Partie 3 – L’histoire des conflits

La lutte contre l’absolutisme royal en France.

La guerre de cent ans (1337 – 1453) et l’intervention de Jeanne d’Arc.

Les causes de la Guerre de Cent Ans

En France, une réaction à la volonté d’absolutisme royal se trouve dans la guerre de cent ans qui cache derrière une querelle de succession sur le trône de France, une querelle plus profonde.

La monarchie anglaise reste anglo-saxonne

Après la conquête de l’Angleterre par les chevaliers et la flotte normande descendante des vikings, armée dirigée par les moines bénédictins de Normandie, la monarchie anglaise a pris une forme constitutionnelle plus proche d’une organisation en réseau que d’une monarchie absolue. Ce sont des pratiques politiques anciennes qui remontent à l’invasion des anglo-saxons et à l’organisation politique de leurs tribus.

Les invasions anglo-saxonne éliminent la culture de l’empire romain.

Dès les années 300, les moines irlandais et écossais mariaient les traditions des druides celtes avec les enseignements des évangiles pratiquaient la spiritualité de la première église de Jérusalem. Ils refusaient l’esclavage et les abus de pouvoirs des rois des autres peuples et avaient fait de l’Irlande un monde à part avec des communautés fraternelles et sans inégalités sociales. Cette organisation propre à l’Irlande et l’Écosse s’était répandue en Angleterre où elle rencontrait celle de la chrétienté romaine, d’où un certain nombre de conflits théologiques et politiques.

Cet exemple fut insupportable pour les rois saxons qui ont conquis l’Angleterre dès les années 450 et n’ont pas voulu se soumettre au pouvoir catholique de Rome ni au monachisme irlandais et au christianisme celtique. La guerre contre les ” communs ” fut donc avant tout une guerre de religion et une destruction la plus totale de cet exemple de communautés catholiques irlandaises. Ces envahisseurs angles et saxons venus d’Allemagne, massacrèrent les populations bretonnes et celtes. Ce fut la première destruction des communs en Angleterre.

En Angleterre, à partir de 450, les Angles s’installent en provenance de la Basse Allemagne. Les Anglo-Saxons ne se contentèrent pas de soumettre les Bretons, ils les exterminèrent. La lutte entre les envahisseurs et les envahis eut le caractère d’une guerre de populations d’origines différentes et d’une guerre religieuse; aussi fut-elle atroce. L’histoire de cette lutte, très mal connue, est entourée de beaucoup de légendes (Cycle de la Table ronde). Aussi les mœurs, les institutions, les lois des Anglo-Saxons sont-elles tout d’abord sur le sol britannique l’image fidèle de ce qui existait, avant la conquête, sur le sol de la Basse Allemagne.

L’influence de l’empire romain avait été ainsi éliminée par le massacre de la population de Grande-Bretagne lors de la première invasion anglo-saxonne dans les années 430 et suivantes.

Après une nouvelle christianisation du pays organisée depuis Rome au cours du VIIème siècle, à la période où Charlemagne dirigeait une bonne partie de l’Europe, après 835, les invasions vikings et danois reprirent.

L’échec de l’invasion des vikings normands

Nous avons vu comment sur le continent européen les moines bénédictins et leurs ordres militaires ont développé le temps des cathédrales. Avant de partir à la conquête de la Palestine, les bénédictins avec les vikings de Normandie avaient réussi à conquérir l’Angleterre mais après la victoire militaire, leur pouvoir politique n’arriva pas à s’établir durablement sur les anciens envahisseurs anglo-saxons qui avaient massacré la population chrétienne depuis la période romaine.

Les vikings établis en Normandie se sont convertis au christianisme et soutiennent maintenant les moines bénédictins et leurs abbayes, couvents, écoles, biens communs, etc. Mais en Angleterre, l’organisation anglo-saxonne est aussi une force de résistance lors de la conquête normande et le projet des moines bénédictins de développer une société médiévale plus humaniste car débarrassée de la féodalité et des querelles entre seigneurs francs en France, ne verra pas le jour.

La flotte templière conserve ses bases en Écosse.

En Écosse, se trouve une base ancienne de l’ordre du Temple alliée aux colonies vikings et qui sert à la flotte transatlantique viking et templière.

