Histoire des conflits entre systèmes de pouvoir et organisations en réseaux de vie sociale.
L’antagonisme entre organisation en réseau de vie et système de pouvoir, nous l’avons vu dans nos deux premières parties, est flagrant. Les organisations en réseau développent des civilisations florissantes au cours de périodes pendant lesquelles les guerres sont rares et les échanges entre peuples nombreux.
Les connaissances au cœur des conflits entre vainqueurs et vaincus
Nous pourrions élaborer le scénario simpliste suivant : une fois cette civilisation parvenue à un niveau de vie élevé, elle suscite la convoitise d’autres peuples avec lesquels elle a eu jusqu’alors peu d’échanges et ces barbares s’organisent dans un système de pouvoir militaire pour vaincre et piller cette civilisation florissante.
Mais les vainqueurs ne peuvent se contenter de piller un jour pour repartir chez eux le lendemain avec le butin : la vraie richesse consiste à savoir comment produire ces biens et cette culture qui favorise le développement du groupe sur une longue période. Elle consiste à apprendre et à sortir de l’ignorance qui a fait que l’on a vécu plus pauvrement avec un niveau de vie insuffisant. En fait, les vainqueurs devraient demander aux vaincus les connaissances pour continuer à développer toujours plus les richesses matérielles, spirituelles et culturelles qu’ils viennent de conquérir et donc, au bout d’un certain temps, la plupart des peuples devraient arriver à un niveau de vie élevé et finir par s’entendre pour maximiser leurs chances de s’enrichir ou rester riches sans craindre de nouveaux barbares qui viennent piller à leur tour les richesses créées.
C’est la solution logique, raisonnée et raisonnable qui s’oppose au cynisme qui anime les intérêts personnels dans les systèmes de pouvoir qui privilégient la propriété individuelle y compris pour les moyens de production. Il arrive cependant que les deux organisations cohabitent au cours d’une même période parmi des peuples comme ce fut le cas durant le haut moyen-âge et le début du temps des cathédrales.
L’organisation en réseau des moines et des chevaliers, principalement l’ordre du Temple, se développe alors au point de ruiner le système de pouvoir du roi de France en le privant de près de 90% des richesses provenant de la propriété foncière et des récoltes sans compter les richesses provenant du commerce et des échanges financiers que les templiers avaient développés à travers leurs agences bancaires. Nous savons que le roi Philippe le Bel a préféré spolier les juifs pour se payer une armée de mercenaires et avec l’appui du pape qu’il a lui même nommé, ce roi a commis le parjure et la trahison pour détruire l’ordre du Temple et mettre en place l’absolutisme royal afin de s’approprier les richesses des organisations en réseau. Nous avons dit que cette férocité à détruire l’organisation des chevaliers templiers et à confisquer la propriété commune des abbayes et des commanderies de l’ordre du Temple, représente la principale fracture entre le peuple et les dirigeants français, fracture que la république n’a jamais su éliminer si tant est qu’un jour elle ait pris en considération cette fracture et l’alternative de l’organisation en réseau.
Temps de la concertation et temps de l’action, deux moments dans les conflits.
L’organisation en réseau comme le système de pouvoir donnent des résultats immédiats. Cependant il y a une perception différente du temps : dans un réseau le premier travail va être une concertation pour mettre en place le projet du groupe. Dans un système de pouvoir ce temps de concertation n’existe pas car c’est le groupe des dirigeants qui imposent ses décisions et le temps de réduire les oppositions peu être long.
Nous avons vu qu’il y a là une source de la fable sur l’efficacité du système par rapport aux organisations en réseau.
Il y a également une différence dans l’appréciation des résultats : une société florissante est le résultat de plusieurs générations alors que le fonctionnement d’un système de pouvoir procure des résultats immédiats en faveur de ses dirigeants.
Lorsque tous s’entendent pour produire et partager les richesses sans les gaspiller à travers des conflits destructeurs, forcément le niveau de vie de chacun va s’élever. Ce devrait être la première solution. La seconde solution est d’une logique tout aussi imparable : lorsque j’arrive à prendre le pouvoir et à soumettre les peuples pour qu’ils travaillent à mon seul profit, j’arrive à m’enrichir très rapidement et beaucoup plus que dans la première logique.
