Épisode 07 Le week-end à Baden-Baden

Partie 3/3

Le bain romain-irlandais au Friedrichsbad, le dimanche matin.

Les aînés de quatorze ans et plus avaient été surpris par l’invitation de leurs parents. Ils voyaient bien qu’entre l’arrivée du vendredi soir et le petit déjeuner du dimanche matin, une formidable ambiance s’était crée entre leurs parents. Ils en étaient heureux mais s’immiscer dans ce groupe revenait à prendre une place d’adulte, à faire comme les autres et ils ne s’en sentaient pas encore capable.

Le bain d’air chaud

Le dimanche l’entrée est mixte. Ils se retrouvèrent tous et toutes dans la salle de douche puis ils pénétrèrent dans la grande salle de bain d’air chaud. Les quelques hommes âgés présents furent surpris de l’arrivée de ce groupe de femmes plutôt exubérantes mais ils ne réagirent pas et ils refermèrent leurs paupières.

Friedrichsbad bain d'air chaud
Heissruheraum im Friedrichsbad in Baden-Baden

Tous se couchèrent sur les lits de bois brûlants et le silence revint.

Les hauts murs de carreaux blancs, les mosaïques du plafond, les vitraux des fenêtres juste sous le plafond, le dépouillement de la pièce recréaient l’atmosphère des thermes romains. La vapeur chuintait mais on ne voyait pas d’où. Les carreaux du sol était brûlants et il fallait impérativement marcher avec des sandales.

Heissruheraum im Friedrichsbad in Baden-Baden

L’alignement des corps nus sur le carré de drap blanc jeté sur les lattes brunes des lits pouvait paraître un peu macabre mais tout invitait à la détente et automatiquement vous fermiez vos paupières. Pendant vingt minutes, il faut rester ainsi allongé dans un air humide à 54°C.

Ce silence, cette transpiration à l’abri des murs épais de la salle sont propices à un recentrage sur vous même, à un abandon qui grandit au fur et à mesure que votre corps épouse la chaleur du lieu.

Le bain de vapeur

Ils passèrent ensuite dans la pièce du fond, plus petite où la chaleur est à 68°C. La sueur coule normalement, sans effort, le cœur est beaucoup moins sollicité que dans un sauna.

Par petits groupes, ils passèrent sous d’autres douches et entrèrent dans le bain de vapeur thermale à 48°C. Sur la gauche, en hauteur, une grande niche dans le mur de carreaux blancs laisse voir deux gros serpentins métalliques comme enfoncé dans une grotte. Un ruisseau coule par dessus pour disparaître derrière le mur. .

L’évocation de la source thermale est puissante et en méditant, chacun tente de profiter des bienfaits de cette vapeur agréable

Friedrichsbad bain de vapeur, l'eau thermale s'écoule sur des cascades et génère une vapeur bienfaisante

La piscine ronde centrale

Carine fit signe au groupe de ne pas s’attarder dans cette pièce pour profiter davantage des divers bassins d’eau à la température de plus en plus faible. Elle les fit traverser un premier bassin rectangulaire où l’eau est à plus de 30 degré pour les mener directement à la piscine ronde centrale. Ils s’émerveillèrent !

Friedrichsbad piscine centrale sous la coupole

De hautes colonnes aux formes antiques soutiennent la coupole de verre qui s’élève légère et filtre la lumière qui baigne le bassin. La piscine ronde est cerclée sur l’ensemble de son pourtour d’une demi-douzaine de marche de marbre.

A chaque marche, l’eau limpide et fraîche de ses 22 degrés prend un peu plus votre corps pour le plonger dans un ravissement inégalé.

Friedrichsbad piscine centrale

Après quelques brasses, ils s’assirent sur les marches pour attendre le reste du groupe. C’était nettement mieux que le bassin d’Amadeus mais il est vrai qu’ici venaient des empereurs, des princes et princesses même si l’on pouvait douter qu’ils connussent hommes et femmes ensemble la même et joyeuse ambiance.

Anke et ses girls font le spectacle

En se passant en revue, ils prirent acte de la présence des adolescents et les regards quelque peu troublés de ces derniers interpellaient les adultes. Il n’y avait pas de malaise, simplement la perception d’une différence.

Lorsque les personnes extérieures à leur groupe comprirent qu’elles étaient de trop et qu’elles furent parties, Anke reprit ses galons de capitaine de girls ! Elle monta avec grâce les marches pour s’installer devant l’arrière salle où se trouve derrière et en contrebas un petit bassin. Dans le mur de ce côté de la salle, une porte étroite communique avec une autre pièce plus retirée où dans un bassin, l’eau par intermittence jaillit comme une source.  

Anke prit possession de l’espace entre deux grands piliers et vu de la piscine, elle parada sur une scène grecque telle une déesse de mythologie.

