Partie 1 – Les institutions des réseaux de vie

De l’Assurance à la Solidarité

La mise en pratique de l’alliance des contraires et de la subsidiarité dans les Institutions Économiques.

L’alliance des contraire permet de définir les objectifs dans une équipe de projets et la subsidiarité intervient ensuite pour obtenir la solution optimale qui sera appliquée selon les particularités locales.

Ces principes de base sur le plan politique se traduisent sur le plan économique par l’assurance et la prévention des risques présents dans toute activité humaine. Nous sommes ici au niveau de la définition des objectifs et de l’alliance des contraires.

Ensuite la subsidiarité sur le plan économique se traduit par la solidarité, c’est à dire le partage de la solution optimale entre les membres des Réseaux de Vie qui en ont besoin. Le but réside dans le développement des Réseaux de Vie et non pas dans la maximisation des profits de la minorité qui dirige les systèmes de pouvoir.

Nous ne sommes plus en présence de l’idéologie de la concurrence plus ou moins parfaite utilisée dans le système capitaliste pour légitimer la domination des plus riches et donc des plus forts sur les peuples et également, pour arriver à affaiblir ou carrément éliminer l’intervention des états dans leur défense des intérêts de leurs citoyens.

La solidarité est bien l’inverse, le contraire de cette pratique de la concurrence pour écraser les acteurs économiques mis en situation de faiblesse ou de dépendance par les dirigeants de l’oligarchie financière anglo-saxonne.

Les risques en économie

La production de richesses matérielles ou de savoirs, comme l’ensemble de l’activité humaine, repose sur la prise en compte des risques que ce soit dans le rapport espace-temps, dans la vie sociale, la lutte entre systèmes de pouvoirs et organisations en Réseaux de Vie. L’action comporte des risques. Les erreurs de perception, d’interprétation et les difficultés de communication interpersonnelle ou de masse, l’ignorance, l’absence d’une solution optimale en l’état des connaissances actuelles, nombreuses sont les causes des risques.

La rareté dans le système capitaliste libéral

Le système économique capitaliste et libéral utilise la notion de rareté qui découle de la non satisfaction entre les besoins et l’offre présente sur les marchés, principale risque qui perturbe ce système.

La rareté est une fiction qui légitime les pouvoirs des employeurs. S’ils arrivent à minimiser cette rareté, ils vont satisfaire les besoins des consommateurs et donc montrer leur utilité, leurs compétences et leurs droits à maximiser leurs profits. Cette théorie cache surtout la pratique d’organiser une rareté sur un marché pour augmenter les prix et maximiser les profits.

En réalité, le risque majeur capable de détruire le système, le ruiner reste la surproduction et celui des capacités de production qui ne servent plus à rien.

L’entrepreneur qui satisfait le mieux ces besoins et ainsi minimise la rareté sur son marché, trouve alors la légitimité de maximiser ses profits individuels et également la légitimité pour éliminer ses concurrents afin d’éviter ce risque mortel de surproduction et de se retrouver face à des sur capacités de production.

Nous sommes bien ici en présence de la contradiction du système capitaliste : détruire la concurrence pour minimiser son risque de production et maximiser ses profits personnels.

Les sur capacités de production, risque majeur dans le capitalisme industriel.

Ce risque a été analysé dès 1920 par Jacques Duboin qui s’est rendu compte que le formidable outil industriel qui avait permis l’augmentation de la production des armements et des munitions pour gagner la guerre de 1914-1918, pouvait aussi en quelques années produire les biens matériels pour satisfaire les besoins des citoyens. Une fois ces besoins satisfaits, il faudrait alors arrêter la plupart des machines et des usines pour éviter la surproduction et la vente à perte.

Il a alors proposé la solution de l’économie distributive et donc la sortie du capitalisme qui aurait alors atteint ses objectifs de production et ne serait plus utile.

Lorsqu’il s’agit de satisfaire non plus des besoins mais des désirs illimités dans l’esprit des consommateurs, la rareté devient alors une abondance de réponses marketing et le développement d’une société d’hyper consommation et de gaspillage des ressources.

Ce fut la réponse apportée par Edward Bernays après 1925. Le neveu de Sigmund Freud et conseiller en relations publiques de John Rockefeller en développant la Propagande sauva ainsi le capitalisme arrivée à son risque majeur, les surcapacités de production des usines qui avaient fourni l’armement de la Première Guerre Mondiale et qui, au même rythme de production, étaient capables rapidement de produire en masse les biens pour satisfaire les besoins des citoyens.

Bernays après l’âge de 60 ans reconnaîtra l’erreur de sa jeunesse et dépensera sa fortune dans son Institut pour lutter contre l’idéologie de la société de consommation et ses gaspillages, la montée des inégalités sociales. Il est probable que les dirigeants du système libéral sauront trouver d’autres pratiques pour conserver le pouvoir et soumettre les peuples encore et toujours à coups de crises et de guerres puisqu’ils ne se savent faire que cela. Nous y viendrons dans la présentation des systèmes de pouvoir, en deuxième partie de cet essai Les Réseaux de Vie.

Le principal risque dans le domaine de la production et de la distribution des richesses produites par le travail de tous est né avec la société industrielle et l’utilisation des machines, le développement des technologies aujourd’hui pilotées par les automates programmables, les robots, l’intelligence artificielle. Ces moyens sont utilisés pour leurs performances, leur productivité dans le rendement du capital mais sans prise en compte de leurs nuisances, destructions d’emploi et développement d’un chômage structurel, de la précarité des emplois, des pollutions, des atteintes à l’environnement, à la nature et au climat. A travers les mouvements citoyens pour l’écologie, l’élimination de ces nuisances sont tolérés avec leur droit d’expression mais n’ont guère d’impact sur les décisions politiques, économiques et sociales prises par les dirigeants, le gouvernement mondial du système libéral.

Les risques économiques dans les Réseaux de Vie.

Les Réseaux de Vie, et notre lecteur l’a compris, font exactement l’inverse du système libéral et l’action politique des citoyens décide à travers l’alliance des contraires et la subsidiarité, d’éliminer ces nuisances et atteintes à notre environnement, de supprimer le chômage et ils arrivent à gérer les risques, à minimiser leurs conséquences, voire à les éliminer.

Le risque majeur du capitalisme n’existe pas dans les Réseaux de Vie lorsqu’il s’agit de gérer l’ensemble de l’activité humaine en utilisant la complémentarité entre les trois formes de propriété.

Lorsqu’il y a risque de surproduction ou risque de laisser au chômage des citoyens au niveau du travail indispensable à la vie et à la survie, le développement des œuvres qui élèvent le niveau de vie et sont transmises aux générations futures prend le relais et le développement des biens communs immobiliers et des infrastructures absorbent les capacités de production et les compétences disponibles.

Ce fut le cas sur les bords du Nil :

tous travaillent aux champs et produisent trois récoltes en six mois et durant les six mois d’inondations du fleuve, tous travaillent sur les plateaux au dessus du fleuve à la construction des cités, des temples et des monuments.