Dans “Maçons et Templiers”, Baigent et Leigh affirment que la flotte des Templiers s’est échappée massivement des différents ports de la Méditerranée et du nord de l’Europe et s’est dirigé vers une destination mystérieuse pour demander asile politique et sécurité. Ce destin était l’Écosse. La flotte méditerranéenne a dû traverser le dangereux détroit de Gibraltar, et elle a probablement ensuite fait escalade dans plusieurs ports portugais favorables aux Templiers, comme le château d’Almourol. Le Portugal était l’un des rares pays où ils pouvaient recevoir l’asile; un pays qui, contrairement à l’Espagne, était largement favorable à l’ordre du Temple. Le château d’Almourol a été construit en 1171 par Gualdim Pais, maître de l’ordre du Temple, sur les ruines d’un ancien château romain. Gualdim Pais était l’un des nombreux nobles portugais nommés maîtres templiers, grands navigateurs et propriétaires d’imposants châteaux et d’énormes flottes.

Selon Baigent et Leigh, la flotte des Templiers a quitté le Portugal et a remonté la côte ouest de l’Irlande jusqu’aux ports sûrs de Donegal et de l’Ulster, où il y avait de nombreuses propriétés templiers et où la contrebande d’armes était courante. La flotte des Templiers a accosté à Argyll, où les Templiers ont déchargé hommes et marchandises dans leurs forteresses écossaises de Kilmory, Castle Sweet et Kilmartin. Roberto Bruce contrôlait certaines régions de l’Écosse, mais pas toutes. Certaines zones importantes étaient entre les mains de clans alliés avec les Anglais. Roberto Bruce avait été excommunié par le pape en 1306, un an avant le début de la poursuite des Templiers. Pour l’essentiel, le décret papal déclarant l’Ordre illégal ne s’appliquait pas en Écosse, ou du moins dans les zones contrôlées par Bruce.

Le 24 juin 1314, Robert I Bruce, roi d’Écosse, secondé par 6 000 Écossais, a vaincu miraculeusement 20 000 soldats anglais. On n’a jamais su exactement ce qui s’est passé. Certains pensent qu’il l’a obtenu grâce à l’aide supplémentaire d’un contingent de chevaliers de l’ordre du Temple.

L’Écosse comme l’Irlande poursuivront leurs guerres d’indépendance vis à vis du pouvoir royal anglo-saxon de l’Angleterre et ils s’allieront volontiers avec le roi de France dès que c’est possible. D’où les guerres répétitives entre ces deux pays et la monarchie anglaise.

Les querelles de succession au trône de France

La domination des seigneurs et de la noblesse anglaise mit en place un système de pouvoir royal mais qui dut composer avec l’histoire tourmentée du pays. Pour arriver à mettre d’accord les seigneurs anglo-saxons, les villes libres et les abbayes mises en place par les vikings chrétiens de Normandie, vassaux du roi de France, la pratique constitutionnelle anglaise utilisait des Chartes que le roi devait garantir devant son peuple. Rien à voir donc avec la volonté de la monarchie française de développer l’absolutisme royal.

Document :

« En effet, la conquête de la Grande-Bretagne est réalisée par Guillaume, duc de Normandie dit “le Conquérant” suite à la bataille de Hastings en 1066. La Normandie est un fief dont le seigneur est vassal du Roi de France, en tant que Duc de Normandie. Cette situation n’est pas réglée par Guillaume le Conquérant (ou sa descendance) qui souhaite compartimenter l’administration anglaise d’une part et française de l’autre. Les siècles s’installant, le vassal anglais souhaite de plus en plus se détacher du suzerain français et gagner son autonomie tandis que le roi français désire développer son emprise sur la Guyenne, un territoire qui cristallise les tensions entre les deux pays et illustre le problème féodo-vassalique : la Guyenne est un fief, le roi anglais en est le vassal, le roi français en est le suzerain.

Le conflit dynastique s’exprime dans un problème de succession à la mort de Charles IV le Bel et dans un problème d’interprétation de la loi salique qui prévoit la division de l’héritage du défunt entre tous ses héritiers mâles. Or, lorsque Charles IV le Bel décède en 1328, il est le dernier des Capétiens directs. Il meurt sans héritier.