Sa danse exprimait des attitudes de prières célébrant l’amour et la métamorphose de la femme tour à tour sensuelle, détachée, sévère, violente. Ses gestes étaient plus rapides et fluides que ceux de Laurie et ils affichaient une pratique plus intense de la danse. Anke y mêlait des attitudes purement orientales et très recherchée avec la grâce des prêtresses de Bali, d’une danseuse de Shiva, elle prenait des attitudes plus classiques qu’elle saccadait de plus en plus en mouvement de rock, de swing. Puis elle entra dans sa danse lascive.

Pierre songeur, se remémora la danse de Laurie, la première nuit chez Amadeus. Ces deux femmes avaient un pouvoir détonant dans leur groupe qu’aucun homme ne possédait !

Elle commença une danse du ventre fort réussie puis elle se mua dans les contorsions d’un serpent, se lovant contre une colonne, se roulant sur le sol. Allongée au bord du bassin, la professeur de danse vint provoquer son public en faisant divers mouvements de jambes qui permirent à son public de voir et revoir les moindres détails de son sexe. Elle lui tourna le dos et à genoux ses contorsions convulsives mirent en avant le formidable attrait de sa chute de reins qui ne masquait aucunement son sexe.

Elle s’immobilisa et tournant simplement la tête, d’un air terriblement coquin, elle appela du bout de son doigt ses complices chéries : Laurie, Françoise mais ne s’arrêtant pas là, elle fit des signes impérieux pour que la fille de Werner et les deux filles de Sepp viennent les rejoindre. Debout, elle les rangea derrière elle en demi-cercle et les invita à suivre ses mouvements. Le jeu de la provocation artistique reprit le dessus et toutes suivirent les poses de plus en plus osées de leur monitrice.

Le show érotique des monitrices de la future école d’amour de leur club.

L’assistance était subjuguée, jusqu’où allait-elle les emmener ? Jusqu’où eux, public, allaient-ils se laisser emporter par ces danseuses plus que troublantes ?

Dans l’espace immense de leur décor, l’imperfection de la synchronisation des mouvements passait quasiment inaperçue. D’autres personnes extérieures à leur groupe étaient arrivées et très vite le mot circula dans l’établissement thermal et tous vinrent se ranger en silence autour de la piscine face à la scène improvisée. Tous savaient que transformer cet établissement thermal de réputation mondial en un night-club dépravé ou un club pour couples typiquement allemand, pouvait se terminer dans une expulsion générale des participants.

Sauf que le règlement intérieur ne devait certainement pas prévoir un tel spectacle parfaitement organisé et avec telle grâce de déesses antiques. Tous étaient stupéfaits, béats d’admiration et le spectacle cadrait exactement avec le décor du lieu. D’ailleurs du temps pas si lointain ou ces thermes étaient réservés à l’aristocratie européenne, qui pouvait douter que des comtesses, des princesses ou tout simplement des actrices de théâtres, des danseuses de corps de ballet, n’avaient pas été payées pour assurer un tel spectacle érotique devant une rangée de rois, de princes ou de riches industriels, banquiers et de leurs épouses ou de leurs maîtresses ?

Le climat intimiste n’était plus de mise et Anke devait entraîner son public dans une adhésion plus large que la simple attitude de voyeurisme.

Elle brisa le silence de leurs danses et battant des mains, elle mima une danse ensorcelée de gitane faisant valser sa blonde chevelure sur ses épaules puis elle invita d’autres femmes extérieures à leur groupe à monter sur scènes. Elles se rangèrent en ligne se tenant par la taille. Les déhanchements furent davantage prononcés, les caresses allèrent sur tout le corps, les cheveux se mêlaient tendrement et les applaudissements rythmèrent un ban frénétique. Tout en demandant aux autres de ne pas s’arrêter, elle descendit dans la piscine à la rencontre des hommes. Elle mima qu’elle cherchait avec sa main à savoir si l’excitation les faisait bander. Elle ne touchait pas les hommes mais cherchait sa réponse dans leurs regards.

Le public fixait lui aussi l’homme sous la coupe d’ Anke et leurs rires provoquaient inévitablement quelques rougeurs chez l’homme mis ainsi sous la loupe. Elle vit dans l’agitation des femmes restées dans la piscine, que la plupart ne voulait pas en rester là. Elle leur demanda en mimant de mettre elles-mêmes la main sur le sexe de leurs conjoints pour donner elles-mêmes la réponse. La frénésie devint générale.  

Anke pour clôturer cette séquence de cabaret et de music-hall invita toutes les femmes à venir sur la scène entre les deux colonnes. Elles formèrent trois lignes les unes derrière les autres et elles se lancèrent dans une imitation du french-cancan en levant les jambes. Elles regardaient peu les hommes, emportées qu’elles étaient dans leurs mouvements et en riant dévisageaient leurs plaisirs en se jetant des regards complices les unes les autres. Au bout d’un moment, la première ligne se séparait en deux et revenait à l’arrière, la seconde ligne venant sur le devant de la scène.

Un dernier ban acheva le spectacle. Mais les femmes avaient du mal à quitter la scène pour rejoindre leurs maris sur les marches de marbre de la piscine.

Anke avait compris que les femmes s’étaient retrouvées dans une compagnie fraternelle aussi vieille que l’humanité.

