La flibuste
Les marins français et anglais, hollandais contre les espagnols et les portugais
Le pape interdit aux vikings normands de continuer à aller en Amérique.
C’est à la suite du Traité de Tordesillas de 1494 que les marins français, anglais et hollandais furent interdits dans le nouveau monde par la papauté romaine. Ils ripostent et organisent la flibuste en capturant les bateaux portugais et espagnols puis en attaquant dans les îles des Antilles, les colonies de ces deux pays.
L’origine de cette situation remonte au commerce mené par les vikings puis par la flotte des chevaliers du Temple avec le Mexique et les Andes. La papauté qui participa à la destruction de l’ordre du Temple a su rapidement que la civilisation des Andes autour de Tiahuanaco portait un savoir qui contredisait la Bible sur l’explication de l’origine de l’humanité et sur la connaissance de l’univers.
Cette connaissance des civilisations des Andes diffusée par les moines et les chevaliers templiers n’avait pas disparu chez les marins et lorsqu’elle fut redécouverte par les Espagnols et les Portugais, la menace redevint insupportable pour les dirigeants de l’ Église catholique romaine.
Les Espagnols qui venaient de se libérer de l’occupation arabe ne connaissaient apparemment pas l’histoire qui contredit la Bible et les Portugais avaient conservé les cartes maritimes apportées dans leur pays par une partie de la flotte templière qui y trouva refuge après la destruction de l’ordre du Temple en France le vendredi 13 octobre 1307 par le roi de France, Philippe le Bel. Les Portugais connaissaient ainsi le Nouveau Monde.
Pour braver cette interdiction imposée par la papauté de Rome et ce monopole du commerce avec le nouveau monde accordé aux espagnols et portugais, les marins français héritiers de la flotte templière et vikings, depuis les ports de Normandie et de Bretagne, firent la chasse aux navires espagnols et portugais. Dès les voyages de Christophe Colomb vers les Amériques, les navires français suivirent à la trace les navires espagnols car les français connaissaient la route directe, la route des alizés empruntée par les navires templiers basés dans le port de la Rochelle avant leur départ pour le Portugal, l’ Écosse et le Mexique durant l’automne 1307.
La conquête de l’Amérique centrale puis de l’Amérique du sud
À partir de ces bases des Grandes Antilles, les Castillans lancèrent toutefois des expéditions de reconnaissance le long du littoral de l’Amérique centrale. L’une d’entre elles menée par Hernan Cortés conduit, au début des années 1520, à la conquête du puissant et prospère royaume des Aztèques. À la suite du Mexique, les Castillans se rendirent maîtres de toute l’Amérique centrale, du Mexique jusqu’au Venezuela.
La conquête du Pérou et du Chili, suivant une vingtaine d’années plus tard celle du Mexique, rapporta encore plus d’or, et surtout d’argent, que la première. Toutes ces conquêtes et découvertes attirèrent évidemment les convoitises des adversaires de l’Espagne, en tête desquels se trouvaient la France et l’Angleterre, exclues de ces riches terres par le pape lui-même.
En effet, dès 1481, par la bulle Aeterni regis, le pape avait alloué au Portugal toutes les terres situées au sud des Canaries. En 1493, un amendement à cette bulle accorda au Portugal toutes les terres situées à l’est du méridien passant par le 38e degré de longitude ouest, et à l’Espagne toutes les terres situées à l’ouest de ce méridien pour profiter des découvertes de Colomb. Mais, dès l’année suivante, le traité de Tordesillas reportait cette ligne au 46° 37′ ouest, ce qui permettra par la suite au Portugal de revendiquer le Brésil.
Les richesses des Amériques attirent les nations européennes.
À l’origine de la flibuste, il y eut le commerce, la volonté des nations européennes à trouver une nouvelle voie à destination des Indes et de ses richesses: or, soie, épices et pierres précieuses.
Déjà, dans les premières décennies du XVe siècle, sous l’impulsion de l’un des fils du roi, le prince Enrique, le Portugal avait entrepris l’exploration des côtes occidentales de l’Afrique et probablement aussi du Brésil. Mais le passage vers les Indes par le cap de Bonne Espérance, à l’extrémité sud du continent africain, n’allait être emprunté, pour la première fois par des Européens, qu’à la toute fin du siècle, vers le même moment où un navigateur d’origine génoise, qui avait naguère servi le Portugal, venait de «découvrir les Indes» en traversant l’Atlantique vers l’ouest.
Les Indes occidentales et les Indes orientales
La découverte des Indes occidentales (les futures Amériques), baptisées ainsi par opposition aux Indes orientales (les Indes véritables), désappointa d’abord les promoteurs de l’entreprise, les souverains des royaumes de Castille et d’Aragon, rivaux commerciaux immédiats des Portugais.