Pareil à la période médiévale avec la construction des villes libres et leurs protections militaires, la construction des cathédrales, des places de marchés, des bâtiments de stockage des biens et denrées, des hôpitaux, écoles et universités, etc.

L’horreur économique mise en avant par Hannah Arendt montre bien que dans le capitalisme, le travail se limite au premier niveau : le travail indispensable à la vie et surtout à la maximisation des profits des propriétaires des moyens de production. La réalisation des œuvres qui élèvent le niveau de vie et qui sont transmises aux générations futures n’intéresse pas les dirigeants du système de pouvoir capitaliste néo libéral car au regard de leurs intérêts privés, elle est improductive de bénéfices privés. De même l’action politique de l’ensemble des citoyens est confisquée par la minorité des plus riches qui dirige ce système capitaliste.

Bien évidemment dans nos Réseaux de Vie, cette décision prise par l’action politique locale des citoyens ne va pas éliminer automatiquement tous les risques liés à une action humaine ou les risques présents dans la nature, la vie de notre planète, du soleil, etc. La décision prise par l’institution politique, ville libre, équipe de projet de vie, garde nationale et défense militaire, confédération, se traduit au niveau économique par le choix d’une solution optimale adaptée aux particularités locales et accompagnée par un système d’assurance contre les risques.

Lorsque l’objectif est atteint, la stratégie, l’utilisation judicieuse des ressources, l’organisation du travail et sa rémunération, l’utilisation de la monnaie pleine pour financer ce projet, ses investissements et la rémunération du travail, l’utilisation des biens communs, etc., l’ensemble de cette organisation qui a démontré sa pertinence, son efficience, représente alors l’enjeu de la solidarité, le gain à obtenir à travers le partage de cette pratique, de cette manière d’organiser un projet pour assurer la satisfaction d’un besoin ou l’élimination d’un dysfonctionnement.

Ce partage au départ sous forme d’un don de savoir, de connaissances immatérielles, va permettre à un autre réseau local, à l’ensemble des réseaux locaux de résoudre le cas échéant ce même besoin ou ce même dysfonctionnement bien plus rapidement et simplement en transposant directement cette méthode, cette organisation et en ayant juste à l’adapter à leurs propres particularités locales. Ce partage a existé et parmi de nombreux exemples, nous prendrons celui de Mulhouse.

La société industrielle de Mulhouse au 19ème siècle.

Cette pratique de l’élimination des risques, nous l’avons dit, concerne en premier lieu, l’utilisation des technologies, surtout à leurs débuts lorsqu’elles ne sont pas encore totalement maîtrisées.

Pour illustrer cette situation, nous utilisons le cas de la société industrielle de Mulhouse, en Alsace, et l’organisation mise en place au XIXème siècle pour lutter contre le risque incendie des usines.

Cette organisation évidente dans ses principes a permis un développement industriel rapide et considérable pour transformer la ville, l’ancienne république libre rattachée à la Confédération helvétique des cantons libres jusqu’en 1798 et sa volonté, cette année là, de se rattacher à la nouvelle république française, en un Manchester rhénan.

Bien entendu et d’une manière toute aussi évidente, cet exemple de développement industriel a été interdit par les dirigeants du capitalisme et leurs politiciens affidés puisqu’il est contraire, radicalement à l’opposé des intérêts des propriétaires individuels des moyens de production et de leurs actionnaires, des banques commerciales et des banques centrales privées, sans oublier l’état qui ne trouve pas ici matière à ponctionner des impôts et taxes.

Pour illustrer cette démarche d’assurance dans la vie économique, nous pouvons prendre l’exemple du développement industriel de la ville de Mulhouse au 19ème siècle.

La logique de l’assurance veut que les adhérents mènent des efforts de prévention pour limiter la survenance des risques. Par exemple au début du XIXe siècle, les élus d’un département ont pu décider de la création d’une mutuelle de lutte contre l’incendie. Dans chaque village, les volontaires se sont regroupés pour adhérer à la mutuelle et se prêter assistance : lorsqu’un voisin découvrait qu’il y avait encore de la lumière dans une maison tard le soir, il allait vérifier qu’une lampe n’avait pas été oubliée d’être éteinte. Grâce a ces efforts, le nombre de sinistres incendie diminue rapidement et la mutuelle réalise des bénéfices à partir desquels les membres peuvent décider de nouveaux objectifs.

Ces excédents et bénéfices peuvent avoir trois utilisations :

  • permettre une réduction des cotisations pour le nouvel exercice
  • Permettre l’élargissement des risques couverts : par exemple, en plus de l’incendie, l’assurance couvrira le dégât des eaux, le vol, etc.
  • Distribuer ces excédents aux adhérents sous forme de prêt à taux zéro selon la pertinence des projets d’investissements présentés et rendre un service bancaire en plus d’un service d’assurance.

Une fois les démarches de prévention mises en place avec succès, l’augmentation des résultats permet une capacité de développement et de maintenance des équipements. Les efforts de toutes les parties prenantes seront d’autant mieux récompensées lorsque cette solidarité repose sur la propriété commune, nous allons y venir.

L’assurance moderne en France est née à Mulhouse vers 1820.

Les industriels du textile, de la construction mécanique de cette ville pour mieux soutenir la concurrence des villes comme Bâle, des villes allemandes et hollandaises le long du Rhin, décidèrent de s’associer en une mutuelle. A l’époque, le système d’assurance fonctionnait par répartition : à chaque fin de trimestre, un bilan se faisait entre le montant des sinistres à indemniser et le total des cotisations. La répartition était élémentaire. L’industriel ne pouvait pas se satisfaire de ce système et ceux de Mulhouse décidèrent ainsi de fonder leur propre mutuelle d’assurance.

Dès le sinistre, l’indemnité était versée et de nouveaux ateliers étaient construits. L’objectif commun était bien d’avoir le moins d’incendie et régulièrement les mesures de prévention et de lutte contre ce sinistre étaient améliorées. Un corps moderne de sapeurs-pompiers fut mis en commun ; les employeurs financèrent la formation des ouvriers à la lutte contre les incendies et ils financèrent la construction de nouvelles casernes de pompiers équipés des meilleurs matériels. Ces casernes de pompiers furent partagés avec la ville pour le service public de la lutte contre l’incendie et les premiers secours, particulièrement bien entendu dans les nouvelles cités ouvrières.

Bientôt, dans ces ateliers neufs aux risques d’incendie devenus minimes, les industriels purent investir les sommes mutualisées pour augmenter la productivité de leurs machines. L’assurance devint, une fois éliminés les dommages causés par les incendies, une banque d’investissement aux conditions fixées par les industriels eux-mêmes : c’est à dire avec un taux nul de crédit indépendant de toute politique monétaire, les frais de gestion étant déjà payés au niveau de l’assurance. Le taux de prêt pour investir fut zéro ! Aucune banque ne pouvait s’aligner sur de telles conditions et cette mutuelle capable de réaliser les services d’une banque et d’une assurance fut le socle de l’essor industriel de la région de Mulhouse.

la SACM vers 1840-1850

La banque-assurance de la Mutuelle La Mulhousienne gérée par la société industrielle.