Certes ce n’était plus la danse des sorcières autour du feu de camp de la nuit dernière dans la clairière et sous les étoiles. Mais dans ce décor gréco-romain majestueux, cette scène grandiose peut accueillir elle aussi des orgies, des bacchanales digne de l’art de vivre des civilisations antiques les plus florissantes dans lesquelles, le matriarcat se célèbre aussi par cette exaltation de la vie toute féminine, l’éternel féminin de qui tout provient selon les mots des poètes.

Elle n’eut pas besoin de Dominique pour se souvenir des femmes celtes, gauloises qui elles seules décidaient dans leurs assemblées si les hommes allaient ou non partir à la guerre, elle n’eut pas besoin de disserter sur la dépendance au foyer à laquelle les hommes les avaient condamnées pour défendre le pouvoir des mâles. Aujourd’hui les femmes s’étaient retrouvées et dans leurs provocations en face de leurs maris, il y avait bien un petit air de revanche.

Belles, elles ne l’étaient pas seulement pour le plaisir obscur d’un seul homme qui depuis avait perdu ses ardeurs de jeune amant. Belles, elles l’étaient toujours à quarante ans, à cinquante ou soixante et plus, et entre elles, n’avaient aucun scrupule pour se montrer sous le visage de la femme éprouvée toujours fidèle à sa nature première d’amante.

Laurie, en bonne lieutenant, vint alors à la rescousse de sa capitaine de girls.

La psychologue avait compris la même chose qu’ Anke.

Elle interviewa quelques femmes aux âges différents tantôt en allemand, en français ou en anglais selon l’origine des personnes présentes : avaient-elles déjà danser nues sur scène, devant tant d’hommes qu’elles pouvaient voir bander ? Comment se sentaient-elles après ces danses ? Étaient-elles moins malades après ces exercices de kinésithérapie spéciale ? Avaient-elles perdu du poids ? Feraient-elles l’amour cet après-midi ou dès la sortie des bains ou même dès leur retour dans les vestiaires ?

Les réponses étaient spontanées, joyeuses, fraîches et sincères. L’une avoua qu’elle ne s’était jamais sentie aussi belle et nue face aux hommes et qu’il était dommage qu’un homme ne vienne pas la prendre de suite tant elle se sentait prête à l’accueillir. Elle reçut leurs applaudissements et sifflements admirateurs.

Laurie les remercia toutes et tous et déclara que le spectacle était terminé, qu’un autre dimanche matin il reprendrait peut-être.

La coutume celte du solstice d’hiver et la présentation des jeunes filles. 

Ils se dispersèrent dans les différents bassins. Werner et Sepp récupérèrent leurs filles aux bras de leurs mères et le groupe les applaudit une dernière fois toutes. Anke félicita les adolescentes qui baissèrent les yeux devant les autres adolescents et au milieu de tous ces hommes nus.

Frantz invita le groupe à s’installer dans la pièce du fond, derrière la petite porte de l’arrière-salle de la piscine centrale.

Friedrichsbad piscine centrale  et pièce du fond avec sa petite piscine

Tous une fois dans l’eau, il raconta à l’intention des jeunes filles, une coutume celte.

Friedrichsbad pièce du fond avec sa petite piscine

Au moment du solstice d’hiver, se tenait une fête où les jeunes filles du village, lorsqu’elles étaient en âge de se marier, dansaient sous un léger voile blanc diaphane au milieu d’une clairière, pieds nus sur la neige. Les charmes secrets de ces filles étaient ainsi exposés sous les regards de tout le village. Les hommes pourraient ainsi choisir leurs épouses autrement que sur une pulsion sexuelle née de la convoitise d’un corps féminin qu’ils cherchaient à tous prix à connaître. Les guerriers savaient également quel butin ils avaient à protéger dans leur village et les femmes n’auraient pas d’idées fausses sur les charmes d’une prétendue rivale.

La jeune fille qui était plus belle qu’une autre, tous et toutes l’avait vue nue danser devant eux et tous une fois à cette occasion avaient admis le mérite de ses charmes, les prétentions au rang qu’elle pouvait tenir dans leur clan. En plus, en étant capable de danser nue sur la neige, elles démontraient à tous leur parfaite santé nécessaire à leurs prochaines maternités.

Frantz ajouta qu’il voyait dans cette coutume, la reconnaissance d’un rôle social égal à l’homme : celui-ci paradait dans sa tenue guerrière, celle-ci triomphait également dans sa tenue guerrière car précisait-il, quelle autre tenue que sa nudité convenait à la femme lorsqu’elle partait en guerre pour affirmer ses droits naturels ?

Que faisait-on dans les cultures sociales où les femmes étaient rejetées dans l’ombre des hommes ? Frantz interrogea son public : n’était-ce pas une façon hypocrite de protéger les femmes ? En interdisant aux femmes de se dévoiler, les hommes ne voulaient-ils pas convaincre leurs rivaux ou leurs ennemis de la vaine prétention à venir prendre leurs femmes en butin de guerre ?