Ces nouvelles terres, ou plutôt îles, découvertes par le Génois Cristóbal Colón (Christophe Colomb), étaient pauvres et les populations qui y vivaient étaient fort primitives au goût des nouveaux venus. Il y avait certes un peu d’or, mais rien pour remplir les coffres de la Couronne, juste assez pour les Castillans qui colonisèrent peu à peu les plus importantes de ces îles (Hispaniola, Cuba, Jamaica et Puerto Rico), dont ils asservirent les habitants.
Les marins français organisent la flibuste .
C’est ainsi que les Français décidèrent de se mettre à “courir sus” aux Espagnols et aux Portugais sur les deux grandes voies maritimes des Indes occidentales et orientales. Des particuliers, comme le Français Jean Ango, armèrent en course.
Les navires qu’ils allaient intercepter transportaient des cargaisons fabuleuses.
En 1523, au large des côtes d’Espagne, Jean Fleury, capitaine valeureux au service de Jean Ango, attaqua une flottille de trois caravelles espagnoles.
Elles transportaient une partie du butin que Cortez avait pillé aux Aztèques
Celui-ci pesait plusieurs tonnes et était composé de trois énormes caisses de lingots d’or, de 230 kilos de poudre d’or en sacs, de 310 kilos de perles, de nombreuses caisses d’argent, de coffrets de bijoux incrustés de pierres précieuses, d’émeraudes, de topazes, de vaisselle d’or et d’argent, d’idoles enchâssées de pierres précieuses, de masques en or, de milliers de larges plaques d’or, de bracelets, de boucliers et de casques aztèques ainsi que de statues d’animaux du Nouveau Monde, de vases et de miroirs d’obsidienne polie…
En plus du trésor inouï transporté, Jean Fleury s’appropria le rapport de Cortez sur sa conquête du Mexique et ce qui avait une valeur énorme à ses yeux – les cartes marines des pilotes espagnols, si précieuses pour organiser d’éventuelles expéditions aux Indes occidentales. Cortez n’avait pas jugé nécessaire d’armer ses trois bâtiments. Pour comble de malheur, l’escorte de navires de guerre, chargée de les protéger sur la fin de leur traversée, les attendait seulement au large du cap Saint-Vincent.
Les navires espagnols et portugais doivent être armés et accompagnés
Apprenant ce désastre, la Casa de Contratacion interdit aux navires de moins de cent tonneaux de traverser l’océan. Ceux qui prendraient la mer devaient, dorénavant, être armés d’au moins quatre grosses pièces d’artillerie “avec seize canonniers pour les servir, plus vingt six soldats munis de lances, d’épées, d’espingoles et de cuirasses”.
Les vaisseaux qui transporteraient des cargaisons précieuses devaient, en outre, être escortés par des galions.
Les flibustiers s’installent dans les Antilles
Les récits colorés exaltant les splendeurs et l’enchantement des nouvelles découvertes exerçaient un irrésistible effet de séduction. Une multitude d’hommes, épris de liberté, cruels mais courageux, allaient affluer vers les Antilles, fuyant les guerres civiles qui ravageaient l’Europe.
Les déshérités et mécontents de toutes classes, les victimes des impôts royaux et de la servitude militaire allaient créer un exode continu que les grandes puissances maritimes comme la France, l’Angleterre et la Hollande facilitèrent comme étant un premier pas vers la conquête, tout au moins commerciale, des régions convoitées et dont elles avaient été spoliées.
La bravoure des flibustiers
On les appela les “flibustiers”, ce nom venant du hollandais “vrijbulter”, littéralement “libre faiseur de butins”. Libres, les flibustiers le resteront jusqu’à ce que la France, la Hollande et l’Angleterre, lasses des exactions commises en leur nom, en prirent ombrage et les forcèrent soit à rentrer dans le rang, soit à gagner le maquis de la mer, devenant ainsi, jusqu’à leur mort, des pirates. Durant un siècle, de 1630 à 1730, ils allaient graver en lettres de sang et d’or leurs actes de bravoure, provoquant ouvertement la fière Espagne, alors au faîte de sa puissance.
Un autre type d’hommes cohabitait avec les flibustiers, c’étaient les boucaniers. Ils avaient hérité de la coutume des Indiens Caraïbes qui coupaient en morceaux leurs prisonniers et les faisaient rôtir et fumer sur un feu de charbon de bois. Ils nommaient leur bûcher “barbacoa”. Ce mot deviendra “barbe-à-queue” et donnera, avec l’accent cow-boy, “barbecue”. Les chasseurs européens qui utiliseront les même méthodes, mais pour des pièces de viande de vache ou de cochon sauvage saupoudrées de sel, seront donc appelés les “boucaniers”.
Le repaire de l’île de la Tortue
Tous ces marins aventuriers français, hollandais et anglais unis par une haine commune pour la couronne d’Espagne se trouvèrent rapidement un repaire qui deviendra leur nouvelle patrie, la fameuse “île de la Tortue”. Située à 10 kilomètres au nord de Haïti, cette île, de 37 kilomètres sur 5, avait été baptisée ainsi par Christophe Colomb lui-même en raison de sa ressemblance avec la carapace du reptile.
