lèvres et elle émit le son Aum. Elle laissa le son arriver des profondeurs de son ventre jusqu’à ce qu’il émerge lentement en résonnant. A la fin de son expiration, elle ferma ses lèvres pour fredonner la partie M du son.

Le massage prépare leur désir d’union sexuelle

Elle demanda ensuite à Pierre de s’étendre sur la natte et elle entreprit de le masser avec des onguents. Elle le plaça entre ses cuisses, posa ses fesses sur les siennes et tout en lui massant le dos et la nuque, elle lui raconta comment Dan appréciait le fait qu’après un tel lavement, il puisse sans contre indication aucune, lui faire l’amour, la prendre par derrière et revenir dans son sexe ou sa bouche au gré de sa fantaisie à lui ou de ses désirs à elle. Aucune gêne ne devait limiter leur désir d’union sexuelle et cette préparation que les femmes hindoues et asiatiques faisaient depuis des millénaires n’était-elle pas toute indiquée pour favoriser de multiples étreintes ?

Elle interrogea Pierre pour lui demander de confirmer que souvent avec sa partenaire, ils étaient gênés par la tournure scatologique que pouvait prendre l’amour anal alors qu’ils ne recherchaient aucunement cet aspect scatologique mais une dimension plus large de leur union charnelle. Laurie raconta qu’elle avait bien envie d’apprendre ces techniques aux autres femmes du groupe et elle avoua son fantasme de se faire prendre par trois hommes à la fois qui, comme une roue, tourneraient longuement dans chacun de ses orifices, sa propreté intérieure garantissant le plaisir des amants.

Anticipant la question de Pierre, elle admit qu’au club d’Amadeus et Regina, elle s’était bien fait prendre par trois hommes à la fois mais il n’y avait pas eu de roue ; une fois un premier plaisir pris par chacun, l’étreinte avait été rompue. Amadeus n’avait pas eu l’idée de proposer ces ustensiles de lavement. Pour en rester à la roue, elle raconta également qu’elle avait été surprise de la proposition du jeu érotique faite par Werner. Comme quoi la connaissance des mérites du cercle de l’ivresse et du ravissement faisait bien partie du fond commun du savoir de tous les peuples.

Lorsque Pierre fut bien émoustillé par ces massages et ces propos, elle lui demanda de la masser et elle continua à lui parler de ce qu’ils pourraient faire comme expériences érotiques nouvelles dans leur club.

L’union amoureuse

Lorsqu’elle s’estima suffisamment excitée à son goût par les massages de Pierre, elle joua sensuellement avec lui puis elle le fit coucher sur le dos. Enfin elle vint sur lui pour diriger l’union amoureuse.

Elle lui faisait face lorsqu’elle le prenait dans son sexe, elle lui tournait le dos lorsqu’elle le prenait dans son anus, ses gestes étaient calculés pour garder la tension de son amant au stade le plus haut sans qu’il n’éjacule puis, se couchant sur le dos, elle le laissa faire. Le plaisir emmagasiné dans le corps de l’amant lui fut restitué dans des élans violents et sauvages qui la menèrent à de premiers orgasmes. Lorsqu’elle sentit que l’amant allait défaillir et ne pouvait plus se retenir, elle recula son bassin pour sortir le pénis de son sexe. D’une main elle serra la base du pénis et de l’autre fit un point de compression sur le périné. Elle attendit que son amant se décontracte pour relâcher ses points de pression et l’attirer à nouveau vers elle.

Elle se plaça debout les mains contre le mur, ses reins tendus. Elle lui fit face debout et une fois prise, elle lui enserra la taille de ses jambes et en se balançant sur ses bras, elle allait et venait sur le sexe de son amant. Yeux dans les yeux, sa légèreté à elle appelait leur union amoureuse à un autre envol loin de cette réalité-ci. Elle refit plusieurs fois des points de compression pour empêcher son amant de se répandre en elle puis elle décida d’arrêter de faire l’amour. En souriant, elle s’amusa de la remarque de son amant qui regrettait, malgré le plaisir intense pris, de ne pas avoir éjaculé. Laurie mi amusée mi sérieuse lui déclara que pour parvenir au samadhi, le yogin devait posséder l’art de l’arrêt et que la shakti devait l’y aider. Pierre en eu le souffle coupé !

Le navire de gré rouge pour un voyage au long cours.

L’après-midi était déjà bien engagé lorsqu’ils se décidèrent à se lever du lit.

Pierre prit conscience qu’il s’était immiscé dans la vie quotidienne de Laurie et Dan et cela le gêna. Pourquoi avaient-ils décoré cette pièce comme ceci ? Cette question lui parut inconvenante. Dans ce décor où tout avait une histoire, une histoire qui ne concernait que Laurie et Dan, il ne se sentait pas de taille pour introduire en si peu de temps une nouvelle histoire, celle de Laurie et Pierre.

Il proposa à Laurie de sortir et d’aller discuter dans un endroit plus propice. Elle suggéra qu’un grand rocher de grès rouge surplombant le paysage siérait mieux à leur échange. Elle décida d’aller sur un des rochers du château d’Alte Dahn à une quinzaine de kilomètres de Pirmasens. Le château date du treizième siècle et bien qu’abandonné, fut détruit par les troupes de Louis XIV. Seuls quelques pans de murailles subsistent par-ci par-là parmi les trois ensembles de rochers de grès.