A partir de 1861, moment où les industriels obtinrent à Biarritz, à force de ténacité, le décret de Napoléon III autorisant publiquement la Mulhousienne à exercer son commerce de banque-assurance, un deuxième phénomène vint amplifier le dynamisme de cette structure financière. Des industriels convaincus du bien fondé de ce système adhérèrent à la mutuelle depuis l’ensemble de l’Europe.

Lorsqu’il y avait excédent de recettes sur les sinistres et ce système ne pouvait qu’aboutir à ce résultat car il ne rassemblait que des adhérents qui s’investissaient dans la lutte contre l’incendie, les sommes disponibles furent d’abord utilisées par les fondateurs à Mulhouse pour développer leurs industries. Depuis, ces industriels aux noms de Koechlin, Dollfus, Thierry Mieg, Schlumberger, Hartmann ont donné une dimension nationale et mondiale à leurs activités.

La société mutualiste quant à elle, n’a pas atteint ce niveau de développement car ce n’était pas le but de cette société, but tourné vers l’expansion des entreprises industrielles et non pas vers le développement d’une organisation financière capable de se couper de sa source nourricière jusqu’à venir la diriger pour faire primer uniquement ses objectifs de rentabilité financière au détriment de l’avenir des industries ou du secteur tertiaire.

Koechlin en 1827 fit construire la plus moderne et la plus grande fonderie de France pour produire des machines et des locomotives à vapeur, berceau de nos actuels TGV. C’est lui le fondateur de la SACM, origine de ce qui fut la CGE; le plus grand groupe industriel privé français des années 1970. Le » Al » d’Alcatel ou d’Alsthom vient d’Alsacienne, de Mulhouse. Les principaux dirigeants de la société industrielle de Mulhouse étaient protestants et nous retrouvons aussi ici une trace vivante du mouvement protestant et de la dimension sociale que ce mouvement a voulu bâtir en réalisant des productions matérielles pour améliorer la vie des populations.

Belfort et Alsthom.

Il y a ici une suite historique de la subsidiarité pratiquée au temps des cathédrales. Entre cette culture d’entreprise rhénane et protestante qui subsiste sur le site historique de Belfort et le management de la direction générale d’Alsthom à Paris, l’incompréhension et les erreurs de communication vont régulièrement saper l’édifice de l’entreprise.

La grève du centenaire, qui éclate le 27 septembre 1979 à Belfort, a forgé un état d’esprit dont on mesurera la pérennité aujourd’hui encore. Elle est née d’une profonde humiliation. Sourde à toute revendication alors que les salaires belfortains sont inférieurs de 30 % à ceux du Bourget depuis la création d’Alsthom-Atlantique trois ans plus tôt, la direction multiplie les erreurs. Elle fait repeindre l’usine, prévoit un banquet et propose à chaque salarié de choisir entre un stylo, une montre, une bouteille de cognac ou une médaille-souvenir.

Derrière le slogan « pas de médaille, le treizième mois ! », la réponse de l’intersyndicale est cinglante : l’usine symbole de la puissance ferroviaire et nucléaire de la France de Giscard est occupée pendant 58 jours, au nom de la dignité. De l’ouvrier au cadre, tous se mobilisent avec le soutien de la population. Près de 15 000 personnes défilent lors des opérations « ville morte » des 12 et 24 octobre, au son du célèbre « Chiffon rouge ». La gauche locale, qui est aux manettes, aide financièrement les grévistes, de même que les banques, tandis que la droite appelle au compromis. Jean-Pierre Chevènement, alors député, résume cet incroyable affrontement en une phrase : « A Belfort, on n’a pas l’habitude de courber la tête ». Et le préfet lui emboîte le pas : « Pour les Belfortains, Alsthom est le cœur de la cité ; l’usine leur appartient. » Le préfet connaissait peut-être la culture de la société industrielle de Mulhouse et la façon dont les protestants organisaient leurs entreprises en bien commun regroupant dirigeants et ouvriers.

Le premier prototype TGV 001 propulsé par une turbine à gaz, sortit des ateliers Alsthom de Belfort le 25 octobre 1971 avec un peu de retard. Au début de la grève du centenaire, un groupe de salariés en colère fit exploser la cabine de tête de la rame. Des syndicalistes empêchèrent le plasticage de la seconde cabine en intervenant à temps pour enlever les explosifs pris dans une carrière de la région. Après la réparation de la cabine endommagée, la rame put sortir discrètement de l’usine le 25 octobre mais la fête pour l’inauguration officielle de la sortie de ce prototype ne put avoir lieu. C’est cette motrice de tête qui est exposée au bord de l’autoroute à Belfort. Ce plasticage de la cabine du TGV 001 n’ a jamais été pardonné et oublié au siège Avenue Kléber du Groupe Alsthom. Pourtant, mis à part quelques jours de retard, cela n’a pas empêché cette rame de battre le record du monde de vitesse ferroviaire en traction autonome (318 km/h le 8 décembre 1972), record du genre qu’elle détient toujours en 2016. Le conducteur était un cheminot belfortain et le record fut battu sur la ligne des Landes.

Cet épisode unique en son genre pour défier une Direction générale parisienne, illustre à lui seul la volonté farouche des salariés de rester maître de leur travail, coûte que coûte. Cette appropriation affective se matérialise également dans la rue en 1994 et 1995, contre les menaces sur l’emploi affectant le consortium GEC-Alsthom. Et de façon plus insidieuse lorsque Alsthom perd son « h » en 1998, suite à une énième restructuration capitalistique. Ce « h » de l’ancienne Thomson alliée à la société alsacienne des débuts, est alors plus qu’une lettre. Pour les « Alsthommes », elle symbolise l’humain dans un empire industriel en déliquescence. Ce coup de « h » vécu comme une amputation donne même naissance à une pièce de théâtre.

Ce combat illustre la résistance des citoyens qui ont connu l’assurance solidarité et qui refuse de la voir disparaître sous les diktats de la finance et ses restructurations industrielles pour mieux développer la rentabilité de ses investissements financiers et servir outrageusement ses actionnaires en oubliant les salariés dont les compétences sont reconnues pourtant au niveau mondial.

La démarche d’assurance contre les risques en entreprises.

Cette démarche d’assurance se décline de nombreuses manières aujourd’hui dans la vie des entreprises qui se comportent plus comme des réseaux de compétences que comme des systèmes de pouvoir parfaitement inféodés au système économique capitaliste.

L’assurance se met en place lorsque les démarches de prévention sont nombreuses cohérentes et stratégiques.