Les premiers aventuriers
En juin 1522, maître de Mexico, Cortés avait dépêché un bâtiment chargé d’une bonne part du trésor personnel du roi aztèque Moctezuma, dans le but de se gagner la faveur du jeune roi d’Espagne, l’empereur Charles Quint.
Giovanni Verrazano, navigateur et corsaire florentin au service de la France.
Mais, entre les Açores et l’Espagne, ce navire fut capturé par Giovanni Verrazano, navigateur et corsaire florentin au service de la France. Financé à Dieppe par Jean Ango, l’objectif du voyage de Verrazano était beaucoup plus ambitieux: la découverte d’un nouveau passage par l’ouest vers la Chine et l’Inde, par l’Amérique du nord.
La capture du vaisseau espagnol n’étant apparemment qu’un incident de parcours, Verrazano retourna à Dieppe d’où il repartit en janvier 1524 à dessein d’explorer les côtes des futures colonies anglaises de Caroline et de New York, remontant probablement au nord jusqu’en Acadie. Un troisième voyage le conduisit aux Petites Antilles, ces «islas inutiles» que les Espagnols n’avaient pas daignées occuper et avaient abandonnées à leurs habitants, les Indiens Caraïbes, qui ont d’ailleurs donné leur nom à la Méditerranée américaine. Là, en 1528, sur l’une de ces îles, la Guadeloupe, le navigateur trouvait la mort aux mains de ces farouches guerriers.
John Rout, un capitaine anglais
Verrazano n’était sûrement pas le premier marin non-espagnol qui se risquait dans la mer des Caraïbes. En effet, l’année précédent la mort du Florentin, un capitaine anglais, John Rout, dont l’aventure est, de loin beaucoup plus intéressante, s’y était rendu.
Après une expédition aux côtes de l’Amérique du Nord, en quête lui aussi d’un passage vers la Chine, Rout s’était dirigé vers les Antilles et s’était présenté, à la fin de 1527, dans le port de Santo Domingo. Les Espagnols se montrèrent assez amicaux envers les Anglais et auraient même eu l’intention d’acheter les marchandises de ceux-ci. Mais, du fort, quelqu’un tira un coup de canon assez prêt du vaisseau anglais pour que Rout prenne le large. Les Anglais revinrent cependant quelques jours plus tard et débarquèrent, au nombre de 30 ou 40 hommes armés, à proximité de la ville. Ils voulurent alors échanger leurs marchandises contre des vivres, ce que les habitants espagnols leur refusèrent. Sur cette réponse, Rout et ses hommes pillèrent la plantation où ils se trouvaient puis se rembarquèrent en promettant de revenir en plus grand nombre se venger de cet affront.
Ce premier de contact entre les Espagnols et des marins d’une autre nation européenne en Amérique laisse déjà entrevoir certains aspects des relations qu’entretiendront en temps de paix, au siècle suivant, les flibustiers et les Espagnols. En effet, selon les lois castillanes, tout bâtiment étranger qui allait commercer avec les colonies américaines et qui ne détenait pas de permis émis par la couronne espagnole était considéré comme un pirate.
Voilà pourquoi, certains capitaines anglais et français, dont le but premier est en fait le commerce, passeront rapidement aux représailles dès que les autorités coloniales, soucieuses d’appliquer la législation de la métropole, leur refuseront d’exercer cette activité légitime.
Les corsaires français
Les premiers aventuriers étrangers à tenter fortune en Amérique ne furent pourtant pas tous des contrebandiers. La France étant alors en guerre contre l’Espagne, les corsaires du premier de ces deux royaumes commencèrent à apparaître nombreux dans les Antilles dans les années 1530.
Les marins normands et bretons possèdent déjà une longue tradition des voyages lointains.
Pour la plupart, ils armaient dans les ports de Normandie, à Dieppe plus particulièrement tout comme leur prédécesseur Verrazzano, et aussi dans ceux de Bretagne. Ces marins normands et bretons possèdent déjà une longue tradition des voyages lointains. Avant même l’an 1500, probablement à la suite des Portugais, ils fréquentaient les côtes du Brésil pour y chercher notamment une essence de bois servant à teindre les étoffes en rouge, appelée d’ailleurs «bois de brésilet» et qui aurait donné son nom au pays.
Pour gagner l’Amérique espagnole, les corsaires français, fort de leur expérience brésilienne, se rendaient d’abord aux îles du Cap Vert, passaient par le Brésil et la Guyane puis, par les Petites Antilles, entraient dans la mer des Caraïbes. Une fois là, non seulement ils prenaient des bâtiments espagnols mais ils se lançaient à l’attaque des bourgs et des petites villes côtières qui étaient encore très mal défendues.
En 1537, une bande de corsaires français mit ainsi à sac Nombre de Dios, dans l’isthme de Panama, et fit une descente dans les Honduras. Trois ans plus tard, ce fut au tour de San German, à Porto Rico, d’être pillée. Plus audacieux, 300 aventuriers s’emparaient de Cartagena, en janvier 1544, faisant 35 000 pesos de butin en or et en argent seulement, étant toutefois moins chanceux devant La Havane, d’où ils durent se retirer après avoir perdu 15 des leurs; tout comme 80 de leurs compatriotes qui furent repoussés devant Santiago de Cuba.