Après avoir longtemps longé la clôture électrifiée d’un dépôt de munitions de l’armée américaine, la route les amena à Dahn et ils montèrent au château. Ils s’installèrent sur le rocher le plus au nord-est. La vue plonge sur quelques clairières où des paysans entretiennent des champs et des prairies. Tout autour jusqu’à l’horizon, la forêt des Vosges du Nord mariée à celle du Palatinat forme comme une mer houleuse creusée de multiples vallons sur les bords desquels les coupes faites par les hommes apparaissent comme des tâches plus claires semblables à l’écume.

Dahn château en ruines
Groupe de châteaux Alt-Dahn – Grafendahn – Tanstein

Sur ce navire de grès rouge que pousse et chahute le vent d’ouest, vous êtes le pilote en partance pour un voyage au long cours.

Pierre la serra contre lui. Ils laissèrent se perdre leurs regards parmi les vallons, les lignes moutonnées qui rendent moins sinistre cette immense forêt de sombres sapins. Laurie parla la première. 

– tu es toujours boudeur ? Tout cela parce que tu n’as pas éjaculé, que je t’en ai empêché avec une technique bien connue ! Tu aurais voulu éjaculer dans mon sexe, mon cul, ma bouche, sur mes seins ?

– non Laurie, je m’interroge sur des choses plus importantes. Tu as peut-être raison de t’accrocher autant à ces rites et ces techniques tantriques. En tous cas je te reconnais un mérite, celui d’avoir utiliser ce langage, ce vocabulaire pour parler d’une manière aussi détaillée et précise de ces moments d’amour charnel si intenses qu’ils permettent de considérer l’amour sexuel comme une voie initiatique.

Notre civilisation judéo-chrétienne a largement expurgé de son langage de telles descriptions et de tels rites pour ne plus permettre l’initiation personnelle. Je suis d’accord avec toi pour admettre que nos corps peuvent se livrer à des moments d’union charnelle si profonds qu’ils réveillent des énergies primaires capables de les emmener vers l’extase, la transcendance et l’illumination.

Je suis d’accord avec toi pour dire que cette illumination est unique et toujours pareille quel que soit le chemin que l’on a parcouru pour y arriver. Tu as raison : bien mieux que de se lancer dans des exercices intellectuels savants pour briser les limites de l’esprit, le corps peut nous y transporter tout autant, sachant que pour y arriver, il faut l’énergie de deux corps contraires s’unifiant intensément dans la même conscience d’un absolu. Ce faisant, nos corps nous procurent un plaisir bienfaisant et renforcent un amour humain reflet exact de l’amour divin, gains incomparables que l’esprit n’est pas capable de nous donner ! Tu as raison Laurie mais si tu en restes là et si tu ne vas pas plus loin, à mes yeux tu as tort !

Revenir à l’illumination.

Pour Pierre, tout ceci avait trait à l’involution, à la marche vers le plus profond de soi pour capter en soi la force qui nous procure l’illumination. Si Laurie admettait qu’il avait été au bout de son chemin et qu’il avait rencontré l’illumination, pourquoi l’inviter à refaire d’une autre manière cette involution ? Certes il était pour lui très plaisant de faire l’amour avec Laurie mais il jugea que ce n’était pas nécessaire car il n’avait aucun besoin de revenir à l’illumination. Au contraire, comme Laurie l’avait dit, il devait vaincre sa peur ou sa nonchalance pour enfin parler, raconter, instruire les autres sur ce qu’il avait appris au cours de son illumination !

Pierre déclara à sa compagne que depuis l’âge de dix ans jusque vers un peu plus de vingt ans, il avait écrit des poèmes, des textes divers. La première fois qu’il alla à Paris, ce fut pour signer un contrat d’édition dans une maison de Saint Germain des Prés et ce geste déjà avait signifié qu’il tirait un trait sur l’écriture poétique maintenant qu’il avait connu l’illumination.

Oh certes, mis à part cette publication, il n’avait pas beaucoup pris le devant de la scène pour parler aux autres et il était toujours une espèce de loup des steppes mais si Laurie voulait l’aider, elle le ferait maintenant dans une perspective beaucoup plus publique sur le chemin de son évolution à lui puis à elle pour montrer que les hommes et la nature, le cosmos sont les visages différents d’une même réalité.

Devait-il se mettre à rédiger de nouveaux livres révélés ? Pierre pour le moment vivait sereinement dans son petit cercle de facilité mais il devait dorénavant s’ouvrir au monde et y vivre tout aussi sereinement et ceci était beaucoup plus difficile. Or c’était son chemin et c’était le rôle qu’il voyait pour Laurie que de l’y pousser plus fermement.

Laurie lui avait montré des techniques d’involution, or il avait besoin d’une réponse sur la question de savoir comme évoluer vers les autres pour leur communiquer son message. Le poète n’a besoin que d’un peu de persévérance et de clairvoyance pour remonter le fil de sa source et trouver la présence de celui qui parle en lui. L’important consiste à apprendre à connaître et à maîtriser cette présence capable de submerger l’esprit pour imposer une réalité divine tellement captivante et bénéfique.

Pierre s’excusa de ne pas se lancer ici dans un cours sur la poésie, notamment sur la poésie suggestive et pourquoi pas sur une certaine manière de reconsidérer la poésie descriptive… plus tard il était disposé à le faire.