La règle est pourtant claire : une femme ne peut monter sur le trône et donc, de fait, ne peut pas transmettre le droit de monter sur le trône.

C’est Philippe VI qui accède au trône à l’issue d’un consensus afin d’éviter que la couronne ne glisse sur la tête d’un « étranger ». Philippe VI est le fils du frère cadet de Philippe IV le Bel, père de feu Charles IV.

Edouard III d’Angleterre, lui-même neveu Charles IV le Bel se revendique héritier légitime du trône de France et conteste les règles de succession. Ses prétentions au trône de France peuvent être perçues comme un bon prétexte du déclenchement du conflit en 1337.

source : En savoir plus sur:

https://jeretiens.net/les-causes-de-la-guerre-de-cent-ans/

Laissons ici le récit historique de cette guerre de Cent Ans pour arriver au moment où ce conflit bascule vers sa fin. L’intervention de Jeanne d’Arc tranche avec les querelles entre les rois de France et d’Angleterre. Elle intervient avec un message d’origine différente dans l’intérêt du peuple de France. C’est ce message qui nous intéresse.

L’intervention de Jeanne d’Arc pour mettre fin au conflit et chasser les anglais.

Lors du procès de Jeanne d’Arc en 1431, toute cette histoire, toutes ces causes du conflit entre le roi de France et le roi d’Angleterre vont resurgir. Jeanne d’Arc défendra d’autres intérêts que ces deux rois et leurs administrations sauront reconnaître et finalement combattre ensemble ou plutôt pour ne pas se découvrir et se compromettre avec l’histoire de leur propre monarchie, ensemble, ils préféreront laisser la décision de se débarrasser d’elle au tribunal de l’Église romaine.

Et ce choix est loin d’être innocent car toutes ces trois parties prenantes à la Guerre de Cent Ans, roi de France, roi d’Angleterre et pape de Rome, ont vite compris à qui ils avaient affaire avec Jeanne d’Arc et de ceci ils n’en voulaient plus. Ils ne voulaient surtout pas que cela recommence !

La résistance à l’absolutisme royal

Jeanne d’Arc, l’émissaire de l’ancien ordre templier

Que des anglais vassaux du roi de France aient refusé de se soumettre aux prétentions dictatoriales du roi de France et aient reconnu les droits d’une femme à devenir reine de France reste donc logique.

Cette guerre de Cent ans porte plus sur un mouvement de résistance contre les volontés d’un pouvoir royal absolutiste français que sur une guerre entre deux peuples.

Devant l’imbroglio de la situation, l’intervention d’une Jeanne d’Arc devient plus claire.

Lorsqu’elle décida le roi de France à se faire sacrer à Reims en présence de son beauséant à l’effigie de la croix templière, le sacre marqua un moment de réconciliation nationale entre les partisans du roi et les résistants à l’absolutisme royal qui prenaient comme signe de ralliement, les emblèmes des anciens chevaliers templiers, symbole de l’organisation en réseaux du temps des cathédrales.

Le roi n’accepta que difficilement ce sacre. Ceci peut se comprendre.

Jeanne d'Arc
Jeanne d’Arc peinte par Ingres, Musée du Louvre

Dans le tableau d’Ingres, notez le moine en prière derrière elle, illustration de l’organisation en réseau mise en place par Bernard et les bénédictins à travers l’ordre du Temple. Illustration aussi de l’épée mise sous la garde du sacré pour la protection des peuples contre les tyrans et les despotes avides de leurs systèmes de pouvoirs au point de devenir des criminels de guerre.

Cette jeune fille qui lui offrait ce sacre à Reims était bien l’émissaire de l’ancien ordre templier et de cette organisation de la société en réseaux monastiques et chevaliers. L’origine mystique de la vocation de cette jeune fille a pu être utilisée par les divers mouvements de résistance à l’ordre royal : le mouvement des templiers et des abbayes comme le mouvement encore plus ancien qui défendait la filiation du royaume de France avec Dieu à travers la lignée royale de David qui s’était installée en Roussillon lors de la destruction de Jérusalem. Il est probable que les tentatives de récupération de cette ferveur populaire en Jeanne d’Arc furent nombreuses et complexes.