À partir du traité de Cateau-Cambrésis (1559) mettant fin aux guerres en Italie entre l’Espagne et la France, il fut admis par les deux nations que les particuliers français pourraient aller tenter la fortune en Amérique espagnole, à leurs risques et périls, sans que cela ne compromette pour autant la paix en Europe.
Ce principe, probablement déjà appliqué dans les années 1540, est résumé dans l’expression contemporaine: «Pas de paix au-delà de la ligne des Amitiés». Cette «ligne» est en fait le méridien passant par l’île Ferro, l’une des Açores, à l’ouest de laquelle tout devient permis pour les aventuriers. Elle va servir de caution aux agressions armées commises, en temps de paix, contre les colonies espagnoles en Amérique par les aventuriers français et anglais, qui ne seront pourtant pas tous des corsaires.
François TRÉBUTOR Flibustier français originaire de Dieppe.
Considéré comme le «meilleur pilote qui soit en Amérique», il reçut (28 juil. 1669) une commission de M. d’Ogeron, commandant alors la frégate La Sainte-Catherine, armé par deux marchands de la Tortue et le gouverneur lui-même. Sorti de l’île en compagnie du capitaine Gascon, il captura (juin 1670) un navire portugais, venant d’Afrique, ses hommes l’ayant obligé à commettre cet acte de piraterie comme il le déclara lui-même à ses victimes.
Il participa ensuite, dans la flotte de Morgan, à l’expédition de Panama
À son retour de cette entreprise, il fut arrêté par M. de Villepars pour la prise du navire portugais l’année précédente. Cependant, profitant du naufrage, à la Tortue, du navire du roi Le Mazarin à bord duquel il était détenu, il s’échappa (sept. 1671). N’étant plus inquiété pour son méfait, il semble qu’il compta au nombre des capitaines que M. d’Ogeron recruta, en 1673, pour aller faire descente à Curaçao ou Puerto Rico; ou encore fit-il parti de ceux qui suivirent Pouancey en 1678 pour rejoindre la flotte du comte d’Estrées ? En tout cas, à la fin de 1673, il fit descente dans les environs de Mérida (Yucatán) avec un autre capitaine français, ayant dans son équipage Roc le Brésilien: mais il fut repoussé par les Espagnols qui lui tuèrent plusieurs des siens et capturèrent même Trébutor, s’ils ne le mirent pas à mort.
Les interlopes anglais
Les activités des corsaires français aux Antilles dans les décennies 1530, 1540 et 1550 ont, à coup sûr, éclipsé celles beaucoup moins spectaculaires des contrebandiers anglais qui, successeurs du capitaine Rout, se risquèrent à aller trafiquer avec les colonies espagnoles, avec ou sans l’accord de leur gouvernement.
Cependant, eux aussi, seront contraints d’utiliser la manière forte pour obliger les Espagnols à leur accorder le droit de commerce. À compter du milieu de la fin des années 1560, leurs exploits contre les Espagnols leurs vaudront une réputation internationale.
John Hawkins
Le plus fameux et ambitieux de ces marins marchands était alors John Hawkins. Comme son père et son frère avant lui, il fréquenta d’abord les côtes du Brésil et de Guinée. À l’occasion de ces voyages, il se fit d’influents alliés parmi les notables des îles Canaries, importante colonie espagnole au large de l’Afrique occidentale. De ses contacts avec les Portugais et les Espagnols, il apprit qu’il y avait beaucoup d’argent à gagner en approvisionnant les colonies américaines de l’Espagne en esclave noirs.
En 1563-1565, il effectua ainsi deux voyages aux Antilles, dont le second avec le soutien financier secret de la reine d’Angleterre et de ses ministres. Partout où il passait, à Hispaniola et au Venezuela notamment, le capitaine Hawkins était fort bien accueilli tant par les populations locales, négligées par la métropole, que par les autorités coloniales, souvent corrompues, avec lesquelles, en infraction aux lois espagnoles, il traita les nègres qu’il avait achetés en Afrique. Mais l’Anglais cherchait à atteindre un objectif plus élevé que celui de s’enrichir personnellement: il entendait gagner à sa nation une participation légale au commerce des Indes, d’où, par exemple, le fait qu’il acquitta les droits de douanes à chacune de ses transactions avec les Espagnols.
Rapidement informé de cette intrusion, le roi d’Espagne porta plainte à la reine d’Angleterre et obtint momentanément l’arrêt du départ d’une troisième expédition sous les ordres de Hawkins. Celle-ci n’en quitta pas moins Plymouth à la fin de 1566, avec à sa tête, à défaut de Hawkins, John Lovell. Ce dernier ayant joint ses forces à ceux d’une petite flotte de contrebandiers français commandée par Jean Bontemps, se rendit à l’île Margarita où il écoula une partie des esclaves qu’il avait pris en Guinée. Mais, au Venezuela même, à Rio de la Hacha, où Hawkins avait reçu un accueil particulièrement chaleureux les années précédentes, un nouveau gouverneur refusa à Lovell la permission de traiter.