– le ton de ta voix se fait triste lorsque tu parles de ta poésie

– oui, l’écriture poétique m’a servi à créer des rencontres avec la voix qui vit en moi puis j’ai connu quatre accidents qui chacun aurait pu tuer mon corps charnel. Je ne les ai pas vus venir et ces circonstances relèvent aujourd’hui d’une stupidité inqualifiable.

Ces accidents ont eu lieu, l’un sans aucun témoin, l’autre avec la trace de ma peau collée sur un poêle à mazout, un autre en présence d’une centaine de personnes mais à chaque fois je me suis relevé sans avoir mal même lorsque le sang couvrait mon visage. A chaque fois, j’ai repris un comportement normal et les autres en ont déduit que ce n’était pas grave, que ce n’était pas grand chose, un événement que l’on peut oublier aussitôt.

A chaque fois, c’est grâce à un dialogue avec ma voix que je m’en suis sorti.

C’est elle qui a ordonné que je reprenne le cours de mon existence terrestre en m’assurant que je n’aurais pas mal, que mon corps ne garderait pas trace de l’accident. Une fois les médecins ont parlé d’un miracle, d’un miracle que seul la nature peut accomplir. J’ai eu de la chance comme d’autres, dans ce cas-là, souvent n’en ont pas.

C’est faux. Il n’y a pas eu miracle. J’ai traversé le puits de lumière. J’étais de retour chez moi, chez nous mais je n’ai pas eu le droit de rester. Ma poésie est triste, Laurie, parce que j’ai sciemment demandé la permission de rester. J’ai demandé à pouvoir attendre le retour du visage de ma dernière existence humaine pour pénétrer au-delà du miroir, au-delà de cette antichambre céleste et gagner ma vraie demeure d’éternité. Oh, je me suis fait une raison, une raison bien humaine mais je me demande encore pourquoi cette présence divine a voulu que je poursuive mon existence terrestre. Ma poésie s’est éteinte dans cette interrogation insoutenable… J’étais magnifiquement bien chez moi. Jamais sur terre, même dans l’extase amoureuse, poétique la plus forte, je ne pourrai approcher quelque peu ce moment de bonheur absolu, incommunicable.

– Je comprends. J’accepte le mot extase que tu emploies. Il s’agit bien d’une expérience de la relation, une expérience du sens dévoilé et révélé. Les mystiques orientales, les bouddhistes, considèrent l’extase non pas comme l’expérience de la relation à un tout autre mais l’expérience de la fusion dans le tout même, expérience non pas de la transcendance mais de l’immanence.

Le sage bouddhique

J’ai du mal à bien te suivre. Tu parles de ta voix comme un autre et pourtant la manière dont tu t’exprimes sur cette fusion entre elle et toi, la manière dont tu sembles encore totalement dans cette extase, me laissent à penser que tu n’es pas très loin d’une conception bouddhiste et que tu peux comprendre ce que je dis sur le tantrisme. Permets-tu que je te pose quelques questions. Ces moments de rencontre surnaturelle t’ont-ils aidé à trouver un sens à ta vie ?

– non, absolument pas

– bien. Le sens de la vie n’est pas une bonne question en effet. Sur cette question, il y a deux points de vue. La vie ne peut avoir de sens puisque rien n’est extérieur à elle. Ceci est un point de vue matérialiste qui rejette toute transcendance. D’un autre côté, le bouddhisme dit que tout sens est dans la vie et pour le sage, il n’y a aucun sens de la vie.

– tu me rassures, je suis déjà au niveau d’un sage bouddhique

– mais en tant que poète qui vit toujours entre ciel et terre, es-tu bien dans l’immanence, dans l’ici et le maintenant ? Toute philosophie de l’immanence doit parvenir à cette conclusion : si la vie a un sens, c’est de nous débarrasser de l’illusion du sens ultime et absolu de l’existence.

– en tant que poète, à vingt ans j’ai rédigé un ouvrage contre la philosophie et je suis fidèle à mes idées de vingt ans. Mais l’écriture reste la trace d’une profonde déchirure…

– va pour la philosophie mais alors tu dois aussi être contre les religions. Pourtant tu parles d’une présence divine, tu évoques le paradis, tu parles de la migration de l’âme. Est-ce bien là que se situe ta déchirure ? Les religions posent un sujet absolu. En suivant une religion, la vie tout entière peut facilement trouver un sens puisqu’elle fait référence à un signe extérieure et supérieure : Dieu. Le sens de la vie consiste alors à servir Dieu, à travailler à sa gloire. Toute la vie devient alors le signe de cet idéal transcendant. N’as-tu jamais interprété tes rencontres comme le point de départ d’une vocation à remplir des responsabilités dans une religion ?

– non, il m’est impossible d’accepter un tel cadre. Je ne peux m’intégrer dans aucun courant religieux. Dès la première phrase que je prononcerais, il y aurait des prêtres et des fidèles pour m’accuser de blasphème. Mais ce n’est pas aussi simple, un poète a des choses à dire à ceux qui ont foi dans une religion… Rimbaud dans ses illuminations dit des choses et nous pourrions un jour en discuter.

– Tout n’est pas très clair… Certes, je te l’accorde : aujourd’hui, les trois grandes réponses traditionnelles ont perdu le pouvoir de susciter l’adhésion collective. Il n’y a plus de cosmos qui fonde la sagesse. Cette sagesse qui indique à l’homme comment trouver sa place dans l’ordre de la nature, parmi les lois divines.