Une société informatique qui vend des solutions à ses clients ( comme par exemple SAS ) a besoin de fidéliser son personnel et pour éviter les départs non souhaités, elle va certes améliorer les conditions de travail mais aussi ménager sa ressource vive : il n’est pas possible d’utiliser les ressources intellectuelles au-delà d’un certain temps. 32 heures par semaine suffisent lorsque le salarié peut aménager son temps de travail en fonction de sa disponibilité et de sa forme physique.

Pour qu’il puisse se concentrer sur son travail, il est judicieux de lui supprimer les tâches de la vie courante qui absorbent beaucoup de temps. Dès lors le lieu de travail devient un campus sur lequel se mêlent temps de travail et vie quotidienne, voire vie familiale lorsque des équipements de restauration, de garderie pour jeunes enfants, de sport et de détente se trouvent à proximité. Le salarié sera à son bureau 32 heures mais il sera présent sur le campus près de 50 heures par semaine et il pratiquera avec ses collègues, sa famille, les familles des collègues, un autre niveau de communication et d’échange de nature à préserver sa motivation et sa disponibilité pour la réussite de l’entreprise et de sa vie professionnelle.

Cette démarche d’assurance ne se limite pas à la vie d’une entreprise mais elle concerne l’ensemble de l’activité économique. Encore faut-il s’entendre.

Notre système économique fondé sur la propriété individuelle et la maximisation des profits se limite en fait à l’économie marchande. La pratique de la bancassurance mise sur pied par les industriels de Mulhouse est aujourd’hui interdite dans notre système économique capitaliste.

Chaque activité doit se gérer isolément : l’assurance doit réaliser son profit et l’industrie de même car à chaque étape l’état prélève des impôts et les banques leurs intérêts. Les bénéfices de la mutuelle d’assurance contre l’incendie ne peuvent plus être utilisés directement par les industriels pour développer leurs entreprises car ceci supprime une partie des impôts que l’état peut prélever.

De plus, cette logique n’est pas favorable au développement des banques d’affaires et elle est contraire à la spéculation sur les marchés financiers. Cette logique pourtant très efficace et tout aussi efficiente a le grand tord d’exclure l’état et d’écarter les banques traditionnelles.

La collectivité publique doit aussi se méfier de telles pratiques en réseau car le développement rapide et important des entreprises ainsi mises en réseau aboutit à des entités économiques capables de diriger la vie politique locale sans l’aide des politiciens professionnels qui animent le système politique représentatif.

Mais il faut remarquer que l’influence de la société industrielle de Mulhouse n’a rien à voir avec les pratiques des barons industriels de la métallurgie, en France comme en Allemagne qui devinrent rapidement des marchands de canons et vinrent soutenir les partis bellicistes dans la conquête du pouvoir politique, nous allons y venir.

Économie marchande et non marchande face à la recherche du profit.

Dans notre système de pouvoir, le choix des dirigeants a été d’éliminer autant que faire se peut l’économie non marchande ; l’économie repose avant tout sur l’économie marchande qui crée seule les richesses. L’économie non marchande et les administrations publiques étant financées à partir des prélèvements opérés sur l’économie marchande.

L’ouverture de l’économie non marchande créatrice de richesses est toujours refusée et interdite par des décisions de justice récentes, nous y reviendrons. De ce fait, la recherche du profit devient contraire à une logique d’assurance et de prévention.

Nous connaissons les lotissements immobiliers construits dans des zones inondables : les terrains ne valaient rien pour les paysans et construire des immeubles à cet endroit ne pouvait qu’apporter des bénéfices importants pour les promoteurs. L’indemnisation des sinistres suites aux inondations répétées représente vite une dépense insupportable pour les assurances et la collectivité.

Il y a des centaines d’autres exemples tout aussi calamiteux pour l’économie et la protection sociale. Plus loin dans cet essai, nous montrerons comment l’organisation en réseau résout les problèmes de fond de notre société : le chômage, le financement des dépenses de santé et de retraite, le logement, l’éducation et la formation, etc.

L’organisation en réseau n’utilise pas la distinction entre public et privé ni la distinction entre économie marchande et non marchande.

Elle repose sur un ensemble de projets qui convergent dans la réalisation des réponses apportées lors de la mise en place des valeurs de la culture définie par le groupe et nous savons que parmi ces valeurs, à travers l’alliance des contraires se retrouvent les valeurs de paix et d’amour.

Dès lors les groupes de résolutions de problèmes ne se limitent plus à des salariés mais s’étendent à des groupes de citoyens qui prennent en charge la vie de la communauté sur le plan politique économique et social. Les réseaux citoyens de vie s’organisent sur la base de mutuelles qui pratiquent l’assurance contre les risques et la prévention des risques et au-delà mettent en œuvre des processus de solidarité.

La logique de l’assurance dans la prévention des risques est simple à comprendre, le passage de l’assurance à la solidarité est tout aussi simple à expliquer mais dans les systèmes de pouvoir, il se heurte aux nombreux murs des intérêts particuliers des dirigeants du système. Ce groupe des dirigeants n’est pas homogène dans un système : les politiciens doivent résister contre les volontés des dirigeants économiques et financiers, les politiciens n’ont pas la même origine sociale, les mêmes ambitions politiques. Ces querelles n’existent pas dans les organisations en réseaux qui se fédèrent autour de projets communs.

Comment passer d’une logique d’assurance à une logique de solidarité.

L’échec de la Sécurité Sociale

L’échec le plus cuisant d’un système d’assurance qui n’a pas réussi à évoluer vers une organisation de solidarité est celui de la sécurité sociale en France. Dès 1945, les fondateurs de la Sécurité Sociale, Pierre Laroque et d’autres, indiquaient que très rapidement ces organismes de protection sociale devaient passer de la logique de l’assurance à la logique de la solidarité. Même s’il n’en a rien été à cause de l’opposition des dirigeants économiques, du patronat, et de l’ignorance souvent des représentants des salariés, nous y reviendrons, nous devons ici comprendre ce qu’apporte une logique de solidarité par rapport à une logique d’assurance.

La prévention des risques et la solidarité.

Nous avons vu comment la logique d’assurance dans l’industrie peut amener des économies capables d’assurer le développement d’un groupe d’entreprises. La réussite de ses efforts s’expliquent par la parfaite maîtrise des technologies de la part de ces ingénieurs qui ont créé leurs usines.

Les efforts de prévention ont surtout porté sur des changements d’attitude : employeurs et ouvriers ont trouvé un intérêt commun dans l’élimination du risque d’incendie, du coût de non qualité dans la production, dans le développement du pays. Les ressources utilisées dans cette lutte contre l’incendie étaient connues, il suffisait de les perfectionner et d’utiliser la formation du personnel.

La solidarité intervient justement quand ces solutions ne sont pas disponibles dans un environnement donné. Face à un risque qui survient, alors que le groupe n’est pas capable de dégager les moyens de prévention et surtout les solutions pour éliminer les conséquences de ce qui vient de se passer, pour trouver les moyens d’éviter que ce risque ne se reproduise, il faut trouver un savoir, il faut pouvoir disposer de connaissances nouvelles.