Le rappel des règles du temps des cathédrales

Restons-en au mouvement de résistance issu du temps des cathédrales, le plus puissant alors. Comme par provocation, ce mouvement de résistance à l’absolutisme royal, ne lui envoi pas un chef de guerre homme mais une femme.

Ce symbole a au moins deux significations :

  • la première signification rappelle que si les chevaliers hommes templiers ont péri ou se sont exilés, les femmes peuvent prendre la relève car ce mouvement en réseau est bien populaire, hommes et femmes réunis.
  • La deuxième signification prouve que si la monarchie exclut les femmes de la succession du trône, les femmes peuvent avoir une autre condition plus égalitaire dans une organisation en réseau.

Jeanne vient rappeler à la cour royale que les règles édictées depuis Philippe le Bel ne sont pas celles du temps des cathédrales et que ces dernières n’ont pas disparu. Jeanne les porte sur ses épaules.

Sacrer un roi ne représente pas une marque de soumission pour les réseaux de résistance. Au contraire, ces réseaux viennent proposer au roi la seule solution possible pour sortir le pays de la crise majeure engendrée par Philippe le Bel : l’organisation monastique est toujours puissante, alliée au Tiers-état, le clergé et les représentant du peuple ont la majorité aux États-Généraux contre la noblesse.

En restaurant le fonctionnement du système monarchique, le peuple et le clergé peuvent mieux défendre leurs intérêts qu’à travers ces guerres civiles incessantes qui les écrasent. Le sacre du roi à Reims est aussi la marque de ce nouveau fonctionnement de la monarchie. C’est le clergé et le peuple organisés selon les réseaux du temps des cathédrales qui font sacrer le roi. La noblesse est minoritaire dans cette affaire.

Jeanne d’Arc se conduit comme un chef de guerre, mais un chef templier.

Elle part libérer des villes mais pas pour le compte du roi de France, pour la France oui, mais une France organisée en réseau, en réseaux de communautés de chevaliers et maintenant aussi en réseaux de villes libres.

Dans le Saint Empire romain germanique, à cette époque, plusieurs villes libres s’étaient associées en réseau. En Alsace, ils formaient la Décapole, une association de dix villes libres depuis 1354. Cette proposition n’avait donc aucun caractère extravagant.

Certaines villes l’accueillirent, d’autres refusèrent de lui ouvrirent leurs portes.

Entre l’indépendance pure et simple de la ville ou la possibilité de négocier les droits d’une ville libre lorsque le roi se présenterait aux portes, la possibilité de rejoindre une organisation de fédération de villes sous la tutelle d’une jeune femme envoyée par les successeurs des templiers ou tout au moins par un mouvement de résistance à l’absolutisme royal, le choix ne devait pas être évident pour les dirigeants de ces villes.

Bon nombre de villes avaient été libres du temps des cathédrales géré par l’ordre du Temple et elles avaient du se soumettre à la volonté du roi de France. Accepter l’offre de Jeanne d’Arc consistait à désobéir au roi de France mais il n’y avait plus d’organisation en réseaux ni d’ordre du Temple et Jeanne d’Arc n’était pas à la tête de l’armée royale ni à la tête d’une nouvelle armée du Temple. Sa troupe de gens armés avait certes le prestige des victoires passées mais pas la puissance militaire nécessaire à une telle mission politique.

La puissance mystique de Jeanne contre la faiblesse politique du Temple

Le roi une fois sacré, les mouvements de résistance retrouvaient un interlocuteur avec lequel négocier. Les chevauchées de Jeanne soutenue par la ferveur populaire devinrent inutiles sur le plan politique surtout que, semble-t-il, la jeune femme poursuivait son cheminement mystique et cette initiation personnelle ne correspondait pas à l’initiation conduite par le réseau des abbayes et des moines templiers.

La vision de Dieu et de Jésus chez Jeanne d’Arc ne s’était pas enrichie du savoir rapporté de Palestine et d’Égypte et qui avait été travaillé à Cluny, Cîteaux puis Clairvaux et dans les abbayes de ces ordres monastiques. Sa foi était simple, exaltée, elle n’avait pas le recul des initiés qui ont achevé leur involution et cherchent la manière de la traduire dans une évolution.