Il n’y a plus de foi commune en une divinité capable de racheter et de sauver notre existence humaine. Il n’y a plus également de grandes utopies prônant l’égalité, la fraternité humaine, le communisme. Aujourd’hui la philosophie chercherait plutôt à décrire une religion laïque, une éthique universelle capable d’être le dénominateur commun des règles sociales, politiques et économiques. Il faut bien s’arrêter à quelque part.

Pierre, tu en conviendras, soit on a trouvé un absolu soit on a compris qu’il n’y a pas de sens absolu à trouver parce que l’absolu, c’est l’ensemble du réel, la nature. Dans ce cas, seule l’expérience de la fusion est possible même si elle est brève. Elle ne surgit que dans des moments de simplicité, de paix, d’harmonie qui ne dure guère. Je te parle de fusion et non pas de déchirure. Je connais les traces de ces déchirures humaines provoquées par les guerres, les violences de toutes sortes. Ceux que je soigne sont déchirés et il n’y a guère de possibilités pour recoller un semblant d’identité humaine.

Ta déchirure de poète me paraît bien particulière et légère… tu es en bonne santé, non ?

– évidemment si tu mesures cela à l’aune des pires atrocités commises par les hommes. Le silence des gens dont tu parles est excusable. Ils ont peur de revoir consciemment ou non les visages de leurs bourreaux, d’entendre leurs voix. Brisés par de premiers bourreaux, ils sont la proie naturelle pour d’autres bourreaux qui n’auraient plus qu’à achever le travail de mort qui les a déchirés ainsi.

D’un côté, la déchirure du poète est pire : aucun visage n’est imaginable pour cette présence qui l’a envahi. La voix : elle est en nous, Laurie, mais comment la retrouver par notre seule volonté ? Tout est présent en nous pourtant, c’est à chacun de nous de trouver le courage et l’art de révéler cette présence. Le poète sait que s’il ne parle pas, il ne fait pas fructifier cette parole sacrée et il gaspille le temps de sa survivance à l’illumination… il n’évolue pas.

Sera-t-il encore sauvé à sa mort ? Comment accepter ce doute alors que l’illumination, la rencontre avec le surnaturel l’a remplit de certitudes indélébiles… Laurie, les patients que tu soignes ont droit à la commisération des humains et Dieu sait reconnaître les coupables de ces crimes. Je n’ai pas peur pour leur salut à l’instant de leur mort.

Les exigences de l’évolution dans notre condition humaine pour un initié à la vie d’après la vie humaine

La déchirure du poète n’a rien à voir avec une bonne santé. Elle nourrit une seule interrogation : que faire de cette mort qui lui est laissée alors qu’il pourrait déjà être depuis longtemps dans l’autre monde ? Comment mourir pour que cette mort atteste d’une manière incontestable que la déchirure a fait place à la réconciliation entre l’humain et le divin ?

– je te parle de fusion au cours de notre existence humaine avec d’autres dimensions de notre présence. Je ne cherche pas à savoir comment mourir.

– Ces moments d’harmonie, de paix et de sagesse ne sont pas les conditions pour accéder à la fusion. Ils en sont la conséquence. Je ne sais pas comment provoquer la fusion dont je parle.

A chaque fois, ce fut une dépense d’énergie impensable. A chaque fois soit par l’écriture poétique soit par un accident, la fusion s’est faite en dehors de mon corps charnel, en état de décorporation. Et si je sais comment reproduire la manière d’arriver en état de décorporation, cette technique ne me sert à rien car rien ne me dit qu’alors j’aurai l’énergie pour traverser le puits de lumière et accéder là où je veux aller.

Cela ne dépend pas de moi mais de la bonne volonté, de l’acception d’être chers venus à ma rencontre pour m’insuffler la force surnaturelle avec laquelle ils agissent. Je peux leur demander ou me laisser faire par eux mais il faut un motif bien précis.

La soif d’une connaissance surnaturelle n’est pas un motif recevable. Le désir d’aider quelqu’un que l’on aime et qui en a bien besoin peut être suffisant tout comme le désir de sauver sa propre personnalité. Laurie, il ne s’agit pas de considérations philosophiques mystiques ou laïques. Il s’agit de comprendre ma condition humaine de survivant, de transmettre cette expérience à ceux que cela intéresse. A vaincre ma déchirure et donc mon écriture.

Je repense à ces sages qui n’ont jamais écrit mais dont les paroles nous ont été transmises : Socrate, Krishna, des prophètes hébreux mais aussi Jésus. Est-ce parce qu’ils n’ont pas écrit qu’ils ont vaincu leur déchirure ? Qu’ils ont renoué le lien avec leur illumination ? Pour moi, la réponse ne fait aucun doute. C’est oui !

Tu as raison de comprendre que mon propos ne se réduit ni au christianisme ni au bouddhisme.

Si le christianisme fait la part belle à l’espérance, le bouddhisme serait plutôt une sagesse qui apprend à s’en libérer. C’est vrai, je ne parle ni d’espérance ni de sagesse.

Le poète change la vie dans notre condition humaine.

Mon expérience poétique me dit de changer la vie, ici et maintenant, dans l’immanence et je recherche la force capable d’assurer pour les autres une traduction humaine de cette rencontre extraordinaire qui m’a donné un témoignage d’amour absolu.