La solidarité est un partage de savoirs.

La solidarité n’est pas une question de moyens financiers mais une question de savoirs. Il s’agit de réaliser un partage de savoir dans des contextes et des environnements différents. La solidarité repose sur l’alliance des contraires. Celui qui travaille la terre est soigné et aidé par celui qui travaille au monastère et l’un nourrit l’autre sur le plan matériel et l’autre procure la nourriture immatérielle.

Pour poursuivre l’exemple de la société industrielle de Mulhouse, nous savons qu’au cours de la guerre de 1870, pour suivre la stratégie militaire alors en vigueur, le 6ème régiment de ligne de Mulhouse se replia sur la place forte de Belfort et les ouvriers de la ville industrielle apportèrent un renfort capital qui tint en échec les assiégeants allemands. Puis la SACM ( la société alsacienne de construction mécanique ) vint s’installer à Belfort à partir de 1879 pour échapper à l’occupant allemand.

La solidarité permet le développement des régions et l’éradication de la misère et de la faim, la résistance contre l’oppresseur.

Elle a permis à de nombreux peuples de vaincre les crises qui les menaçaient, alors pourquoi n’est-elle pas développer à son optimum en temps de paix, lors des périodes de croissance et de progrès ? Parce que la croissance ne peut être que confisquée, pillée par certains au détriment de tous les autres ?

L’exemple classique de la solidarité est bien connu : je ne te donne pas du poisson ni de l’argent pour en acheter, mais je t’apprends à pêcher.

Prêter un bien ou un matériel que l’autre n’a pas et dont il a besoin s’appelle également dans le langage courant, de l’aide ou faire preuve de solidarité. Mais lorsque nous disons que la solidarité doit être la suite logique de l’assurance et de la démarche de prévention, nous mettons en avant une autre question essentielle dans la société, dans les relations entre les groupes sociaux.

Un groupe qui arrive à développer son assurance va s’enrichir en gérant nettement mieux ses moyens et en évitant les gaspillages de ses ressources. Dès lors il peut se refermer sur lui-même pour préserver ses acquis. Nous sommes alors en présence du conservatisme et surtout d’un réflexe corporatif.

Il est évident que les fondateurs de la sécurité sociale en 1945 connaissaient cette difficulté, ce piège redoutable sur le plan social.

Les groupes de salariés ( les mineurs, les ouvriers des usines, les cheminots, les cadres, les fonctionnaires, les instituteurs, les paysans, etc. ) devaient au départ créer leurs propres mutuelles ou sociétés d’assurances sociales. Nous connaissons la mutuelle des instituteurs, etc. Ces mutuelles devaient ensuite se fédérer au niveau national pour faire preuve de solidarité avec les groupes sociaux plus défavorisés de manière à éradiquer la misère, le chômage et ces situations qui empêchent une société de se développer dans un progrès social.

Ce que l’un réussit sert ensuite à la réussite des autres car l’objectif est bien d’élever ensemble un niveau de vie, de savoir, de solidifier des relations sociales au sein d’un peuple puis entre les peuples pour éliminer les risques de conflits qui sèment la misère, la mort et la désolation parmi l’humanité.

Lutter contre la maladie, le handicap, les accidents du travail, l’absence de formation professionnelle, prendre en compte la maternité, les besoins physiologiques de repos et de vacances, la retraite, sont des objectifs pour tous les groupes sociaux qui utilisent des ressources et des méthodes communes : des hôpitaux, des crèches, des écoles, des maisons de retraite, des centres de formation, des centres de loisirs, etc.

Encore faut-il le vouloir sur le plan politique ! Nous reviendrons dans la seconde partie de cet ouvrage sur notre lecture des causes qui en France ont empêché ce passage, cette évolution de l’état assureur de la fin du 19ème siècle vers une république française solidaire. Nous pouvons déjà préciser que ce n’est pas aux salariés ou aux citoyens français de payer les dégâts de ces politiques politiciennes calamiteuses depuis plus d’un siècle.

La défense des profits des propriétaires des moyens de production et des intérêts de la bourgeoisie a justifié pour les dirigeants politiques le non financement d’un régime universel de Sécurité Sociale capable de réelles solidarités économiques et sociales. Chaque branche industrielle ou commerciale a financé son régime de sécurité sociale selon ses particularités financières et son niveau de risque d’accidents du travail. Il y a les branches riches : la chimie, la métallurgie à la période de la sidérurgie, les mines et des branches modestes comme le textile, la branche agricole…

La conséquence se retrouve aujourd’hui encore dans les régimes de retraite avec le principe de la décote entre les 4 grands régimes : Sécurité sociale, régime agricole, régime des salariés indépendants, régime de la fonction publique.

Par exemple : vous travaillez la moitié de votre période obligatoire de cotisations dans des entreprises et l’autre moitié dans la fonction publique comme professeur et formateur de futurs salariés. Votre pension de retraite Sécurité Sociale sera minorée d’une décote de 50% selon un barème et votre pension de retraite de la fonction publique, de même, aura une décote de 50% selon un autre barème. Vous avez travaillé pour obtenir tous vos trimestres obligatoires de cotisations mais vous avez changé de régime ! Ce n’est pas bien car la santé financière d’un régime vous impose de rester toute votre carrière professionnelle dans le même régime sinon il y a des cotisations qui vont manquer pour payer les pensions de ce régime de retraite.

C’est bien la preuve que ce système de retraite est corporatif, absolument pas universel, qu’il est la propriété des employeurs de ces régimes. L’état se dégage de sa responsabilité en commençant par admettre que c’est à chaque régime de retraite d’assurer son propre financement… au détriment de la mobilité professionnelle et de l’élévation du niveau des compétences, nous y reviendrons.

Chacun doit rester à sa place dans un système de pouvoir et changer de place n’est pas admis par les dirigeants d’un système de pouvoir. Pierre Legendre que nous avons cité dans notre chapitre introductif sur la mission du poète, l’avait bien compris et mis en lumière.

Mais rien n’a changé jusqu’ici et les syndicats jouent soit les aveugles soit les aveugles ignorants et sourds pour ne pas comprendre pourquoi ils ont été choisis pour participer à cette gestion paritaire de la Sécurité Sociale en prenant soin de ne pas contrarier les intérêts du patronat !

La conséquence directe de cette gestion des régimes de retraite sans solidarité est vécue par des millions de retraités. Le cas d’un de nos voisins est flagrant : il a travaillé en usine depuis l’âge de 16 ans, puis comme agriculteur et il a fini par se mettre à son compte comme bûcheron pour vendre du bois de chauffage. Donc 3 décotes : celle de la Sécurité Sociale, celle de la Mutualité Sociale Agricole, celle du RSI , Régime social des indépendants. Résultat : se pension de retraite est d’environ 800 euros par mois, soit environ 200 euros de plus que le RSA pour avoir travaillé tous les trimestres obligatoires requis, sans chômage. Pour le moment, à la retraite il continue à vendre du bois de chauffage en demandant à être payé en espèces, de manière à obtenir un revenu complémentaire. Mais le jour où il ne pourra plus travailler et vendre du bois… ?