Les convaincre de la folie à provoquer la guerre pour des femmes dont ils n’avaient jamais vu le visage, dont ils n’avaient aucune assurance sur la véracité de leurs charmes, prenant le risque insensé de se faire tuer pour des femmes plus vieilles et laides qu’ils ne le pensaient ? La guerre n’aurait plus alors comme seul but que les richesses matérielles aussi vite détruites ou revolées par d’autres ?

Frantz assura qu’il pouvait comprendre ces peuples qui obligent les femmes à se voiler et à ne pas se montrer afin de protéger la paix publique mais ceci les empêchaient-elles d’être des butins de guerre, d’être systématiquement violées comme elles le furent en Bosnie, en Afrique, en Asie chaque fois qu’il y a un conflit ?

Frantz préférait l’exemple de ces jeunes filles celtes.

Il rappela que Jules César dans ses chroniques de la guerre des Gaules, avait écrit qu’il admirait ces jeunes femmes germaniques combattant nues au premier rang de l’armée. Cela perturba ses légions car au moindre coup d’épée, ces jeunes femmes étaient tuées, blessées, défigurées, impropres en tous cas à être violées ou emmenées en esclavage. De même, à la moindre hésitation des légionnaires contemplant un corps féminin, c’étaient ces jeunes femmes qui tuaient les soldats romains.

La bonne entente dans ces villages celtes, la paix intérieure, la cohésion, la force collective reposaient sur l’innocence et la pureté des jeunes vierges qui étaient le trésor du clan et ses gages de prospérité à travers les nobles descendances que ces corps dévoilés promettaient et devant lesquels les hommes devaient respecter l’ordre naturel de l’humanité.

Le mot vierge fit rougir les jeunes filles et elles avouèrent qu’après ce spectacle et devant tous ces hommes nus, elles ne se sentaient plus vierges. Laurie leur expliqua que réussir de suite la première fois à être heureuse en amour n’était pas donné à toutes les jeunes filles, qu’il y avait le plus souvent une déception entre un amour d’adolescence et un amour de jeune femme et qu’il valait mieux préparer ces moments là en ayant une bonne connaissance de sa sexualité, en acceptant toutes les possibilités de son corps et en sachant les utiliser.

Elle regarda les garçons pour leur dire que cela valait également pour eux. D’ailleurs, elle les questionna pour savoir si réellement ils avaient fait attention aux détails de la nudité des autres. En bonne naturiste, Laurie reçut des adolescents la réponse évidente : devant tant de corps nus, aucun n’avait eu le temps de s’attarder sur l’un d’entre eux et leur mémoire n’avait gravé aucun détail soi-disant obscène. Ils avaient vécu la nudité dans le naturel et sans être gêné par quoi que ce soit. Ils remercièrent Laurie pour cette leçon de choses.

La leçon de choses pour les adolescents

Sepp qui avait croisé le regard pédagogue de la psychologue, vint se plaindre que l’on ne s’était pas beaucoup occupé des adolescents. Il leur demanda de dire, car c’était un point fondamental dans la culture des hommes, au delà de toute préoccupation naturiste, qui d’ Anke, Laurie et Françoise avait la plus belle paire de fesses. Visiblement gênés, ils n’osèrent pas ouvrir la bouche. Dominique les prit à part pour qu’ils lui chuchotent la réponse à l’oreille. Sans trop tenir compte des réponses, elle déclara qu’ils ne pouvaient se prononcer.

D’après ce qu’ils venaient de dire, leurs yeux innocents mais déjà naturistes s’étaient interdits de regarder de tels endroits !

Le bassin dans cette petite pièce retirée leur était comme réservé. Ils n’étaient pas nombreux et il n’y avait aucune personne étrangère à leurs groupes. Les parents des deux garçons et des trois filles étaient accompagnés de Laurie et Dan, Françoise et Pierre, Anke et Frantz. Patrick et Carine étaient retournés au bain de vapeur.

L’intimité du lieu convainquit Dominique de pousser la leçon jusqu’à son bout pour le bien de son garçon et de celui de Barbara. Elle demanda une leçon de choses. En prenant l’initiative, elle protégeait en fait son enfant car elle était en droit de se demander à quelle sauce il serait mangé si Anke et Laurie se mettaient de la partie et se précipitaient sur lui !

Dominique, professeur de lettres, avait évidemment lu également le livre de Malinowski sur la vie sexuelle des sauvages des îles Trobriand. Elle connaissait les principes de base de cette éducation à la liberté sexuelle certes encadrée par des rites nombreux et précis, de la magie.

Ce qu’elle avait retenu, tenait en quelques principes évidents : l’éducation des adolescents se fait entre eux, sans l’intervention directe des parents. Les jeunes filles peuvent accompagner partout leur père et assister aux rencontres entre hommes, ceci pour mieux connaître les hommes. Les jeunes garçons n’avaient pas ce droit. Ensuite les enfants assistaient aux ébats amoureux de leurs parents dans leur hutte. Le seul interdit pour eux était d’en parler ensuite ailleurs. La discrétion s’imposait fermement en contre partie de l’accès libre aux ébats sexuels amoureux des parents ou des adultes. Enfin, les adolescents devait vivre entre eux dans une maison commune au centre du village pour ne la quitter qu’une fois qu’ils s’étaient choisis pour former un couple solide pour le restant de leur vie humaine. Le jeune couple allait alors rejoindre une hutte dans laquelle une vieille femme vivait seule pour l’aider dans les tâches domestiques en contre-partie de la disposition du lieu jusqu’à leur mariage.

