Note sur Nuit et Brouillard

Un après-midi d’été, un orage vers 14 h ne nous avait pas permis de sortir faire notre entraînement en vélo. Vers 16h, le temps devenu meilleur, je suis parti seul et j’ai décidé de faire une sortie plus courte mais plus difficile, en montant le Champ du Feu par le Struthof.

Arrivé vers le restaurant du Struthof, un orage qui menaçait éclata et une pluie diluvienne se mit à tomber. J’ai accéléré pour me réfugier dans la baraque du musée du camp après avoir pris un billet d’entrée.

Les visiteurs étaient tous à l’abri dans cette baraque. Je me suis mis à la fenêtre du fond pour surveiller le passage de l’orage. De l’eau coulait à mes pieds tellement j’étais trempé. Au bout d’un moment, un groupe de personnes âgées à côté de moi commença à me regarder de travers et à discuter sur moi. En les écoutant, j’en déduisis qu’il devait s’agir d’un groupe d’anciens résistants de la région du Nord de la France. Une femme, petite et virulente se tourna vers moi pour dire aux autres que mon attitude et ma tenue étaient scandaleuses dans un tel lieu, que les jeunes n’avaient plus aucun respect, etc. etc.

J’ai préféré ne pas riposter et je me suis retourné vers la fenêtre pour regarder dehors. Au retour, comme pour répondre à cette impudente, j’ai écrit ce texte et plus tard je l’ai mis en mélodie pour le chanter à une soirée Poésie organisée au Pont Saint-Martin à la Petite-France…

De cette rencontre fortuite, je garde une impression mitigée sur les ” anciens combattants ” et au fond de moi, je conserve la même interrogation : pourquoi n’avez-vous pas su éviter la guerre, de nouvelles guerres ?

N’avez-vous pas compris la mort de ces soldats et de ces déportés ? N’avez-vous pas trouvé chez les poètes, les prophètes, les grands maîtres spirituels les textes qui vous auraient permis de contredire les fauteurs de guerre et de ne pas les suivre lorsqu’ils distribuèrent les fusils aux peuples et que vous partiez en mettant de plus une fleur dans le canon de vos fusils ?

Comment vous engagés dans la Résistance, après 1945, avez-vous pu laisser partir vos frères, vos enfants pour les guerres coloniales ?

Comment des résistants comme Séraphin, combattant du maquis des Glières dans le groupe ” Liberté Chérie “, ont-ils pu débarquer dès décembre 1945 à Saïgon pour combattre des bandes de japonais qui refusaient de se rendre et des mafias locales qui pillaient, rançonnaient, assassinaient la population locale pour se retrouver à côté de légionnaires de nationalité allemande dont beaucoup avaient été SS ?

Ces derniers se comportèrent avec les populations locales comme ils l’avaient fait en France et en Russie. En pire même puisque leurs supérieurs fervents colonialistes les laissaient faire pour mépriser et traiter en sous-hommes les Vietnamiens, surtout les filles. Séraphin ajoute dans son livre que de nombreux anciens résistants engagés dans l’armée française se conduisirent comme ces légionnaires recrutés dans les prisonniers de la Wehrmacht et la SS. Face à ces atrocités les Vietnamiens se détournèrent de leurs libérateurs pour rejoindre l’armée du Viet Minh et avec les français commencer par chasser les Chinois. Une fois les envahisseurs chinois chassés du pays, ces soldats Viet Minh se sont retournés contre les colons français et leur armée pour devenir un pays indépendant, non colonisé. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres hélas à mettre au crédit de votre incurie et manque de courage citoyen.

Comment la Résistance FFI n’a pas su ou pu mener l’épuration contre les nazis, les collaborateurs, le patronat catholique allié avec les nazis pour éliminer les communistes, les colons responsables des injustices et des atrocités là où ils poursuivaient des régimes politiques criminels ?

Comment chaque ville et village continue-t-il aujourd’hui encore à vivre sous la chape de plomb et le silence imposée après 1945 pour refuser l’épuration au nom d’une priorité de réconciliation toute fictive et restée mythique ?

Ne savez-vous pas que l’humanité doit placer les armes sous la garde du sacré ? Que ce fut la mission des druides, des pharaons et… des disciples de Jésus ?

Le contact avec l’obscurantisme, cette après-midi là, dans la cabane du musée du camp du Struthof, m’a convaincu que les guerres ne servent à rien pour éduquer les peuples, que d’autres guerres sont toujours possibles tant que l’obscurantisme est le lot commun des majorités silencieuses de nos démocraties…. Et comme le taux d’illettrisme ne cesse d’augmenter dans nos pays, il y a du travail sur la planche !

Dans ” d’Éleusis à Dendérah, l’évolution interdite “, ce sera le rôle des chevaliers et ceux-ci combattront pour arracher les armes aux criminels et aux pouvoirs qui défendent des systèmes politiques, économiques et sociaux ne servant que leurs intérêts et qui nient la primauté de l’être humain dans toute organisation sociale. Avant de partir en Bosnie, la première manœuvre des chevaliers se fera justement au Struthof. Ce récit sera le prolongement de ce texte Nuit et Brouillard.

 

 

 

 

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