Autant quitter ce système de pouvoir qui refuse la solidarité et préfère conserver farouchement son corporatisme et la domination conservatrice des élites issues de la bourgeoisie ancienne afin de préserver ses richesses et sa domination de la société française.

La solidarité dans la répartition des richesses.

Nous avons montré dans la Partie 2 le refus par les employeurs du partage avec les ouvriers des gains de productivité obtenus par le travail de tous. C’est la révolte des Canuts de Lyon dès 1830 mettra en lumière cette logique du système capitaliste, cette volonté des employeurs propriétaires privés des moyens de production de garder pour eux les richesses produites par le Travail. Rien n’a changé depuis.

Dans la vie des réseaux, la solidarité est l’aboutissement du processus de production et de répartition des richesses.

Nous présentons sur fileane.com les institutions politiques, économiques, sociales et culturelles des Réseaux de Vie.

La solidarité n’intervient pas uniquement au moment de la répartition des richesses comme dans la conception actuelle retenue dans nos systèmes de pouvoir. Elle n’a rien à voir avec un niveau d’organisation de la charité.

La solidarité intervient tout au long du processus, à chaque fois qu’un groupe possède une connaissance ou un savoir-faire qui est capable d’aider un groupe différent dans le besoin. Au niveau économique, la démarche Qualité Totale permet le calcul du Coût d’obtention de la Qualité (COQ) et la transmission de cette solution optimale à d’autres Équipes de Projets de Vie permet de calculer le Coût d’obtention de la Solidarité (COS).

La performance est d’autant excellente que l’apport d’une solution optimale par un autre groupe se réalise lors de la définition des finalités d’un projet à travers l’étape de l’alliance des contraires. Le groupe peut alors passer directement à l’adaptation de cette solution à ses particularités locales. Ce qui représente une économie de temps et de ressources.

La solidarité augmente les gains de productivité.

Les sources de gain de productivité sont alors l’élévation du niveau des compétences et un changement de structure dans l’organisation et la prise de décision, sans oublier la possibilité des synergies puissantes.

La solidarité peut être matérielle, intellectuelle, spirituelle, artistique, sportive, financière. Une fois les solidarités mises en place, les normes de vie sont en mesure de gérer les biens communs et une monnaie pleine, sans dettes. Dans notre quatrième partie nous montrerons comment nous entendons mettre en place ces nouvelles solidarités au sein des organisations en réseau dans le cadre d’un Art de Vivre dans une civilisation humaniste.

Nous avons développé ce cas du développement de la société industrielle de Mulhouse. Son élimination par les dirigeants du système capitaliste, par le patronat français et les gouvernements à sa solde, se poursuit essentiellement à travers les récentes attaques contre le groupe Alsthom et son site historique de Belfort où subsiste les vestiges de la culture rhénane, humaniste et protestante, de la société industrielle de Mulhouse.

Les gains de productivité obtenus par la culture rhénane et protestante de la société industrielle de Mulhouse ont permis la capitalisation d’un patrimoine industriel remarquable et les richesses produites par le travail sont restées sur place et elles ont été largement partagées au niveau social et culturel. Ce management n’a rien à voir avec le capitalisme pur et dur et l’accaparement par les propriétaires privés des moyens de production, des richesses produites par le travail de tous.

Ce qui explique que l’exemple de la société industrielle de Mulhouse est resté isolé et n’a pas servi d’exemple pour développer d’autres régions industrielles. Cette culture politique, économique, sociale et culturelle d’origine protestante est toujours combattue et occultée en France et ailleurs.

Les deux piliers qui en sont issus, Alsthom et Alcatel, seront dans les années 1970, le socle du groupe industriel CGE dont le développement après 1945 a été soutenu par l’utilisation de la monnaie pleine, sans dettes, créée par la Banque de France, nationalisée depuis 1945, monnaie pleine qui a financé la reconstruction puis le développement industriel et économique, social du pays. Nous avons présenté cet exemple dans le chapitre précédent sur les Équipes de projets de Vie

Nous l’avons aussi évoqué dans le discours du poète à la ville libre de Belfort rédigé au printemps 2019 lors des manifestations contre les mesures de démantèlement des compétences dans le domaine des turbines à gaz.

Une limite à la solidarité : l’écart entre les technologies, exemple le brevet sur les écrans à cristaux liquides LCD de Thomson-CSF.

A côté de ces risques liés au développement des technologies, comme le risque incendie lié à l’explosion des machines à vapeur dans les années 1810-1820, se trouve le risque lié à l’ignorance ou à l’impossibilité d’utiliser un brevet parce que l’innovation est trop en avance par rapport à la technologie disponible.

Et ce risque lié à une révolution technologique mal conduite est considérablement augmenté par l’ignorance ou les erreurs d’appréciation des dirigeants politiques. En France nous sommes hélas jusqu’ici coutumier du fait.

Ce cas est illustré ici par l’utilisation du brevet sur les écrans à cristaux liquides en 1990 chez Thomson-CSF. Comme dans le cas de la société industrielle de Mulhouse, nous retrouvons ici des erreurs de management et des décisions politiques catastrophiques qui aboutiront à la non utilisation de ce brevet dans l’industrie française et la perte d’une réelle opportunité pour développer une production grand public au niveau mondial.

Nous résumons ici le cas Thomson présenté dans la partie Formations de fileane.com que le lecteur voudra bien parcourir pour plus de précisions et d’approfondissements.

Au départ, il y a un brevet sur les écrans à cristaux liquides, écrans plats, mis au point en 1960 par la société japonaise SHARP et la société américaine RCA, leader mondial des télévisions à écrans cathodiques. Des années 1960 jusqu’à l’arrivée des micro ordinateurs équipés de calculateurs avec des microprocesseurs puissants, ce brevet n’a pas pu être utilisé, notamment sur les gros systèmes informatiques IBM ou autres. Le calculateur central même très puissants ne pouvaient pas gérer en même temps les milliards de pixels des milliers d’écrans qui lui étaient connectés.
Fin des années 1980, avec l’arrivée des microprocesseurs puissants, il devient possible d’utiliser des écrans plats avec les nouveaux micro ordinateurs. Ceci intéresse les équipes de projets qui développement les systèmes d’armes avec des écrans embarqués sur des avions, des sous-marins ou tous types d’équipements militaires.