Bref les ébats sexuels publics ou dans l’intimité de quelques proches font partie de l’éducation sexuelle et de la démarche amoureuse tant que la discrétion s’impose.

Pour Dominique, l’éducation sexuelle des adolescents de leur groupe, devait suivre ces principes des îles Trobriand ! D’ailleurs Freud à partir de 1936 avait fini par reconnaître grâce à son ami Malinowski, la supériorité du matriarcat dans l’organisation d’un groupe social humain !

Elle pria les trois jeunes femmes de se ranger sur le bord du bassin, à genoux et de tendre les fesses en creusant les reins. En restant dans le bassin, elle passa rectifier leurs tenues et vérifier qu’elles prenaient toutes le même léger écartement des cuisses de manière à laisser entrevoir le sexe.

Sepp y avait tenu car cela faisait partie, d’après lui, de l’image du cul qui plaît à un homme et ses deux filles en avaient montré davantage tout à l’heure.

Pour des questions d’égalité, les trois s’exécutèrent. Werner demanda à Sepp de montrer aux garçons comment embrasser les fesses d’une femme puisque c’était lui le spécialiste. Il traversa le bassin et fit sa démonstration. Les garçons furent priés de répéter la leçon sous les encouragements de leurs mères puis ils donnèrent leur nouvelle réponse à l’oreille de Dominique. Elle calma l’impatience de tous en déclarant que la guerre de Troie n’aurait pas lieu, que les garçons avaient parfaitement choisi et qu’ils étaient déjà de fins connaisseurs en matière de femmes, son fils y compris. Elle donna le verdict à l’oreille de Barbara puis à celle de Gérard. Barbara le transmit à Werner et les hommes applaudirent au choix de leurs fils. Enfin Dominique, flattée, avoua le verdict : ils avaient chacun préféré les fesses de leurs mamans !

Tous applaudirent en riant. Laurie leur fit remarquer qu’ils n’iraient pas très loin avec les fesses de leurs mamans, que par contre avec les siennes, il y avait des possibilités sans parler de celles d’ Anke ou de Françoise….mais Dominique qui avait étudié apparemment à fond le tabou de l’inceste et pas seulement chez Freud, conclu qu’une mère moderne pouvait aussi se charger de certaines choses plutôt que de laisser cela à des jeunes filles pas toujours très bien élevées ou propres ! Ceci correspond au rite du jeu de la guerre sur les îles Trobriand.

Cette fois-ci, plus aucune différence n’existait. Le moment commun et intense qu’ils venaient de vivre les avait réunis. Ils étaient bien un seul et même groupe. Les adolescents comprenaient que les adultes puissent se laisser aller entre eux à un certain partage d’intimité. Les adultes comprenaient que les adolescents devaient se donner leur temps d’apprentissage pour arriver à ce partage. Tous comprenaient que cet accord repose sur la plus entière discrétion.

Il leur fallait d’abord amasser des désirs, des rêves, des certitudes, des envies, des besoins capables de traverser leur vie entière avant de pouvoir les partager. Les adultes n’étaient là que pour susciter des désirs vrais et humains, montrer pudiquement les chemins possibles du partage, en aucun cas ils n’avaient le droit de décider du moment et de la forme de ce partage. Tous l’avaient compris. Les regards et les paroles de Werner, Barbara, Sepp, Sandra, Gérard et Dominique avec leurs enfants scellèrent ce pacte.

L’eau avait 25 degrés environ, les remous intermittents provoqués par son arrivée donnait l’impression d’être relié directement à la source thermale. Ils firent silence, fermèrent leurs paupières, laissèrent flotter leurs corps.

Les rêveries sentimentales du poète

Pierre les observa. Il n’avait rien dit, il n’avait rien fait. La magnifique cohésion de leur groupe avait permis à Anke de se libérer et d’être un leader aux charmes époustouflants. Un instant il fut jaloux d’elle alors qu’il était si maladroit dans ses contacts avec les autres.

Il aurait bien voulu de temps à autres se débarrasser de son fardeau, ne plus être capable de faire parler des êtres disparus, de raconter tant d’histoires sur les égyptiens, l’œuvre hermétique, l’approche vers le Bouddha, les bases d’une révolution politique économique et sociale, les joies et les mystères de la vie après la mort du corps.

Il aurait préféré semer la bonne humeur, provoquer l’entrain. Il savait depuis longtemps s’accommoder de ce poids de révélations qui pesaient sur sa conscience. Peu à peu il avait découvert ceux qui lui permettaient de vivre. La connaissance de son non-être l’aidait maintenant à supporter sans plus aucune agressivité le fait d’être né poète, voyageur continuel entre ciel et terre, voyeur d’âmes.