Je n’espère rien, je veux aimer et qu’on me laisse libre d’aimer sans venir de suite me couvrir de ridicule, de sarcasmes, d’imbécillités sordides.

Je ne suis pas l’idiot bienheureux. Je suis poète. Quand Dieu parle, il faut lui répondre. Musset s’y est employé bien avant Rimbaud.

Je n’ai pas peur de parler, qu’il m’entende ou ne m’entende pas !

La crainte et l’espoir sont les formes premières de la souffrance et de la peur. J’ignore la souffrance et la peur, je ne connais que la souffrance et la peur qui vivent parmi les autres et cela me fait mal de les voir si mal se débrouiller à vivre sans s’en débarrasser même à l’instant de leur mort… Ils n’arrivent même pas à les abandonner sur leur lit d’agonie… Et si je suis un survivant, quelqu’un m’a interdit de mourir alors que je voulais rester près de lui.

Suis-je responsable de la façon ignoble dont les autres mènent leur vie, à coup de peur qu’ils exorcisent en semant les crimes et la misère autour d’eux ? Suis-je responsable de ne pas aider ceux qui comme moi ont déjà vécu dans leur existence humaine, ces dimensions d’éternité de la vie après la vie humaine ?

– Pierre, il n’y a pas que la crainte et l’espoir à abandonner au cours de sa vie.

Le message du bouddhisme tibétain est clair : toutes nos souffrances et celles que nous infligeons aux autres, sont liées au fait que nous ne cessons de nous attacher à des personnes ou à des choses or dans la vie, ce sont le changement et l’impermanence qui sont de règle.

Je peux te réciter de mémoire le livre tibétain de la vie et de la mort : la condition idéale pour mourir est d’avoir tout abandonné, intérieurement et extérieurement afin qu’il n’y ait à ce moment là, le moins possible d’envie, de désir et d’attachement auquel l’esprit puisse se raccrocher. Avant de mourir, nous devrions nous libérer de tous nos biens, amis et famille.

– ce n’est pas faux mais pour moi, cela reste imprécis et source de confusion. Lorsque j’ai demandé à rester et à avoir le droit de rentrer chez moi, rien de terrestre ne m’en a empêché. Ce fut bien une présence divine qui me refusa cet accès. Certes, mon âme n’avait pas récupéré l’image de ma dernière existence humaine, mais ce n’était qu’une question ponctuelle.

Il y a eu un refus et mon esprit a du se séparer de la parcelle divine, de mon âme. Il n’est pas nécessaire de se libérer de nos amis et de nos familles, au contraire si nous pouvions nous former les uns les autres à mourir, à réussir la fusion de l’esprit et de l’âme lorsque notre enveloppe charnelle cesse de vivre… qu’il n’y ait plus de doute mais une certitude, un dialogue achevé de l’âme pour l’âme… quelle réussite, quelle joie !

Est-ce interdit par Dieu, est-ce en dehors de nos possibilités humaines ou avons-nous tout ce qu’il faut pour réaliser cette fusion ? Je dis que nous avons cette possibilité.

Oh Laurie, peu m’importe d’admettre avec le christianisme que chacun de nous possède une âme personnelle et de croire en l’individualité unique et irremplaçable de chaque personne. Je sais que le bouddhisme considère ceci comme l’illusion par excellence.

Peu m’importent ces considérations. Que fait-on de l’action ? Il y a l’involution, la découverte de Dieu en nous. Je te parle avec ce langage conventionnel tiré du catéchisme religieux. Un initié ne parle pas d’un Dieu quel qu’il soit !

Je parle de la rencontre avec les mystères de la Vie, avec l’énergie de Vie, celle qu’ils ont utilisés pour me ramener sur Terre alors que j’avais coupé tous les liens avec mon corps charnel comme ceci est exigé pour poursuivre la rencontre après la sortie du puits de lumière.

Cette nécessaire action de couper tous les liens avec notre condition humaine est décrite dans le rite du Kalachakra appelé aussi mythe de Shambhala. C’est la condition pour accéder à ce je nomme la vie après la vie humaine, à Shambhala ou ailleurs sur d’autres planètes comme deux d’entre elles me furent proposées.

Utiliser les puissances du monde supérieur.

Nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels. Après ce retour sur la planète Terre, cette force spirituelle nous pousse à agir dans notre condition humaine pour transformer notre entourage comme elle a transformé nos cœurs.

– tu cherches la bagarre ? tu ne serais pas un mystique belliqueux, un futur moine soldat toujours en quête d’une croisade ?

– peut-on seulement rester seul dans son coin… tu vas me dire de prendre exemple sur Siddhartha et d’aller rejoindre la cabane du pêcheur au bord du grand fleuve… que les autres s’étripent avec une haine bestiale ne t’intéresse pas.

Ils ne seront pas sauvés lors de leur mort, ils s’attacheront trop à leur victoire ou rumineront trop leur défaite pour arriver à la fusion de leur esprit avec l’âme et ainsi gagner leur demeure d’éternité.

D’ailleurs nous n’en avons pas discuté. Mais d’où provient l’esprit ?

D’un fonctionnement particulier et efficace des neurones de notre cerveau développé à travers force exercices intellectuels ? Comment cette production pourrait-elle s’accaparer une dimension d’éternité ? Par la simple fusion avec l’âme ?