La logique et l’irrationnel dans les conflits
La prise de pouvoir des financiers dans le système économique capitaliste libéral illustre depuis les années 2000, cette recherche effrénée de la maximisation des profits à très court terme à travers les manoeuvres de spéculation sur les marchés financiers et monétaires. Un constat à ce stade : la première logique ne peut pas éliminer la seconde logique et donc la question n’est pas une affaire de logique mais bien une question qui touche profondément à des éléments irrationnels comme l’ont admis aussi bien Keynes que Freud. La première question irrationnelle que Freud et Keynes ont retenu est bien évidemment la question de la mort, la peur de la mort, la volonté de laisser une trace derrière soi et donc la volonté de conquérir le pouvoir le plus puissant pour imprimer sa présence dans le présent et surtout dans le futur. A ce stade ce désir irrationnel confine à la folie pure !
La solution logique de s’organiser en réseaux de vie
A bien réfléchir, la plupart des membres d’un groupe social devraient choisir la première solution logique : s’entendre et s’organiser en réseaux. Nous avons vu que les peuples premiers, les Moso, les indigènes des îles Trobriands, les tribus des forêts équatoriales sont organisés en réseaux et qu’ils ne connaissent pas la rareté des biens économiques mais au contraire ils partagent une abondance lorsque tout se passe bien et que des cataclysmes naturels ne viennent pas empêcher les récoltes. Nous avons montré la raison principale : face aux risques de famine, de misère et de violences, le groupe privilégie la propriété commune et dans certains cas comme chez les Moso, rejette et déclare tabou la propriété individuelle.
L’abondance chez ces peuples n’est pas reliée à la notion de besoins individuels illimités comme dans notre système économique. Les besoins individuels se limitent à la survie physiologique du corps humain car chez ces peuples, l’essentiel consiste à vivre des amours les meilleurs possibles, à éduquer les enfants dans une culture fondée sur l’amour et la paix dans laquelle les générations sont solidaires pour éliminer la misère, les violences et les guerres et pour développer des liens sociaux les plus pacifiques possibles dans leur peuple et avec les peuples voisins. C’est la logique du peace and love, remis au goût du jour furtivement dans les années 1960 parmi une certaine partie de la jeunesse occidentale.
Nous n’allons pas reprendre ici la thèse de Marx : c’est le rapport de forces entre les classes sociales qui décide du choix de la société. Il faut que les classes populaires renversent le rapport de force pour s’emparer du pouvoir. Nous avons dit que Marx ne raisonne que par rapport à un système de pouvoir et qu’il a écarté l’alternative de l’organisation en réseau qu’il avait pourtant sous les yeux lorsqu’il prit connaissance de la grande loi qui lie des nations iroquoises et lorsqu’il dut constater que la confédération des nations iroquoises procurait un niveau de vie largement supérieure aux peuples d’Europe soumis à des systèmes de pouvoir mais il est certain que vers les années 1850, ni Marx ni les autres auteurs n’ont utilisé le vocabulaire : système ou réseau.
Ces mots sont la suite du structuralisme du 20ème siècle : la structure influence considérablement les manières de vivre et de penser ; nous sommes assignés à résidence dans l’étendue textuelle des concepts et des dogmes qui fondent nos systèmes de pouvoir et il faut une réelle démarche libératrice pour briser ces contextes et quitter nos systèmes de pouvoir.
Les guerres pour conquérir des richesses matérielles
La réalité historique est toute autre : chaque groupe social ne choisit pas en toute liberté de s’organiser en réseau ou en système de pouvoir. Les richesses matérielles sont bien entendu un des mobiles qui poussent les peuples à piller les autres mais si la première logique, celle de l’enrichissement matériel à long terme de l’ensemble des peuples, n’est pas vérifiée, c’est bien qu’il y a d’autres mobiles qui animent les acteurs de l’histoire.
Le plaisir de dominer les peuples
Parmi ces mobiles, la jouissance du pouvoir et des richesses matérielles, c’est à dire le plaisir pris dans la domination des peuples, occupe la première place parmi les dirigeants des systèmes de pouvoir.
Les exemples de tyrans qui ont laissé leurs peuples être détruits ou ruinés voire mourir de faim sont très nombreux et c’est souvent ainsi que les tyrannies finissent lorsqu’une puissance étrangère ne vient pas délivrer ces peuples opprimés.