À la fin de 1567, cette fois avec l’approbation officielle de la reine Elizabeth, qui fournit les deux principaux vaisseaux de l’expédition, Hawkins repartait une nouvelle fois à destination de l’Amérique espagnole. Tout comme Lovell l’année précédente, Hawkins rencontra des problèmes avec les autorités espagnoles qui lui firent maintes difficultés. La situation était aussi envenimée par la présence aux côtés des Anglais de quelques aventuriers français, beaucoup plus intéressés à piller les Espagnols qu’à traiter avec eux des esclaves. En effet, Hawkins fut rejoint notamment par le capitaine Blondel, qui avait participé à l’expédition Le Clerc, une douzaine d’années plus tôt, et par un nommé Guillaume Le Testu, corsaire mais surtout cartographe et navigateur hors pair.
Comble de malchance, ce troisième voyage de Hawkins se termina, en septembre 1568, par un combat naval à l’île San Juan de Ulua, devant la Vera Cruz, contre la flotte espagnole. Plusieurs des hommes de Hawkins furent capturés par les Espagnols et le reste, avec leur chef, regagna péniblement l’Angleterre. L’intransigeance de l’Espagne avait empêché les Anglais de commercer pacifiquement: dans les années suivantes ces derniers utiliseront la manière forte.
Francis Drake
Quoique victorieux dans l’affaire de San Juan de Ulua, les Espagnols n’en restaient pas moins étonnés de la hardiesse de ces marins étrangers qui avaient osé aborder le port de la Vera Cruz, par où transitaient les richesses du Mexique avant d’être expédiées en Europe. Ils ne sont pourtant pas au bout de leurs peines avec les Anglais dans cette seconde moitié du XVIe siècle. En effet, un jeune parent de Hawkins, Francis Drake, va suivre ses traces dans la mer des Caraïbes et se tailler une grande réputation de pirate pour les uns et de fidèle serviteur de la couronne pour les autres.
Dans le milieu des années 1620, après des tentatives plus ou moins heureuses en Guyane, les Anglais et les Français vont pourtant commencer à s’implanter dans les Petites Antilles, ces îles inutiles, dédaignées des Espagnols, desquelles ils chasseront graduellement les Indiens Caraïbes. Plus importante cependant sera, jusqu’au milieu du siècle, l’action des Néerlandais contre les Espagnols en Amérique. À la fois pirates, rebelles et hérétiques, ces anciens sujets du Habsbourg qui occupe les trônes de Castille et d’Aragon depuis un siècle déjà livreront à ce maître d’hier une guerre impitoyable
Au début du 18è siècle, le règlement de la succession d’Espagne venait de porter un sérieux coup dur aux flibustiers français qui n’avaient plus de prétexte pour attaquer les Espagnols.
La Compagnie des Indes permet à la France d’obtenir une part des gains de la conquête des Amériques
En 1626, un certain Belin d’Estambuc, gentilhomme normand, fonda une compagnie qui, avec l’appui de Richelieu, devait ouvrir à son pays une part des gains de la conquête des Amériques.
Cette “Compagnie de Saint-Christophe” (du nom de l’île des Antilles où il séjournait) allait devenir, en 1635, la “Compagnie des Isles d’Amérique” et enfin, en 1664, la célèbre “Compagnie des Indes occidentales” qui sera créée par Colbert en même temps que la “Compagnie des Indes orientales”.
Chassé par les Espagnols en 1630 de l’île Saint Christophe, Belin d’Estambuc reprit, peu de temps après, possession de cette île. 80 de ses compagnons, Français et Anglais, décidèrent de se réfugier dans l’île de la Tortue. Les 25 Espagnols qui y séjournaient furent jetés, sans pitié, à la mer. Des Hollandais, chassés de l’île Sainte Croix, ne tardèrent pas à les rejoindre dans leur repaire. Bien située sur la route entre Cuba et l’Europe, cette île devint la base idéale pour ceux dont le seul but était de s’attaquer aux trésors espagnols.
La flibuste, qui se démarquait de la piraterie, fut donc principalement un phénomène de réaction.
Les colonies se développent et les flibustiers ne sont plus acceptés
Aux Antilles, la mise sur pied d’une organisation solide bénéficiant d’une sécurité accrue, l’établissement de colonies d’exploitation dotées d’une administration puissante et l’afflux de colons européens contraignaient les flibustiers à prendre sans cesse davantage de risques.
Le commerce de la route de l’Orient, en plein essor, les fascinait de plus en plus .
Les navires marchands, mal escortés, déchargeaient toujours dans les ports européens des cargaisons de rêve, représentant autant de butins potentiels.
Traqués dans les Antilles, de nombreux flibustiers ne se résignèrent pas à quitter cette vie d’aventure à laquelle ils s’étaient habitués.