Le soldat ou le brigand parvenu à la cabane du pêcheur ne peuvent-ils pas contraindre par la force l’ascète qui médite là ? Ne serait-ce que pur hasard s’il venait à être tué par le soldat ? Doit-il être indifférent à son sort ? Doit-il au contraire défendre son message pour qu’il puisse se transmettre aux autres ?

Laurie, ma poésie est un combat, une lutte pour trouver les moments de ma création, de mes rencontres et quand j’écris, il y a un autre qui agit.

Il y a des présences qui se manifestent, elles étaient en moi et je les appelle souvenirs, elles se découvrent nouvelles et je les appelle émotions, elles parlent d’un avenir et je les range parmi les songes.

Je ne peux que mesurer les choses, comme Nietzsche l’a dit : je suis bel et bien en tant qu’homme un mesureur des choses. Alors j’ai envie de laisser se poursuivre ces correspondances, ces métamorphoses, de les voir grandir non pas pour devenir un surhomme mais pour utiliser les forces surnaturelles dont j’ai pris conscience.

Laurie, tu sais bien que le premier conseil que donne un maître spirituel à un jeune disciple, c’est de prendre garde aux puissances surnaturelles qui, si elles ne sont pas maîtriser, mènent tout droit à la folie et à la destruction de la vie humaine.

Mais c’est bien le constat que ces forces existent et que le cheminement réussi d’une spiritualité peut aller jusqu’à l’utilisation de ces forces non pas pour détruire mais pour sauver… la preuve que sauver est possible consiste à transformer la mort de notre corps en une victoire de la vie, à témoigner d’une autre vie tout d’éternité.

– qui veux-tu sauver et de quoi ? Pierre, te rends-tu compte de ce que tu dis ?

– oui mais tu es la première à entendre cela de vive voix. Je sais que je peux t’en parler.

Je t’ai vu purifier ton ventre avant d’accueillir mon sexe. Je sais aussi que ton esprit est pur et qu’il ne va pas se méprendre sur mes propos. Je ne te demande pas d’être d’accord avec moi ni aujourd’hui, ni demain mais sache que c’est le but du chemin que je poursuis.

Le chemin du poète-yogin pour sa Shakti.

C’est là-bas que je vais te mener.

J’ai pris conscience que je dois aller tâter du mystère de la vie éternelle et d’une rencontre particulière de ce mystère avec notre existence terrestre qui se nomme la résurrection. Ma foi de survivant m’a appris à relire l’exemple de Jésus et j’y retrouve les marques du pressentiment que j’ai gardé en revenant de la demeure de mon âme.

Mais il n’y a pas que Jésus. J’ai un visage de pharaon des temps les plus reculés et un visage de druide des mêmes époques comme images de ce que je recherche.

Je crois qu’un message a survécu de ces temps anciens et que nous pouvons aujourd’hui, à travers les découvertes archéologiques, commencer à mieux le pénétrer.

La rencontre d’une personne avec Dieu ou avec la voix qui vit en lui ne prend pas des heures et des années. Par contre poursuivre son existence humaine en conformité avec le message reçu nécessite un travail en commun, un partage et un progrès dans la transformation de la nature où nous avons été placés.

Tu ne peux pas faire abstraction du plan collectif, tu dois y aller sinon tu n’auras pas utilisé tes talents. Ton message sera resté lettres mortes.

Nous devons utiliser l’épée et la mettre sous la garde du sacré et ne surtout pas l’abandonner aux mains des brigands et des seigneurs de guerre. Il y a un choix à faire.

Pour ma part je sais que le message que j’ai reçu peut vivre alors il vivra.

Laurie, lis des ouvrages sur les premiers chrétiens, la communauté de Qoumran, l’église de Jérusalem et cherche à comprendre comment ce message à pu vaincre les mœurs barbares de l’empire romain : l’esclavage, les jeux cruels du cirque, des religions au service d’intérêts cupides et aux morales sectaires et impies.

Certes l’alliance de ce message avec le pouvoir impérial romain n’a rien donné qui ne soit convaincant car l’on sait aussi que c’est ce pouvoir impérial qui au Concile de Nicée a commencé à trafiquer les écrits et les témoignages des premiers chrétiens.

C’est une question clé : comment relier ce type de message avec un pouvoir politique, économique et social ? Ce lien à chaque seconde transpire l’imagination du poète, de l’illuminé. Comment le rendre visible et acceptable pour les autres ?

– tu es bien poète, tu rêves à voix haute mais tu es cohérent. Tu ne me racontes pas des bondieuseries. Je comprends ce que tu cherches.

Je te suivrai mais je continuerai mes rites tantriques.

Ils ne me mèneront jamais aussi loin que ce que tu prétends réaliser mais jour après jour, ils me font progresser vers mon bonheur avec mon corps de jeune femme, ma sexualité et mon plaisir, mon esprit et ce plus que je respecte car il m’a permis d’avoir une relation intime extraordinaire avec mon père qui venait de mourir.