Les mécanismes de soumission
Le cas du nazisme illustre cette folie destructrice au 20ème siècle. A travers l’expérience de Milgram, nous avons vu que les mécanismes de domination sont considérablement aidés par les mécanismes de soumission qui transforment les êtres humains en agent d’exécution des ordres les plus criminels.
Quelques autocrates et despotes suffisent ainsi à instaurer la soumission de milliers de personnes et lorsqu’ils utilisent les média, la soumission de millions de personnes.
La poursuite de l’œuvre des civilisations les plus avancées
Il y a cependant dans l’histoire de l’humanité un autre mobile qui pousse les peuples à s’engager dans une voie positive et constructive : la poursuite de l’œuvre entreprise dans les civilisations les plus avancées et la préservation d’un savoir ancien dont nous n’avons toujours pas pris la mesure. Nous avons abordé dans notre première partie ce savoir sacré et interdit par la religion catholique romaine parce que ces connaissances expliquent le développement de l’humanité par des apports biologiques venus d’êtres vivant sur une autre planète.
Les survivants du dernier grand cataclysme et les vestiges du savoir disparu.
Nous avons montré la filiation entre l’Atlantide et la fondation par les survivants des civilisations du Moyen-orient avec leur apogée dans la civilisation égyptienne. Ces peuples ont utilisé les restes du savoir ancien en partie perdu lors du dernier grand cataclysme mais ils ont aussi développé les enseignements tirés de la démarche initiatique et c’est bien l’utilisation de ce savoir global qui donne à ces cultures cette dimension humaine et humaniste qui manque terriblement dans notre société actuelle matérialiste dominée par le système de pouvoir économique neo libéral et financier.
Nous avons montré dans notre première partie que le fonctionnement des réseaux repose sur la propriété commune, la seule capable d’assurer la confiance dans les moyens de prévention et de lutte contre les risques naturels et les violences. Les richesses produites dans le cadre de la propriété commune ne sont pas des richesses au rabais, de seconde importance. Au contraire, les réalisations sont inestimables car elles sont le produit du travail de milliers de personnes qui justement ont trouvé un travail en participant à leur réalisation.
Les merveilles du monde antique, les chefs d’œuvres des civilisations disparues sont toujours la base de l’activité touristique et des voyages culturels à travers le monde.
Les richesses matérielles ne sont donc pas un critère pour opposer systèmes et réseaux : les pillages ont toujours eu lieu et les chefs d’œuvre ne sont pas réservés aux réseaux : des despotes fort connus ont rendu esclaves leurs peuples pour se faire construire des palais et des villes digne des pharaons à la différence essentielle que l’esclavage était inconnu chez les pharaons et que les peuples qui s’étaient opposés aux pharaons et qui avaient été vaincus venaient certes en captivité mais ils participaient à la vie locale dans laquelle ils devaient s’intégrer petit à petit pour arriver à partager le haut niveau de vie et de culture qui n’existait pas chez eux auparavant.
Les richesses font bien partie de l’histoire des conflits entre systèmes et réseaux mais elles ne sont pas la cause de ces conflits.
L’utilisation des richesses peut être exceptionnellement une cause de conflits à l’intérieur des systèmes lorsque la minorité dans un système abuse de son pouvoir pour servir ses intérêts et que le peuple se sépare d’elle.
Cette crise ou cette révolution a d’autant plus de chance d’aboutir que le message apporté par le groupe des initiés a pu être connu et partagé et que l’utilisation du savoir ancien et du savoir global peut reprendre toute sa place dans la société.
En 2022, les dirigeants politiques à travers le monde veulent lutter contre les déficits publics aggravés par la crise financière de 2008 et ils utilisent des manières souvent brutales pour imposer leurs thèses sur la rigueur économique et la réduction de la protection sociale en demandant aux populations de payer alors que les plus riches poursuivent l’évasion fiscale et ne sont guère mis à contribution.
Les économistes ne cessent de répéter que ces mesures de rigueur sont une erreur monumentale. Pourtant nos dirigeants politiques du système capitaliste, pour sauver leur place, ne sont capables de prononcer que ce genre de discours simplistes et manipulateurs dans leurs comportements de culpabilisation, voire de dévalorisation et de mépris pour les catégories les moins aisées. Leur volonté farouche de rester au pouvoir dans ce système économique qui ne fonctionne plus, implique une révolution pour les éliminer et changer le régime politique afin de supprimer ses liens inféodés aux puissances de l’argent et des profits inconsidérés.