Avait-elle compris quelque chose du temps des cathédrales et mesurait-elle la portée de son engagement ?

Le constat est qu’elle s’est retrouvée totalement isolée, surtout lorsqu’elle se décida à entrer par la force dans Paris et vint attaquer Compiègne.

Jeanne d’Arc est capturée à Compiègne

document : auteur André Larané.

Le 23 mai 1430, Jeanne d’Arc est capturée par les Bourguignons en tentant de secourir avec sa troupe les habitants de Compiègne, au nord de Paris.

Les Anglais vont alors se la faire livrer, en vue de la faire condamner par un tribunal ecclésiastique. Ils espèrent de la sorte mettre au jour sa nature de sorcière et dévaluer le sacre de leur ennemi Charles VII…

La capture de Jeanne d’Arc représentée dans une gravure britannique ornant l’ouvrage A Chronicle of England: B.C. 55 – A.D. 1485 (Londres, 1864).

De l’échec au drame

Les Anglais sont très affaiblis et quelque peu démoralisés par leurs échecs successifs depuis la levée du siège d’Orléans. Le duc de Bedford, qui assume la régence en France pour le compte du jeune roi Henry VI, se voit contraint d’appeler à l’aide le cardinal de Winchester, son oncle, qui a déjà mis sous sa coupe l’Angleterre et son régent, le duc de Gloucester. Le cardinal détourne vers la France une armée qu’il avait recrutée pour combattre les hérétiques hussites dans la lointaine Bohème. Lui-même et ses soldats rencontrent à Paris le duc de Bourgogne le 30 septembre 1429.

Leurs alliés bourguignons se sentent pousser des ailes. Fringant étalon, le duc Philippe le Bon célèbre avec Isabelle de Portugal son troisième mariage le 10 janvier 1430 et par la même occasion crée le fameux Ordre de la Toison d’Or. Là-dessus, en avril, à la fin de l’hiver, il décide délibérément de rompre la trêve et se lance à la reconquête de Compiègne, un verrou sur l’Oise, au nord de Paris, qui l’empêche de lier ses possessions à celles des Anglais.

Le 15 avril 1430, il entame le siège de la ville avec son lieutenant Jean II de Luxembourg-Ligny, comte de Guise. Les habitants appellent Jeanne à l’aide. Celle-ci lève avec ses propres deniers une troupe de 400 mercenaires et se précipite à leur secours sans en référer au roi. Elle entre dans la ville à la faveur de la nuit. Mais le lendemain, le 23 mai 1430, en tentant une sortie, elle est encerclée par les Bourguignons et capturée par un archer picard qui la livre à son seigneur Jean de Luxembourg.

Jeanne n’a pas l’espoir que le seigneur bourguignon demande une rançon au roi Charles VII en échange de sa libération car elle-même, quelque temps plus tôt, a refusé de libérer contre rançon un routier bourguignon, Franquet d’Arras, et l’a au contraire livré à la justice royale pour qu’il soit exécuté en vertu de ses crimes innombrables.

La Pucelle est donc dans un premier temps enfermée au château de Beaulieu-en-Vermandois, d’où elle tente de s’échapper. Le mois suivant, elle est transférée au château de Beaurevoir, au nord de la Picardie. Elle tente une deuxième fois de s’évader en se laissant descendre le long d’une corde confectionnée avec ses draps. Mais la corde rompt et elle fait une chute douloureuse.

Très vite, son geôlier est harcelé par Henri Beaufort, cardinal de Winchester, qui, à Londres, a repris en main les affaires du Continent. Celui-ci veut à tout prix que la captive soit jugée et condamnée pour sorcellerie et hérésie afin de couper court à sa popularité et ruiner le crédit de Charles VII… Que vaudrait en effet un sacre acquis grâce à une sorcière ?

L’Anglais multiplie les pressions, entame le blocus des ports flamands et finalement rachète Jeanne pour dix mille livres tournois, soit un montant équivalent à une rançon royale ! La prisonnière est conduite à Arras, puis au Crotoy, à Dieppe et enfin à Rouen où elle doit être jugée. Son procès va pouvoir commencer…

En finir une fois pour toute avec la royauté sur le sol de France

Devant l’indécision du roi, avait-elle osé faire ce que les templiers n’avaient jamais osé faire ?