Il avait bien aimé l’histoire de Frantz. Il imagina la scène de cette fête dans un village celte sous la neige. Il se prenait parfois au jeu de devoir choisir entre vivre au temps de la Haute-Égypte, au temps des celtes, de la Grèce du sixième siècle avant Jésus-Christ, dans un temple lamaïste du Tibet, au temps de Jésus.

Il souriait en sachant qu’après la mort de son corps, toutes ces expériences lui seraient à nouveau reconnues et que sa curiosité d’humain n’était qu’une manière d’établir le planning de ses premières activités lorsqu’il serait de retour chez nous. Maintenant, il devait admettre qu’il ne s’était jamais senti aussi bien qu’après toutes ces lectures, ces travaux qui lui avaient permis de connaître les mystères de ces civilisations qu’il avait attachés à son bâton de pèlerin en route vers son identité de toujours. Jamais il n’avait été aussi heureux qu’après ces rencontres chez Amadeus, qu’ici et maintenant après cet élargissement de leur groupe aux adolescents, signe manifeste d’une plus grande chance de pérennité de leur entreprise et qui valait bien quelques bisous sur quelques fesses ! Il regarda ces filles et ces garçons. Le moment venu, ils seront présents pour partager le mystère qu’il ferait revivre. Il pensa à ses propres enfants et ferma lui aussi les yeux. Il dut se raccrocher fermement aux bords du bassin tant le flottement de son corps et les remous le poussaient à s’éloigner du bord !

Le dimanche après-midi, la rencontre spirituelle.

Après le repas de midi, alors que les adolescents avaient regagné leur groupe, plusieurs demandèrent grâce ! Ils avaient besoin d’une pause, de faire la sieste. Laurie leur proposa quelques exercices de sophrologie puis elle les laissa s’endormir une demi-heure. Réveillés, ils ne retrouvèrent pas leur ardeur au travail.

Werner les rassura : pour lui, la démonstration de ce matin à la piscine du Friedrichsbad était concluante. Il avait observé les gens extérieurs à leur groupe et l’enthousiasme qu’ils avaient manifesté pour suivre le programme d’Anke. La joie communicative des femmes, leur beauté envoûtante, leur culture, leur foi dans la vie valaient bien tous les discours, toutes les simulations de gestion. En blaguant, il demanda à Sandra de simplement se renseigner sur la possibilité de louer l’ensemble des thermes pour pouvoir y organiser leurs soirées publiques… en ayant pris soin d’enlever la plaque : “bain romain-irlandais” pour la remplacer par le sigle ” orgie new age antiquo-européenne ! “

Se quitter déjà n’était pas envisageable, rester là à bavarder était inconvenant après tous ces temps forts de leur week-end et en plus ils n’avaient pas faim, comme s’ils s’étaient nourris durant la nuit de l’air de la montagne. Ce temps disponible appelait une conclusion éclatante, un moment qui allait les rassasier jusqu’à la fois prochaine, un moment qui allait les élever jusqu’à ces limites dont ils avaient tant parlé et qu’ils avaient entrevues, entendues dans l’aube de cette journée. Avant que le groupe ne s’interroge trop visiblement sur ce qu’ils voulaient faire, Pierre sortit de la pièce avec Frantz. Anke et Laurie comprirent que ces deux là avaient une proposition à leur faire et elles firent patienter le groupe.

  Pierre et Frantz éprouvaient le même besoin de vivre une dernière rencontre plus spirituelle mais ils n’étaient pas d’accord sur la forme.

Frantz avait encore dans ses poches quelques textes ésotériques à lire et proposait de réfléchir à l’élaboration d’un rite initiatique de chevalerie.

La célébration de leur communion.

Pierre le convainquit que le moment était en fait propice à la célébration de leur communion.

Plutôt que de discuter déjà d’un rite initiatique, il valait mieux que le groupe tâte du mystère et celui de la transmutation du corps divin sous les espèces du pain et du vin se prêtait davantage à la célébration de leur communion. Pierre assura à Frantz qu’il parlait du rite de la célébration de ce mystère tel qu’il était pratiqué par les grands prêtres de la haute Égypte dans le cadre de la sanctification du processus de résurrection à la vie que toute personne se doit d’accomplir de son vivant, célébration que Jésus réintroduisit. Il n’était plus question, comme la nuit dernière et le récit d’Anke, du rite de Dionysos et du sacrifice du bouc pour manger sa chair et boire son sang comme chez les bacchantes en furie.

Ils allèrent dans la cuisine remplir une corbeille de bouts de pain et versèrent dans une large coupe à glace la demi-bouteille de vin blanc qu’ils trouvèrent au frigidaire. Ils prirent un linge blanc et revinrent parmi le groupe.