En France, Thomson-CSF développe notamment les systèmes d’armes pour le Rafale et les nouveaux SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Les experts du groupe savent que ce brevet sur les écrans plats devient indispensable et le développement de la télévision 16/9, l’amélioration de la qualité d’image des écrans de télévision, autres projets du groupe Thomson grand public, tout pousse la Direction Générale à saisir l’opportunité du rachat de RCA, géant industriel de la télévision mais dont les financiers ne veulent pas supporter les coûts énormes de sa mutation technologique ou tout simplement parce qu’ils ignorent que RCA possède le fameux brevet sur les écrans à cristaux liquides.

Aussitôt le rachat de RCA conclu en 1988, les premiers écrans à cristaux liquides sont produits dans les salles blanches de Saint-Égrève, près de Grenoble. Nouvelles salles blanches car les anciennes sont envoyées dans d’autres laboratoires du groupe et notamment à Sophia-Antipolis. En 1990, les écrans à cristaux liquides sont utilisés pour le Rafale et la salle de commandes des SNLE. Mais il semble que cette production va s’arrêter là dans le cadre du secret militaire qui entoure ces programmes d’armements ou du moins qu’une version grand public n’ait pas été mise en œuvre.

Il est vrai que le surcoût de ces équipements disposant de ces nouvelles technologies par rapport au cahier des charges plus ancien qui sert de base au financement public a tout de suite posé de sérieux problèmes politiques au gouvernement qui depuis 1973, ne peut plus demander à la Banque de France un financement en monnaie pleine, du moins en Bon du Trésor mis à la disposition du gouvernement sans intérêts.

C’est bien sur ce point que se trouve probablement la cause de la non utilisation de ce brevet sur les cristaux liquides dans la production d’écrans plats pour les autres équipements industriels et le grand public. Les gouvernements n’ont pas voulu emprunter pour financer le développement de ces nouvelles technologies, échaudés certainement par la dévaluation du Franc en 1983 et la volonté présidentielle de réussir la mise en place de l’euro avec des politiques de Franc fort durant les années 1990.

L’ignorance sur l’évolution des nouvelles technologies a plongé les décideurs politiques dans le scandale que représente l’abandon de l’occasion unique pour la France de devenir un leader mondial des écrans plats.

Est-ce que les dirigeants de la haute-finance étaient au courant et en ont profité pour que notre pays sombre dans ce scandale, que cette production d’écrans plats serve à d’autres groupes industriels privés et qu’ils contrôlaient directement comme Philips au Pays-Bas ? Cette marque fut bien la première en Europe à présenter début des années 2000 des écrans à cristaux liquides en partenariat avec le groupe coréen LG Electronics.

Le refus en 1997 du Président de Thomson, Thierry Breton, de lancer une production d’écrans à cristaux liquides pour les CEA et les centrales nucléaires françaises d’EDF, erreur de management monumentale, a certainement alerté les concurrents et notamment SHARP qui possédaient la copropriété de ce brevet, d’où le développement de cette production par les concurrents directs de Thomson… qui eux ont trouvé les sources de financement auprès des banques et de la haute-finance, mais pas le groupe industriel public français dont les dirigeants politiques et le patronat ne souhaitaient que sa disparition et sa vente par appartements à des investisseurs privés.

Il est vrai que depuis 1973 et l’abandon du financement de l’économie par le circuit des Bons du Trésor et cette quasi monnaie pleine, l’obligation imposée aux gouvernements européens de se financer sur les marchés financiers et auprès des banques centrales privées de l’oligarchie financière anglo-saxonne, a condamné les entreprises publiques notamment françaises à demander des aides publiques importantes pour assurer leurs investissements.

Ainsi vont les affaires dans le système de pouvoir capitaliste libéral. Les gouvernements de droite ne voulaient plus verser un seul Franc dans des entreprises publiques qui n’avaient que des dettes, argument fallacieux pour mener la politique de privatisation pour laquelle ils avaient été élus… et payés par l’oligarchie financière anglo-saxonne.

Ces deux exemples de ce qui fut les groupes CGE et THOMSON illustrent ce que les institutions politiques des Réseaux de Vie ne vont pas faire et ne pas ordonner de faire à leurs institutions économiques et sociales.

La solidarité est garantie dans l’utilisation de la Monnaie pleine et des lettres de changes ou des Bons de travail

Le droit commercial actuel prévoit la solidarité à travers l’aval d’une lettre de change. Le porteur de la lettre de change (le tireur) pour être protégé en cas de non paiement par le tiré peut demander un aval de cette lettre de change par une caution qui s’engage à venir en aide au tiré pour payer à sa place, si c’est nécessaire.

Dans le fonctionnement d’une monnaie pleine, la circulation d’un Bon de Travail ou d’une lettre de change indique la nature du travail et la somme prévue pour réaliser ce travail. Plusieurs intervenants peuvent participer à cette réalisation. La lettre de change présente alors les différents coupons destinés à chacun de ces intervenants.

Dans le cas ou l’un d’eux est défaillant suite à un détournement de la somme qui reste pour l’achèvement du travail, n’importe lequel des autres intervenants peut agir contre lui et ceux qui sont en aval, c’est à dire ceux qui devaient intervenir après l’intervenant défaillant, ont un droit pour demander à l’un des intervenants en amont de payer pour qu’ un autre intervenant remplace cet intervenant défaillant.

En principe ce sera l’intervenant qui a déjà réalisé sa part de travail et qui a été payé lors de l’escompte de son coupon par la banque de la Ville libre qui assurera immédiatement le remplacement de l’intervenant défaillant et le paiement du travail prévu à cette étape. Lors de l’achèvement du travail, tous les intervenants viendront partager les coûts supplémentaires de ce remplacement et tous agiront en justice pour faire condamner l’intervenant qui a commis ce détournement de la somme qui lui était allouée. Avec la somme obtenue lors de cette condamnation, chacun sera remboursé du coût supplémentaire qu’il aura supporté.

Dans le cas où l’intervenant est défaillant et qu’il peut s’exonérer de sa responsabilité civile et professionnelle, les autres intervenants peuvent être appelés ensemble pour éliminer ce dysfonctionnement et pour que la suite de la réalisation du travail puisse avoir lieu. Nous sommes ici dans la cadre d’une responsabilité in solidum de l’ensemble des intervenants prévus pour réaliser le travail. L’objectif recherché est l’entraide entre ces différents intervenants pour que tous n’aient pas à supporter des dépenses supplémentaires à cause de l’un ou de plusieurs d’entre eux.

D’où l’obligation dans une équipe de projet de travailler ensemble tout au long de sa réalisation.

L’utilisation de la monnaie pleine apporte comme avantage pour cette équipe de projet que chacun des membres n’a pas besoin d’apporter un apport financier pour payer les équipements et les consommations intermédiaires avant d’être payé à la fin de sa part de travail. Le projet validé par l’assemblée locale de l’action politique et budgété par la ville libre ou la Confédération permet ensuite de créer le Bon de Travail ou la lettre de change avec ses différents coupons. Ceci élimine les besoins en financement et les questions de Trésorerie. Nous ne sommes plus dans le cadre de la propriété personnelle privée mais bien dans le cadre de la propriété commune.