Ce changement se fera sans difficultés majeures lorsqu’un groupe suffisant de citoyens aura compris ce qu’est l’alternative de l’organisation en réseau, qu’elle est son origine intellectuelle, rationnelle et spirituelle et comment des peuples l’ont utilisée pour développer des civilisations florissantes sans misère et sans chômage.
Nous sommes dans une période où chacun doit se positionner : collaborer encore avec les dirigeants de ce système de pouvoir ou développer des formes de résistance à cette oppression politique, économique et sociale. C’est la raison pour laquelle, l’analyse de l’histoire des conflits entre systèmes de pouvoir et organisations en réseaux, est d’actualité et possède une importance fondamentale.
L’utilisation ou l’interdiction du savoir global pour trouver nos raisons de vivre
L’histoire des conflits entre systèmes de pouvoir et organisations en réseaux a pour trame de fond la lutte des peuples pour avoir le droit d’utiliser ou non ce savoir global et grâce à lui, pouvoir produire et répartir plus équitablement les richesses matérielles et spirituelles.
La manière de produire les richesses, les valeurs d’une culture qui conditionnent les normes et les modes de vie sont bien la cause des conflits entre systèmes et réseaux. La question de la mort est évidemment au centre de tout. L’utilisation du savoir global et de la première source de savoir apporter une réponse spirituelle sur la question de la mort du corps charnel et de l’importance à accorder aux biens matériels durant notre condition humaine par rapport aux besoins de partager nos raisons de vivre et de mourir trouvés lors de la rencontre avec les mystères de la vie. La démarche initiatique répond à nos raisons de vivre et de mourir et supprime la peur de la mort. La conséquence est l’élimination du désir de s’enrichir le plus possible pour laisser une trace dans l’histoire.
La lutte entre propriété privée et propriété commune.
La propriété commune ne consiste pas seulement à réaliser des chefs-d’oeuvre mais elle est aussi une marque de solidarité vis-à-vis des générations futures. Les pyramides d’Égypte ont été bâties pour nous laisser la trace du calcul de la date du dernier grand cataclysme de manière à ce que nous puissions calculer la période dans laquelle un nouveau basculement de l’axe de la Terre deviendra fortement possible et il est probable que ces pyramides résisteront lors de ce basculement de manière à pouvoir calculer l’étendue du bouleversement géologique.
Pour pouvoir faire admettre aux populations la légitimité d’un enrichissement personnel maximal, il n’y a que l’utilisation de la propriété individuelle. Les conflits entre systèmes et réseaux peuvent donc se caractériser à travers la lutte entre la propriété privée et la propriété commune. Les critères sont donc bien irrationnels et portent sur l’acceptation ou non du savoir global qui utilise les deux sources de savoir possibles pour un être humain.
La question de la place de la religion
Plus précisément, l’acceptation de la source initiatique de savoir dépend de la religion qui est utilisée : mouvements spirituels dans les réseaux, théocraties dogmatiques dans les systèmes de pouvoir avec interdiction plus ou moins stricte de la démarche individuelle spirituelle.
La question de la religion a toujours été au cœur de ce conflit entre systèmes et réseaux et dans notre première partie, nous avons vu comment les organisations en réseau et les mouvements spirituels conçoivent la religion et comment les systèmes de pouvoir religieux construisent leurs dogmes et leurs histoires sur les personnages divins qu’ils inventent plus ou moins ou reprennent d’autres religions plus anciennes pour construire leurs légendes et leurs croyances.
L’histoire de la civilisation occidentale depuis deux mille ans se caractérise par le développement des systèmes de pouvoirs tour à tour religieux, monarchiques, civils et républicains puis capitaliste mais aussi par la lutte souvent minoritaire et cachée des esprits éclairés par le savoir global afin de préserver l’alternative de l’organisation en réseau et tenter de la remettre en place en fonction des occasions historiques. C’est cette histoire que nous allons présenter.
Le futur appartient à celui qui a la plus longue mémoire
Friedrich Nietzsche