Ils décidèrent de prendre le large et de devenir pirates dans l’océan Indien.
Après avoir traversé l’Atlantique et doublé le cap de Bonne Espérance, ils remontèrent vers la mer Rouge, le golfe Persique et la côte de Malabar. Madagascar, que les puissances occidentales n’avaient pas encore réussi à coloniser entièrement et qui présentait des abris incomparables, allait devenir leur base idéale.
Leurs repaires furent situés à Fort-Dauphin, dans la baie d’Antongil et, particulièrement, dans la petite île de Sainte-Marie, située au nord-est de Madagascar qui allait devenir, au 17è siècle, la base favorite des pirates de l’océan Indien. On en dénombrera jusqu’à 1.500
document :
Dès les années 1690, l’océan Indien fourmillait de navires marchands transportant régulièrement des cargaisons de grande valeur. Ces convois acheminaient souvent des musulmans en pèlerinage et des produits de luxe tels que des soies et des épices entre l’Empire moghol (qui englobait l’Inde actuelle) et la Mecque. Là, transitaient également les trésors des Compagnies des Indes britannique, française et néerlandaise ; les vaisseaux voyageant vers l’orient transportaient de l’argent pour financer des activités dans la région, tandis que ceux qui faisaient le chemin inverse étaient chargés de soies, de bijoux et d’épices. Cependant, les navires les plus convoités appartenaient à l’empereur moghol Aurangzeb, qui régna sur son empire d’Asie du Sud de 1658 à sa mort en 1707.
Les pirates y virent la promesse de richesses faramineuses – l’or, l’argent et les pierre précieuses étaient bien plus profitables que le bois, le rhum et les étoffes des Caraïbes – et affluèrent en masse vers l’est.
Puis ce fut au tour du « négociant » anglais Adam Baldridge d’arriver. Recherché pour meurtre en Jamaïque anglaise, il fuit à Sainte-Marie, assujettit ses habitants (à n’en pas douter en employant des méthodes cruelles) et y installa un havre de pirates en 1691. Il commença à faire affaire illégalement avec un marchand de New York auquel il donnait des butins en échange de marchandises européennes comme du tabac et de la nourriture, créant ainsi un réseau économique prospère permettant de soutenir le mode de vie des pirates.
Adam Baldridge fit ériger un bastion à la fortification remarquable sur l’île Sainte-Marie, ce qui permit à plus d’un millier de pirates d’y trouver refuge dans les années 1690 et de vivre une confortable vie sous le signe du rhum, des femmes et de la sécurité… entre deux rafles.
Le pirate anglais John Taylor et son homologue français Olivier Levasseur dit « La Buse » furent deux des pirates européens de l’océan Indien qui firent le plus florès. En 1721, les deux écumeurs attaquèrent ensemble le Nossa Senhora de Cabo. Ce navire, qui transportait des passagers de marque comme l’archevêque de Goa ou le comte d’Ericeira, vice-roi de l’Inde portugaise, ainsi que des diamants d’une valeur de 500 000 livres sterling, des soies asiatiques rares et de la porcelaine valant 375 000 livres sterling, avait subi des dégâts en mer et était à quai sur l’île de la Réunion pour être réparé. Les deux hommes capturèrent sans mal le vaisseau et repartirent avec un butin de plus de 900 000 livres sterling. Le récit de tels exploits encouragea les pirates à rôder dans l’océan Indien en quête de navires à piller.
LE PLUS GRAND CASSE DE L’HISTOIRE DE LA PIRATERIE
En juillet 1695, une rumeur annonça que la flotte du Grand Moghol d’Inde était en train de revenir de son pèlerinage annuel à la Mecque. Henry Avery s’associa à d’autres pirates, parmi lesquels Thomas Tew, corsaire de Rhode Island reconverti. Ils attendirent plusieurs semaines avant que leur gros lot n’approche : le Fateh Muhammed et le Ganj-i-Sawai. Les pirates commencèrent par s’en prendre au Fateh Muhammed, l’escorte du vaisseau amiral. Ils ne rencontrèrent que peu de résistance et firent main basse sur 50 000 à 60 000 livres sterling, mais ils n’allaient pas se contenter de si peu. Henry Avery se mit à la poursuite du vaisseau amiral, le redoutable Ganj-i-Sawai, protégé par soixante-deux canons et des centaines de mousquetaires. Une bataille sanglante eut lieu, qui vit le capitaine apeuré se réfugier sous un pont et les Indiens rescapés se rendre. Le butin du Ganj-i-Sawai était constitué de centaines de milliers de kilos d’or, d’argent et de bijoux qui vaudraient de nos jours des dizaines de millions de dollars ; peut-être la prise la plus faramineuse de l’Histoire.
Hélas, les choses prirent une tournure défavorable pour Thomas Tew et son équipage. Ce dernier trouva la mort lors de l’assaut des navires et Henry Avery ne daigna pas laisser plus d’une modeste fraction du butin aux autres pirates. Telle était la vie de forban.