Nous verrons plus loin le chapitre sur la création et la gestion de la Monnaie Pleine, sans dettes.

La mise en place de l’assurance et de la solidarité dans la production des richesses dans le cadre des Réseaux de Vie :

Étape 1 : lister les principaux risques et prévoir une garantie financière en cas de sinistres.

Cette garantie est provisionnée en fonction du travail, des compétences, des ressources nécessaires pour éliminer le risque et/ou réparer les sinistres qui sont survenus. En clair, il s’agit de planifier la charge de travail que devra assurer l’équipe de projet pour éliminer les dommages subis ainsi que les aides extérieures nécessaires. Lorsque ce travail sera réalisé, sa rémunération aura lieu en monnaie pleine. Dans le cas où ces risques auront été évités ou leurs conséquences minimisées, l’équipe de projet réalise une économie sur son budget et ce profit, à la fin du projet, servira de financement pour un autre projet ou la poursuite de ce projet avec des objectifs plus importants, ce qui va limiter le besoin en création monétaire pour financer de nouveaux équipements ou de nouveaux investissements.

Nous verrons plus loin l’utilisation du Plan comme instrument majeur dans les Réseaux de Vie pour piloter l’activité humaine dans la production et la répartition des richesses tout comme dans l’organisation du travail et l’élévation du niveau des compétences. Ce Plan est évidemment aussi l’outil de gestion de la Monnaie pleine, sans dettes. Nous y viendrons.

Étape 2 : le risque important, grave et mortel doit être écarté

soit définitivement car il constitue une menace sérieuse pour la vie et la survie, soit temporairement car l’innovation ne peut être utilisée par les technologies en fonction des connaissances actuellement disponibles, il s’agit d’évaluer le travail et les ressources nécessaires pour mettre hors d’état de nuire, ce brevet, cette innovation, cette technologie, ces connaissances nuisibles pour la vie et la survie.

Ce risque découvert au cours de la réalisation d’un projet dans le cadre d’une production de richesses fait l’objet d’une saisine des institutions politiques des Réseaux de Vie : Garde Nationale et Défense militaire, équipes de projets de vie, villes libres, confédération.

Ces institutions politiques à travers l’action politique des citoyens définissent les conditions dans lesquelles ce risque et ces connaissances sont mises au secret et à l’écart ainsi que les moyens juridiques et militaires pour défendre cette mise à l’écart du savoir et ce secret.

Nous sommes ici en présence de cette politique fondée sur nos deux sources de savoir pour mettre l’épée sous la garde du sacré, politique déjà pratiquée dans l’Antiquité dans les temples du bords du Nil ou dans les clairières des forêts par les druides celtes. Le travail et les ressources nécessaires pour réaliser cette politique de mise à l’écart des risques que l’on ne peut éliminer et minimiser sont financés par l’utilisation de la monnaie pleine, sans dettes.

Cette mise à l’écart et au secret des technologies les plus nuisibles et destructrices pour la Vie sur Terre n’est pas mise en place dans les systèmes de pouvoir. Au contraire leurs dirigeants s’abandonnent dans une course aux armements sans limites spécialement dans le domaine nucléaire.

L’idéologie néo libérale dirigée par la secte des puritains anglo-saxons ne se cachent plus dans l’Agenda 2030, par exemple, pour expliquer comment elle entend reprendre les thèses malthusiennes criminelles pour réduire drastiquement le niveau de la population humaine et celle de certains animaux, afin de garantir aux élus qui suivent leurs directives divines les possibilités de vivre en paix sans être menacés par les réprouvés qui ne suivent pas leurs directives divines.

Pour limiter le niveau de la population, la tyrannie médicale ne se limite plus à la réduction des moyens de la médecine et à la désorganisation des hôpitaux. Elle utilise les armes biologiques et génétiques développées par les géants de la pharmacie dont ils sont propriétaires actionnaires.

Nous présenterons cette histoire de la tyrannie médicale et de ses armes dans la Partie 2 Le fonctionnement des Systèmes de Pouvoir. Cela va des OGM, à l’utilisation de virus ou à l’utilisation de productions industrielles alimentaires nocives à la Santé.

Étape 3 : La diffusion de la solution optimale

et des connaissances qui la composent, est une des responsabilités des institutions politiques, notamment de la Confédération qui gère la documentation technique et rassemble les décisions prises dans les Réseaux de Vie pour la satisfaction des besoins de leurs membres.

Cette documentation comprend la solution optimale et ses adaptations aux particularités locales réalisées jusque là. Cette documentation est gratuite pour les membres de la Confédération des Réseaux de Vie et correspond à l’économie du don.

Les demandes adressées à la Confédération par des organisations extérieures sont étudiées et satisfaites en échange de la signature d’un Traité de Paix avec la Confédération et les contreparties participent au développement politique, économique et social de l’ensemble des parties prenantes aux Traités de Paix.

La diffusion et l’échange de connaissances mettent en pratique la solidarité développée par les Réseaux de Vie. L’évaluation des économies et des bénéfices apportés par la solidarité est portée au bilan des institutions politiques qui les ont réalisés puis ces évaluations sont consolidées au niveau de la Confédération.

Étape 4 : L’évaluation du coût d’obtention de la solidarité

Nous sommes alors ici dans le cas d’une évaluation du coût d’obtention de la solidarité qui rassemble et comptabilise le travail, les compétences et les ressources utilisées, y compris militaires, pour éliminer cette menace. Un solde entre bénéfices de la solidarité réalisés en interne et coût d’obtention de la solidarité en externe est annuellement établi par la Confédération. Il sert à définir les axes de développement des Réseaux de Vie contre les systèmes de pouvoir à travers la planète Terre et son actuelle humanité.

Ce calcul du Coût d’Obtention de la Solidarité est présenté dans le chapitre sur la Démarche Qualité Totale.

Schéma de synthèse

pour présenter l’articulation entre les étapes de la prise de décision, les institutions politiques et les institutions économiques au niveau de la gestion des risques et des menaces pour arriver à développer la solidarité et nous protéger.

Étape de la prise de décision


Institutions politiques

Institutions économiques

la mesure des risques



l’alliance des contraires



l’assurance

la solution optimale

la subsidiarité


la solidarité

Le développement de l’Assurance contre les risques puis le développement de la Solidarité qui partage la solution optimale et son adaptation aux particularités locales, sont donc les principes de base des Institutions économiques. Nous pouvons maintenant poursuivre cette présentations des différentes Institutions économiques.

La démarche Qualité Totale, chapitre suivant, applique cette prise en compte des risques et des dysfonctionnements pour mettre en place des mesures de prévention et des investissements pour les éliminer. Cette solution optimale obtenue par une équipe de projets de vie est ensuite partagée à qui en a besoin et la Confédération gère une documentation technique qui rassemble tous ces progrès dans le développement des Réseaux de Vie.

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