Assis en rond par terre, Pierre leur apprit à prier, à chercher en eux cette force capable de parler à la présence qui vit en eux et qui est la même que celle qui vit dans les autres. Ils prièrent pour eux puis pour une autre personne qu’ils devaient choisir dans leur secret, ensuite pour une personne du groupe, enfin pour leurs enfants. Pierre prit alors la parole et revint à celui qui vit en nous :

Père, notre père qui vit en nous

tu nous as créés au ciel à ton image

venus sur cette terre, nous sanctifions ton nom

et fortifions grâce à ton amour, notre foi pour la partager selon ta volonté

avec ceux de nos frères qui ont peine à trouver le chemin de leur retour chez eux, auprès de toi.

donne nous notre pain quotidien

pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

ne nous laisse pas succomber au découragement et montre toi à nous dans l’espérance de vie de notre prochain pour que nous célébrions déjà ici la joie d’être avec toi aujourd’hui et à jamais.

Pierre reprit plus lentement la prière et tous répétèrent puis il poursuivit :

je rends grâce à nos pères

qui avaient calculé l’année où notre terre allait à nouveau modifier son centre de gravité et surent survivre à ce cataclysme

je rends grâce à ceux qui surent vivre selon les lois divines de notre univers tel qu’il nous a été donné et qui surent y reconnaître la puissance de notre créateur sans jamais s’en écarter ni dans la colère ni dans le doute pour conduire l’humanité sur des rivages nouveaux

je rends grâce à ceux qui ont compris que les désarrois de l’univers et nos cataclysmes ne sont pas une aberration du créateur mais les marques de sa volonté qui veut que nous soyons toujours à son écoute, que la vie de notre humanité passe par son écoute permanente, dans les mouvements de nos montagnes, les tremblements de nos terres, les frémissements de nos âmes, la courses des astres que nous observons et qui nous transcrivent jour après jour les lois cosmiques et divines

je rends grâce aux descendants des survivants d’avoir choisi les bords de ce fleuve où se côtoient les peuples de trois continents dans la promesse d’une terre fertile sans cesse renouvelée et d’une vie bénie par la divinité

je rends grâce à ces descendants des survivants d’avoir recréé leur centre de vie à l’écoute du Père, au milieu du désert où la pureté du ciel dégage la voie des étoiles, au milieu du désert dont le sable conserve pour des millénaires l’œuvre des initiés et au bord du fleuve, lieu unique prédestiné où la puissance de l’univers se marrie à son créateur et à la promesse de vie terrestre féconde

nous témoignons de cette foi sûre et fidèle en la connaissance de Dieu et de l’univers qu’il nous a donné, de cette foi qui les vit s’installer là pour manifester à jamais la connaissance fondamentale où l’homme puise ses raisons de survivre à la mort de son corps ainsi que la connaissance des lois cosmiques et divines qui raffermissent son âme

nous vous rendons grâce, bâtisseurs des trois temples d’Héliopolis, de Memphis et de Thèbes, vous qui avez reconstruit le mystère du Grand Œuvre de notre créateur et permis de garder ouvert le chemin de notre retour près de lui ainsi que vous en gardiez trace dans le Cercle d’Or de la double maison de vie de Dendérah

je rends grâce à notre créateur et m’agenouille devant lui à côté des prêtres d’Héliopolis pour affirmer le mystère de la création qui divisa l’origine et fit qu’un jour tout reviendra à l’origine

je te rends grâce, toi qui existe et qui a été créé pour vivre en nous, pour entendre le verbe du créateur et vivre auprès de lui lorsque notre corps ne sera plus que poussière

je te rends grâce toi qui gouverne mon existence terrestre, toi ô mon Seigneur, pour t’être révélé à moi et conduire ostensiblement mes pas vers notre Père. Que par la grâce de mes paroles qui transmettent le message du Verbe que j’ai reçu, vous puissiez témoigner de la présence du Seigneur qui est en vous !

grâce à toi, ô mon Seigneur, pour répondre infailliblement à ma prière et me soutenir sur le chemin de ma passion jusqu’à la révélation de la plus entière unicité entre mon âme, le Verbe qui est en chacun de nous et toi qui nous mène vers le Père.

Grâce à toi pour la foi inébranlable que tu m’as donnée et qui m’engage à me libérer de mon corps, à me libérer de ce monde pour que tu daignes m’investir totalement, t’incorporer en moi dans ton amour infini pareil à celui du Père et faire revenir à la vie celui qui a vécu dans ce corps mortel au service de ta présence éternelle parce que tel est ton pouvoir, à toi qui reviens toujours vers le Père dès que notre corps se meure, à toi qui viens toujours en nous dès la naissance du premier souffle de notre corps, à toi le Christ, Seigneur fait chair de l’homme pour nous guider,

Christ Fils de Dieu fait homme pour nous permettre à travers ses paroles de nous adresser directement à notre Seigneur et par lui à Dieu,

Christ qui ressuscite toujours de la mort et nous aide à ressusciter à la vie éternelle avant que meurt le souffle de notre corps terrestre.

Ainsi nous dépasserons la dimension ternaire universelle; l’humanité ne sera plus égale à quatre, sept ne sera plus le nombre d’or qui réconcilie l’homme et son créateur; nous serons un et un; nous ferons deux, toi notre Père et nous tes fils réunis dans ton unicité et ton amour, tes fils tout entiers réunis ici bas par le Christ.