Les quelques malades qui sont morts alors que je les veillais ne m’ont pas permis de retrouver une telle rencontre… Je veux bien te suivre. J’ai confiance en toi et je t’aime… mon amour comme le tien pour moi, ne peuvent pas se limiter aux liens quotidiens d’une vie commune. Ce club que nous allons bâtir doit nous procurer les lieux et les moments de nos futures rencontres où nous pourront laisser libre court à notre amour…

– oui, Laurie, à notre amour fou ! Mais c’est le seul amour que je peux maintenant encore vivre sur cette terre. C’est un amour de survivant et je te ferai découvrir celui qui fait vivre entre nous cet amour.

Tu verras, nous repartirons ensemble… ensemble ce sera plus facile, nous leur montrerons notre amour, oh ! pas aux gens près de nous, non, ils ne comprendront pas… nous montrerons notre amour aux présences chères qui viennent vers nous pour nous aider à franchir le puits de lumière et elles nous aideront bien plus que la fois là quand, un peu perdu, elles m’ont entraîné vers ma demeure d’éternité.

Je leur montrerai que j’ai réussi à parler à quelqu’un, à lui donner cette foi qui franchit la mort et nous ouvre l’éternité.

Nous leur montrerons notre amour et elles nous accepteront. Elles nous laisseront venir nous ressourcer dans notre demeure d’éternité.

Oh, nous n’y gagnerons pas la connaissance absolue, la compréhension des mystères qui se posent aux êtres humains. Non. Nous chercherons à obtenir ces pouvoirs surnaturels avec lesquels nous forceront les autres à se remettre en cause, à prendre en considération dans leur réflexion l’enrichissement qu’ils peuvent trouver dans un cheminement spirituel pour définir leurs raisons de vivre et de mourir, prendre confiance dans les ressources de leur existence humaine pour trouver l’amour, l’amour que nous manifestent ces présences chères qui immanquablement nous aident à traverser le puits de lumière, cet amour divin qui façonne l’amour humain dont notre esprit et notre corps témoignent à celui et ceux que nous avons choisis comme compagnons de route sur terre.

Dans ce club, nous cheminerons avec nos amis mais nous aurons aussi la possibilité de trouver des moments rien qu’à nous… je t’emmènerai Laurie.

Il ne peut pas nous refuser l’entrée. Ce n’est pas possible. Au contraire, il n’attend que cela… que je vienne avec toi maintenant que je t’ai trouvée…

Je sais que tu penses à Françoise. Il ne m’en voudra pas de ne pas me présenter avec elle. Ces paroles ne peuvent pas être partagées avec tous et je n’ai pas le pouvoir de les imposer à ma femme contre son gré.

La mort dans les moments séparés qu’elle choisira pour nous, nous donnera l’occasion de nous retrouver. C’est le chemin habituel de ceux qui s’aiment et savent que cet amour continue à vivre après la mort du corps charnel. Je ne commets aucun manquement à l’amour que j’ai pour Françoise en t’aimant et en avançant avec toi sur un autre chemin plus direct et particulier qui requiert un échange très intime et le partage d’une même foi.

Rassure-toi, il ne viendra pas me dire que je me trompe de femme, qu’il faut nous en retourner pour que je te laisse et ramène Françoise.

Non, je fais mon travail de poète, de survivant tout comme j’assume mes responsabilités de mari. Il ne peut pas me demander d’attendre le moment de trouver celle qui me suivra sur les deux chemins en même temps. Je serai encore vieux garçon aujourd’hui et jamais, je n’aurais eu le droit d’entrer chez Amadeus et Regina et jamais je n’aurais pu te rencontrer.

– doucement, tu n’as pas de compte à régler sur ce sujet là avec celui qui vit en toi et est le même en chacun d’entre nous. Tous savent que je ne vais pas briser ton couple et de même, je ne te laisserai pas briser le mien. Comme Françoise, Dan comprendra ce qui nous arrive. D’ailleurs, si je te suis bien, notre cheminement spirituel ne va pas durer des années et des années. Tu vas très vite en affaire et si je te pousse encore, il n’y en aura pas pour des siècles et des siècles mais crois-tu que notre expérience pourra changer quelque chose dans ce monde, arrêter ces tueries ?

nous rallumerons une flamme, une lueur pour guider les autres. Nous n’allons pas allumer un brasier dévastateur. L’apocalypse, c’est autre chose. Nous montrerons cette flamme mais les autres devront aussi faire un pas vers elle. Par contre, avec cette lueur nous pourrons déjà commencer à changer l’organisation de notre groupe, à bâtir une nouvelle société, une nouvelle économie. Oui, ceci nous pourrons le faire.

Notre tâche a pour but le développement des voies, des chemins qui mènent à l’initiation et à la rencontre avec les mystères de la vie :

  1. la voie directe de l’écriture poétique.
  2. La voie de l’extase amoureuse et de la fusion des corps qui est présentée à chaque couple d’amants, à chacune de nos rencontre avec nos âmes sœurs.
  3. La voie mystique et du dialogue de l’âme pour l’âme non plus avec notre écriture poétique mais à partir des enseignements et des témoignages des initiés qui nous ont précédés sur ce cheminement initiatique. C’est le chemin de la prière réussie dans des lieux propices dans le nature ou les édifices construits par les humains pour ce cheminement spirituel dont tous nous éprouvons le besoin pour trouver nos raisons de vivre notre condition humaine.
  4. La voie du dépassement des limites de notre corps charnel à travers l’exercice physique, le sport, les randonnées dans la nature lorsqu’au bout de l’effort nous découvrons des ressources, des énergies, des forces insoupçonnées et nouvelles pour aller au bout du chemin, franchir la frontière, fusionner notre corps et notre esprit pour monter plus haut, aller plus loin et plus vite…

Il lui sourit avec un air taquin.