À la fin du 18e siècle, avec la colonisation de l’océan Indien par les Européens, les pirates eurent davantage de difficultés à agir dans la région mais ils ne disparurent jamais complètement. Le 21e siècle n’est pas avare en exemples de piraterie dans l’océan indien, en particulier au large des côtes somaliennes.
Les flibustiers français se rangent du côté des protestants.
Flibustiers et corsaires armés par le roi de France ont été les héritiers de la flotte templière et ont constitués longtemps la seule flotte non officielle française car l’interdiction d’aller dans les Amériques suite au Traité de Tordesillas imposé par la papauté de Rome condamnait de fait la France à renoncer à sa marine.
Le roi François 1er n’avait toujours pas marine royale importante. Chassés de Hollande par Charles Quint, les marins hollandais se réfugièrent en Angleterre dont la religion anglicane les mettait à l’abri des ordres des papes et bientôt, pour rester cohérent dans leur lutte contre les papes de Rome, les flibustiers se rangèrent du côté des Protestants et devinrent la flotte protestante.
L’amiral de Coligny fut un des chefs protestants et l’un des plus riches du royaume car il dirigeait les marins protestants et flibustiers et la fortune prise sur les navires espagnols et portugais.
Durant la période de l’Édit de Nantes, l’argent et l’or des protestants qui proviennent des flibustiers et des corsaires, ont permis au Roi de France de se construire un nouveau palais à Versailles. Notons qu’au château de Versailles, il n’y avait pas de toilettes avec eau courante alors que les espagnols avaient découverts dans les villes inca et aztèques, l’utilisation de l’eau courante dans les maisons.
Il n’a fait que suivre l’exemple de la noblesse espagnole qui avec l’or des Amériques s’est fait construire de nombreux châteaux… en Espagne. Très vite une quantité importante d’or passa des ports espagnols vers les villes de Hollande avant que les flibustiers hollandais n’apportent directement cet or des Amériques.
A la suite de la révocation de l’ Édit de Nantes par Louis XIV, les protestants quittèrent la France avec leurs richesses provenant des Amériques, beaucoup allèrent en Hollande devenue protestante et libérée de la domination espagnole, d’autres s’installèrent en Allemagne dans la Sarre ou en Angleterre et avec leurs richesses, ils se lancèrent dans les premières industries.
C’est une des origines du “Mal français “, livre d’ Alain Peyrefitte, dans lequel l’auteur explique la différence de culture entre les sociétés protestantes plus décentralisées, qui reposent sur l’esprit d’entreprise et le christianisme social et font confiance aux individus alors que les sociétés latines et catholiques restent centralisées, bureaucratiques et collectives au sens de la propriété collective dirigée par des élites différentes des membres du groupe social. Le départ des protestants sous Louis XIV constitue l’une des causes du mal français toujours présent en 2022.
La marine royale française aide les Hollandais et les Insurgés qui réclament l’Indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord
Suffren donne une leçon de marine aux Anglais à la bataille de Porto Praya. Cette bataille navale intervient dans le contexte de la guerre d’indépendance américaine soutenue par les Français.
Les Britanniques déclarent la guerre aux Hollandais, ces derniers ayant l’outrecuidance de poursuivre leur commerce avec les Insurgés. La Hollande demande alors assistance à la France, alors que les Britanniques entendent lancer une offensive contre les colonies hollandaises du Cap (Afrique du sud).
Le 16 avril 1781, Suffren fait halte pour un ravitaillement à Porto Praya, île portugaise au large du Cap Vert. Ses cinq vaisseaux tombent alors nez à nez avec cinq navires de ligne britanniques et trois frégates sous le commandement de George Johnstone.
Suffren engage immédiatement le combat contre les navires britanniques à quai. L’issue de la bataille est indécise, chaque camp finissant par décrocher, même si certains navires britanniques commencent à baisser pavillon. L’opération permet toutefois à Suffren de ralentir Johnstone. Ce dernier est en effet contraint de stopper son offensive sur le Cap pour maintenance. Suffren arrivera le premier sur place et apportera assistance aux Hollandais comme convenu.
À la cour de Louis XVI, on classe la bataille de Porto Praya comme une victoire stratégique française.
Illustration : Combat de la baie de la Praya dans l’île de San Iago au Cap-Vert, le 16 avril 1781, par Pierre-Julien Gilbert (1783-1860).Pour aller plus loin : Louis-Gabriel Michaud, « Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers », Paris, éditions Michaud, 1843.
Note de Vincent Herelle, Facebook 17/04/2022 :
En théorie, Suffren avait 5 navires mais en fait seuls l’Annibal et l’Artésien suivirent au combat son Héros. De plus l’Artésien ne s’engage pas dans la mêlée et attaque deux navires marchands. Le Vengeur attaque stupidement le convoi et le Sphinx n’arrive même pas à se rapprocher à moins de deux milles ! En fait Suffren combat avec 2 vaisseaux contre 6 vaisseaux anglais car les anglais sont 6 : Le Monmouth, le Hero, le Fortitude, le Jupiter, l’Iris et l’Active. Alors Suffren rompt le combat. Et Johnstone prend tout son temps pour se réparer…(Histoire de la Marine Française de Claude Farrère)
document :
Corsaire en 1800 contre la marine anglaise
Un autre fait d’arme français unique ️
14 mars 1800 cinq marins français, prisonniers à bord de la frégate anglaise Danaé se rendent maîtres du bâtiment.