Non nobis, Domine, non nobis sed nomini tuo da gloriam

Seigneur que, pour nous sauver, tu as fait également perceptible aux hommes et qui vit au milieu de nous…

Nous, tes fils tout entier emplis du Verbe et de la conscience de leur Seigneur pour célébrer cette trinité Père Seigneur et Verbe, Père Fils et Saint-Esprit qui à travers le Christ est ton image la plus fidèle pour les regards de notre humanité et dans laquelle tu nous reçois comme tes enfants.

je rends grâce aux hommes, aux femmes, aux enfants qui depuis l’origine de l’humanité ont su faire revivre ce lien indestructible entre notre existence terrestre et la présence éternelle du Créateur.

Nous leur rendons grâce pour avoir parcouru ce chemin qui a fait, ô notre Seigneur, que tu te sois incarné en eux et que tu aies ostensiblement brisé les lois de leurs morts pour conforter la promesse de notre résurrection.

Pierre prit la corbeille de pain et la coupe de vin

Comme nous l’ont appris ceux chez lesquels tu t’es incarné, ô notre Seigneur, présence de Dieu en chacun de nous, toi qui nous conduit au Christ parmi nos frères, nous célébrons le culte de notre passion qui nous mène à ton incarnation en nous et nous sauve de la perdition sur cette terre

je bénis ce pain et ce vin, fruits de la terre et du ciel.

Père, à travers le travail de tes fils, tu nous les donnes pour nourrir nos corps. Maintenant qu’ils vont être consommés pour nous fortifier, je te demande de les associer au mystère de notre vie qui doit être consommée avant de revenir chez nous auprès de toi.

En mémoire des hommes-christ au service de ton œuvre qui guidèrent le peuple des survivants et qui en souvenir de ta miséricorde célébrèrent en ton nom le culte de la mort et de la résurrection, en mémoire de Jésus qui réintroduisit ce rite dans nos cœurs, je te présente ce pain et ce vin, fruit du travail des hommes, qu’ils deviennent le corps et le sang de ta présence qui fortifie la vie que tu nous as donnée pour l’éternité des siècles et des siècles.

Les autres répondirent : Amen !

Pierre leva plus haut la corbeille et la coupe, les autres s’étaient mis instinctivement à genoux.

Comme nous l’ont appris nos maîtres dans la lumière et la vie de Dieu, voici le corps, voici le sang de Dieu qui vit en nous et vivra par delà notre mort comme il vivait avant notre naissance. Voici le corps et le sang du Christ qui toujours ressuscite d’entre les morts.

Vous tous qui croyez et espérez, bienheureux êtes vous dans votre attente. Prenez et mangez, que ce corps et ce sang vous fassent communier plus étroitement encore avec le ressuscité qui vit en vous !

Pierre présenta à chacun la corbeille puis Frantz passa pour présenter la coupe et essuyer son bord après que chaque participant ait bu. Le recueillement était profond. Après avoir gardé un long moment le silence, Pierre poursuivit :

Nous avons communié pour nous fortifier dans la présence de l’Éternel et nous sommes davantage prêts à nous ouvrir au Christ qui vit parmi nous pour qu’il s’incarne en nous et nous fasse entendre le Verbe qui nous laisse aller vers le Père.

Donnons nous le baiser de paix…

Quand vous le souhaiterez, nous pourrons célébrer à nouveau cette communion et je vous apprendrai à conduire chacun à votre tour ces prières et cette offrande à la gloire des mystères de notre vie…

Nous reprendrons nos travaux dans quinze jours, rentrons maintenant chez nous et travaillons à nos moyens de réussite !

La fin de leur week-end

Tous acceptèrent de clôturer ainsi leur week-end.

Avant de plier bagage, ils réglèrent à Frantz le prix convenu pour les repas, la rémunération d’Évelyne. Ils cherchèrent les enfants puis avant de partir, ils se jurèrent de se retrouver tous dans deux semaines.

Quelques uns avaient prévu des départs en vacances qu’ils allaient dès demain modifier. Ils se hâtèrent de monter dans les voitures comme pour être plus vite chez eux, au calme pour entreprendre ce travail délicieux d’assimilation, de digestion de chacun de ces merveilleux événements qui bouleversaient leurs existences.

Avant que la voiture de tête ne s’élance, plusieurs sortirent de leurs véhicules pour demander à Laurie si elle avait bien sa cassette audio. Elle la leur montra en la tenant par la main au dessus de la voiture, son bras sorti par la fenêtre et le cortège s’élança…

Les filles de Pierre et Françoise racontèrent au cours du voyage leur rencontre avec le Roi du Mummelsee, ce patriarche à la longue barbe blanche et au trident doré avec lequel il jette la foudre sur les méchants ou tisse des arc-en-ciel sur les gentils. Elles étaient impressionnées.

Françoise et Pierre se regardèrent. Ils se promirent qu’un jour, elles écouteraient elles aussi les voix de l’au-delà, elles célébreraient la communion avec Dieu qui vit en elles… c’était bien la moindre des choses pour des filles de poète !

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