Fallait-il finalement venger l’ordre templier et destituer le successeur de Philippe le Bel qui depuis son sacre se montrait si décevant ?

Pouvait-elle faire en sorte que Paris devienne une ville libre et ainsi ne puisse plus être la capitale d’un royaume dominé par une monarchie absolue ? En avait-elle le droit ?

N’était-ce pas elle qui l’avait fait sacrer à Reims ? Jésus, le doux Seigneur, avait bien achevé l’œuvre de Moïse. Elle put devant Dieu prendre ce droit et accomplir ce que l’ordre du Temple n’avait pas osé achever : en finir une fois pour toute avec la royauté sur le sol de France !

Jeanne la nazoréenne, fille de Gamala

Mieux encore : en conquérant Paris et en y installant un pouvoir dirigé par Dieu lui-même, elle supprimait purement et simplement le pouvoir royal d’origine terrestre et humaine.

Connaissait-elle l’histoire de la république de Gamala, des nazoréens, des premières communautés chrétiennes ? Savait-elle ce que signifiait pour Jésus, le doux seigneur, achever l’œuvre de Moïse ?

A ce moment là, la capture de Jeanne d’Arc fut rapide et peut-être eût-on préféré la voir tuée au combat.

L’Université de Paris soutient la condamnation au bûcher de Jeanne d’Arc

L’intervention de l’Université de Paris pour soutenir la condamnation au bûcher de Jeanne d’Arc, ressort bien de la volonté des partisans du roi de France de rejeter une nouvelle fois tout mouvement vers une organisation en réseau de la société comme au temps des communautés monastiques et des chevaliers.

L’université dirigé par un évêque à la solde du pape vint trancher le dilemme.

Entaché de nombreuses irrégularités, ce procès voit sa révision ordonnée par le pape Calixte III en 1455. Un second procès est instruit qui conclut, en 1456, à l’innocence de Jeanne et la réhabilite entièrement.

Grâce à ces deux procès dont les minutes ont été conservées, elle est l’une des personnalités les mieux connues du Moyen Âge.

Jeanne d'Arc sur le bûcher

Les arguments des uns et des autres lors du procès de Jeanne d’Arc

Le roi de France n’avait que peu d’arguments pour supprimer celle qui l’avait sacré. Rester lieutenant de Dieu pour diriger le royaume pouvait être un cadeau de consolation malgré tout enviable, pouvoir certes reçu d’une nouvelle prophétesse mais ceci ne faisait que reprendre la tradition pour l’établissement des rois d’Israël ou encore des pharaons.

Les anglais étaient dirigés par des chevaliers gardiens de la tradition templière et s’emparer de Jeanne n’était qu’une manière de la mettre au secret, voire de parachever son éducation templière d’une manière bien plus réaliste et loin de tout mysticisme inopportun.

Seule la papauté avait un intérêt fondamental à éliminer un double danger : celui d’une meneuse mystique capable de rappeler l’histoire humaine de ce Jésus lié à la république de Gamala et celui d’une chef résistante issue du mouvement templier, restauratrice du temps des cathédrales et de l’organisation sociale en réseau.

L’université de Paris défendait aussi le prestige de sa ville, devenant bien plus encore la capitale du royaume après cette guerre de Cent ans. L’université pour défendre son prestige, pouvait bien commettre de tels parjures devant la foi chrétienne.

Quant aux anglais, il est logique qu’ils n’avaient aucun intérêt à faire périr Jeanne d’Arc sauf si l’entreprise communautaire de celle-ci était en mesure de bouleverser l’Europe mais la situation était loin d’être arrivée à ce stade. Pour eux, il fallait stopper l’élan populaire soulevé par les campagnes de Jeanne d’Arc et plus assurément encore par les résistants au système du pouvoir royal car cette jeune femme venait perturber leur jeu politique mené d’ailleurs chez eux aussi par les successeurs des templiers.