Cochet parle bien l’anglais, il observe, et ne tarde pas à voir que l’équipage de la frégate, peu homogène d’ailleurs, n’est rien moins que satisfait de son sort. Il se lie avec des Irlandais qui, tout en servant dans la marine anglaise, haïssent l’Angleterre, avec des Américains enrôlés par force et quine pensent qu’à déserte, avec des Anglais las de la guerre. En une dizaine de jours, il a décidé trente-quatre hommes de l’équipage, sur un total de cent cinquante, à s’emparer du navire et à lui remettre le commandement. Et c’est ainsi que la Danaé entre à Brest, un beau jour de 1800, commandée par un corsaire de vingt-deux ans, avec quatre officiers britanniques enfermés dans leurs cabines.
Bonaparte, informé de ce tour de force, en fait venir l’auteur à Paris pour le complimenter. Il lui fait cadeau d’un couvert d’argent où est gravé son chiffre entouré de lauriers et de roses symbolisant les uns sa gloire, les autres sa jeunesse. Et il lui offre d’entrer comme officier dans la marine de guerre – honneur que Cochet décline : il aime mieux rester corsaire, bien qu’il connaisse mieux que personne les risques de la profession. »
commentaire d’un internaute :
Vaillante était une corvette française de classe Bonne-Citoyenne de 20 canons , construite à Bayonne et lancée en 1796. Le capitaine de la marine britannique Edward Pellew dans Indefatigable l’a capturée au large de l’ île de Ré le 7 août 1798. L’Amirauté l’a emmenée dans la Royal Navy comme HMS Danae . Une partie de son équipage se mutine en 1800 et réussit à la livrer aux Français. Les Français l’ont rendue à son nom d’origine de Vaillante et l’ont vendue en 1801. En tant que transport affrété par le gouvernement, elle a fait un voyage en Haïti ; son histoire ultérieure est inconnue.
source : Good morning army 14/03/2023
commentaires : nous savons pourquoi les Irlandais haïssent les Anglais depuis les deux guerres des Communs et avant encore, la déportation des irlandais catholiques celtes par les anglo-saxons dans les îles des Caraïbes bien avant l’arrivée des esclaves d’Afrique.
le San José se retrouve au centre d’une nouvelle bataille
Plus de trois siècles après avoir été coulé par la flotte britannique au large de Carthagène des Indes, dans les eaux claires de la péninsule de Baru, en Colombie, le San José se retrouve au centre d’une nouvelle bataille. Celle, diplomatique, entre la Colombie, la Bolivie et l’Espagne, qui se disputent la propriété de l’épave du légendaire galion espagnol, retrouvée en décembre 2015 après des décennies de fouilles. Jeudi 10 février 2022, le gouvernement colombien a fini par avancer ses pions, après la publication d’un décret présidentiel autorisant officiellement l’exploration de ce qu’il reste du navire, encore jamais manipulé.
Il y a toutes les chances que l’Espagne et la Bolivie voient rouge. Depuis l’identification de l’emplacement du navire, les deux pays revendiquent leur droit de propriété sur son extraordinaire contenu : on estime que les cales du San José renferment pas moins de 200 tonnes d’or, d’argent et d’émeraudes, soit un butin estimé au minimum à 3 milliards d’euros. Certains font grimper ce montant jusqu’à 17 milliards !
Un groupe indigène de Bolivie, les Qhara Qharas, rappelle que ce sont ses ancêtres qui ont été contraints d’extraire l’argent de ce qui était, dans les années 1500, la plus grande mine d’argent du monde ; les Colombiens, enfin, estiment incontestable le fait que le butin qui repose dans ses eaux territoriales soit un “trésor national”.
Le San José a été coulé par une flotte de corsaires anglais le 8 juin 1708 alors qu’il faisait route vers Carthagène des Indes, chargé, selon les chroniques de l’époque, de près de 11 millions d’écus d’or et d’argent qu’il avait collectés à la foire de Portobelo, au Panama. Il devait ensuite se rendre à La Havane, à Cuba, où, comme toutes les “flottes de l’or”, il était contraint de faire escale avant de prendre la route de l’Espagne en convoi pour livrer le trésor au roi Philippe V. Mais quatre navires britanniques – le Kingston, le Portland, le Vautour et l’Expédition – l’attendaient en embuscade et attaquèrent le convoi lors d’une bataille connue désormais sous le nom de bataille de Baru, menée les 7 et 8 juin 1708. Commandé par le commodore Charles Wager, l’Expédition envoya le San José par le fond, entraînant dans la mort 578 passagers et hommes d’équipage. Seuls 11 marins auraient survécu.