– C’est aussi la raison pour laquelle je suis venu en vélo et en tant qu’ancien coureur cycliste. Je devais m’échauffer le corps pour mieux libérer mon esprit et te parler de notre chemin initiatique vers notre évolution humaine en utilisant les puissances du monde supérieur.

De l’irréel conduis-moi au réel !

Le week-end prochain à Baden-Baden, il souhaita prendre davantage sa place de poète, de guide spirituel pour que leur groupe arrive ensemble rapidement au même stade de l’évolution.

Il rappela à sa compagne ce qu’elle et Anke avaient dit au sujet de la prière.

Son rôle à lui consistait à leur apprendre à prier, à communiquer avec l’au-delà, à communier ensemble dans l’amour et dans la découverte de leur éternité. Pierre ne savait pas comment planifier ces exercices… en souriant à sa belle Laurie, il lui avoua que sur ces points, il préférait s’en remettre au hasard !

Un seul point lui sembla acquis : leur évolution, si elle était freinée, étouffée par les autres, ne pouvait que recommencer et cette fois, cette re-évolution serait bien pour les autres et à cause d’eux, une révolution !

Si leur groupe acceptait d’écouter le poète, alors un mouvement pouvait se mettre en marche et Pierre le garantissait : ils sauraient toujours où aller et même derrière l’horizon, ils verraient le chemin….ce chemin d’évolution déjà tout tracé dans leur cœur, ce cœur qui dès la conception épouse le rythme de la vie sans fin.

Il se proposa au départ d’être un moniteur pour apprendre au groupe à saisir le rêve et le partager ensemble. Laurie s’empressa de réciter la leçon apprise auprès de Frantz et de Pierre:

” la réalité du rêve, c’est son partage et la réalité du partage, c’est le bonheur “... redites-moi souvent ce genre de chose et je sens que je vais vous aimer encore davantage tous les deux !

Laurie se dressa debout et leva les mains au ciel dans un geste incantatoire :

” De l’irréel conduis-moi au réel ! De l’obscurité conduis-moi à la lumière ! De la mort conduis-moi à l’immortalité ! “

Elle expliqua qu’il s’agit d’un passage de ” l’Upanishad Brihad-Aranyaka “.

Pierre se leva et récita également. Tous deux étaient certains qu’un jour ces paroles s’accompliront avant le dernier souffle de leurs cœurs.

Ils étaient face à face. Ils s’étaient donnés comme jamais ils ne l’avaient fait auparavant. Les regards avaient soutenu les paroles échangées, les mains avaient serré le corps de l’autre contre le sien, caressé et caressé jusqu’à la certitude du plaisir de l’autre.

Leur rencontre s’achevait. Ils venaient de renouveler leurs vœux et vendredi soir à Baden-Baden ils seraient plus unis après cette rencontre-ci pour ne pas se perdre dans le groupe.

Ils s’embrassèrent tendrement et descendirent main dans la main l’escalier hasardeux qui les ramena dans la cour du château. C’était comme s’ils revenaient sur terre.

L’après-midi était fini. Laurie ramena Pierre à sa voiture en passant par Wissembourg. Pour le retour sur Pirmasens, Pierre lui conseilla de passer par la forêt palatine et Bitche.

Lui ne sut pas comment il arriva sans encombre à Strasbourg tant la présence de Laurie saturait son esprit.

Il devait admettre que peu à peu les choses se mettaient en place. C’était l’occasion de sa vie !

Depuis qu’il avait arrêté d’écrire malgré les encouragements de son éditeur, il s’était juré d’écrire un jour directement dans le cœur des hommes.

Jamais cependant il n’avait imaginé qu’une jeune femme à la beauté rayonnante se livrerait ainsi à lui, qu’une fée, une princesse, une muse, une Shakti telle que Laurie viendrait le pousser à réaliser ces moments si particuliers pour transformer cet irréel en rêve, ce rêve en partage et ce partage en bonheur…

Le soir chez lui et sur son bureau, il eut besoin de condenser l’énergie échangée lors de cette rencontre avec Laurie dans un texte poétique.

Sa source poétique avait tout enregistré et elle tenait à s’écouler, à rassasier la soif de Vie et d’Amour du poète.

Shakti

Dans le souffle de tes yeux et la voix de ton cœur
J’ai pris la force de t’ouvrir la porte de ma vie
Nos mains caressent la chaleur sous nos peaux
L’étreinte vient prouver la certitude de nos joies


Tu repars dans ta danse et nos regards ne se quittent plus
La vie nous aime de toute son énergie
Sans limites je voyage sur tes mouvements
Tu cherches à me faire peur avec tes cris tes gestes de furie
Dans tes yeux tu me laisses lire ta paix que je ne dois pas briser


Depuis longtemps il n’y a plus de vêtements pour nous gêner
Je ne sais même plus où sont tes marques de beauté
Je n’en ai plus besoin pour rester dans le partage
Celui qui vit en moi est le même que celui qui vit en toi


Ils s’amusent et courent à travers nos corps
Heureux que nous ayons pris le temps de les laisser vivre
Loin de la sotte peur de nos amours d’humains
Nous voyagerons ensemble tous les quatre et plus encore.

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