Suivre le Christ qui vit en nous

Le jeu du chat et de la souris entre la papauté, l’Université de Paris et les anglais détenteurs de la prisonnière compliqua le procès et l’attitude de Jeanne refusant d’abjurer sa foi montre que si elle pouvait avoir des lacunes sur la culture templière, elle n’en avait pas sur la foi des premières communautés chrétiennes dans le Christ et en Jésus.

Devant l’obligation d’abjurer sa foi et ses déclarations sur ses relations avec Dieu et les saints, comprit-elle qu’elle était arrivée au même stade que Jésus lors de son faux procès devant les dirigeants de la religion juive ?

Il est clair qu’à ce stade, pour l’initié, le choix est d’une simplicité exaltante : suivre le Christ qui vit en nous, suivre l’enseignement spirituel originel attribué à Jésus, suivre les grands maîtres initiés, ne pas trahir sa traduction des mystères au profit d’élucubrations humaines ignoblement faussées par le jeu d’intérêts matérialistes et politiciens scandaleux. L’initié(e) ressuscité(e) à la vie dès son existence terrestre et réellement d’outre-tombe, est déjà vainqueur des bourreaux qui mettent à mort son corps charnel. S’il fallait à tout prix à Jeanne d’Arc une étiquette, celle de nazoréenne lui irait comme un gant !

Les recherches historiques sur la formation de Jeanne d’Arc avant de commencer sa mission politique au service de son pays.

Des historiens ont évoqué, démontré, l’initiation et la préparation de Jeanne dans la communauté de Sion proche de Nancy ou par un de ses membres, communauté dont les racines plongent directement dans la communauté juive venu s’installer dans la région de Perpignan après la destruction de Jérusalem.

Nous ne faisons ici qu’évoquer cette hypothèse qui reste cohérente pour expliquer le fait que Jeanne défendit des valeurs templières tout en ayant son propre cheminement spirituel et sa propre évolution politique au seul service de Dieu, sans aucune compromission politicienne.

Le serment des Templiers fait au pape de ne pas prendre les armes contre des chrétiens, Jeanne l’a abandonné après la trahison de Philippe le Bel et la destruction de l’ordre du Temple.

Nous évoquerons également l’hypothèse que Jeanne fut de sang royal, ce qui justifia sa place particulière auprès du roi. Cette version a le mérite d’écarter tous les éléments mystiques et relatifs à la foi de Jeanne.

Le poète préfère reconnaître la force des mots, de l’exemple, la force de cet enseignement sacré qui depuis la nuit des temps établit une alliance nouvelle entre Dieu et les êtres humains au point qu’il est possible de placer Dieu au cœur de l’organisation sociale dirigée alors par un couple d’initiés, l’un travaillant dans le monde supérieur, l’autre sur terre à l’aide des puissances du monde double.

Ce fut le cœur de l’organisation de la civilisation égyptienne, notamment avant que le rite de nomination des pharaons ne soit perdu. Ce fut le défi de Moïse que de faire renaître un peuple organisé sur ces bases retrouvées. Ce fut le défi de Jésus que de rendre incontestablement vivante cette alliance nouvelle.

La force de ce savoir global suffit à expliquer l’histoire de Jeanne d’Arc, encore faut-il le débarrasser des interdits et des tabous prononcés par la minorité au pouvoir qui dirige un système économique, politique et social et qui pour établir une légitimité capable de défendre ses intérêts privés, doit éliminer ce savoir global, doit éliminer la première source de savoir pour ne garder que la seconde source : la production de savoir intellectuel mesurée aujourd’hui à l’aune du matérialisme scientifique.

Une fois le roi de France remis à la tête du royaume et une fois repris le développement de l’absolutisme royal, le véritable conflit se déplace sur d’autres terrains.

La seconde guerre des Communs en Grande-Bretagne.

La Grande-Bretagne va connaître une seconde guerre des Communs. Cette guerre sera menée par les dirigeants politiques et économiques contre les populations pour éliminer les vestiges de la période médiévale et spécialement la propriété commune avec ses biens communs. Ces biens communs sont un obstacle pour le développement des entreprises privées et celui du futur système capitaliste. Cette guerre civile sera bien plus atroce que la Guerre de cent ans en France.

En Angleterre les successeurs des templiers peuvent comprendre la portée de la mission politique de Jeanne d’Arc.

Les successeurs des templiers en Angleterre, Écosse, Irlande, au Portugal, n’ont jamais arrêté leurs voyages vers le Nouveau Monde et la civilisation inca que des bateaux partis de La Rochelle la veille de l’arrestation de l’ordre, avaient rejoints.

Ces nouveaux templiers ou francs-maçons écossais, anglais, n’avaient certes pas pris le pouvoir chez eux et ils cachaient bien les sources de leur savoir.

Combattre les anglais, pouvait-il signifier pour les partisans de Jeanne d’Arc, après avoir installé en France un roi qui leur était soumis, installer à Londres également un roi favorable à l’ancien mouvement templier et à une organisation en réseau ? Elle attaquait de front, eux devaient s’insurger de l’intérieur ? En tous cas, la royauté anglaise prit Jeanne d’Arc très au sérieux et s’activa à sa perte.

Malheureusement pour la Grande-Bretagne, l’intervention de Jeanne d’Arc n’a pas eu d’influence. Les conflits entre l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande n’ont pas cessé.

La seconde guerre des Communs au cours du 16ème siècle fut encore plus terrible.

Les nouveaux commerçants et artisans pour développer leurs activités ont eu besoin des terres jusque là gérés en biens communs, notamment pour élever des moutons dont la laine servait à la nouvelle industrie textile. Cromwell est un puritain rigoriste. Les puritains, qui se recrutent principalement dans la noblesse rurale et la petite bourgeoisie, croient à la prédestination, prônent un retour à la sobriété évangélique et dénient au clergé le droit d’interpréter la foi pour le compte des fidèles.

Cromwell et les puritains se prétendent prédestinés pour gouverner le monde.

Cromwell va lutter contre le roi et les nobles et établir une dictature républicaine de courte durée. Il n’a rien d’un initié à la démarche spirituelle, il cherche le pouvoir qui passe par le développement économique et spécialement le commerce avec les colonies anglaises. Pour lui, l’esclavage est nécessaire au développement des colonies. En clair, ils sont prédestinés pour gouverner le monde et notamment les gens prédestinés à être esclaves… tout un programme des plus criminels.

Chassés d’Angleterre, ces puritains anglo-saxons iront débarquer du Mayflower en 1620 dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord. Prédestinés à gouverner le monde, ils agiront avec le même cynisme et la même cruauté que lors de la seconde guerre des Communs, pour prendre le pouvoir et le conserver depuis dans l’actuel gouvernement mondial de l’oligarchie financière anglo-saxonne.

Pouvons nous vaincre nos ennemis toujours anglo-saxons et puritains sans nous souvenir du combat de Jeanne d’Arc ?

Nos ennemis, c’est ce Gouvernement mondial qui a soumis également la France et ses gouvernements affidés.

Il semblerait qu’un ancien premier ministre de Mitterrand ait un jour déclaré que la levée du tabou sur la destruction de l’ordre du Temple soit en France capable de faire sauter plusieurs républiques. Ajoutons qu’il est aussi capable de faire sauter le gouvernement mondial de cette mafia de puritains anglo-saxons.

En France, nous n’avons pas connu les atrocités d’une guerre des Communs au XVIème siècle, nous avons eu les guerres de religions toutes aussi terribles. Les anciens biens communs ont été plus ou moins conservés par l’aristocratie, les nobles et le clergé séculier sous le pouvoir des cardinaux et des évêques fils de la noblesse. Ils ont été vendus comme Biens Nationaux après 1790 aux futurs jeunes capitalistes et industriels.

La propriété commune reste interdite chez nous depuis 1789 et la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Seule la propriété privée a été sacralisée dans cette Déclaration reprise par toutes les Constitutions républicaines tant nos dirigeants politiques et économiques de la nouvelle bourgeoisie rejettent les normes de vie de la période médiévale avec sa démocratie directe locale participative, ses biens communs et ses assemblées communales, ses villes libres.

Est-ce là également la défaite de Jeanne d’Arc, être aimée du peuple de France et toujours détestée par ses dirigeants civils et religieux ?

Alors que nous avons à chasser hors de France le gouvernement mondial des puritains anglo-saxons, pouvons nous y parvenir sans nous souvenir de son combat ?

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