Rimbaud : les illuminations
28 février 2022Rimbaud dans ses premiers poèmes reste proche de la poésie parnassienne et officielle, adoptant une forme classique malgré la nature…
au sortir du corps de celle que j’aime
j’ai capté ton premier regard
tes paupières se sont levées
tes yeux se sont ouverts droit en face des miens
et nous nous sommes reconnus
Dans tes grands yeux noirs qui allaient se remplir de lumière
je t’ai vu je t’ai revu
Toi semblable aux autres qui étaient venus vers moi la fois là lorsque j’avais eu le bonheur de franchir le seuil de ma mort et d’entrer au pays de ma lumière
Nous nous sommes reconnus
tu étais venu prendre possession de l’enfant et comme je te connaissais
je t’ai fait venir en moi
et j’étais en toi
C’est vrai tu as été contre moi et tu m’as fait mal
une blessure profonde
de celles qui naissent dans le refus du partage d’un bonheur
tu protégeais l’indépendance de l’enfant et peut-être étais-je en train de dépasser mes pouvoirs de père
Nous nous sommes reconnus et tu m’as prévenu
Ce genre de relations dorénavant seraient très difficiles et contraire à tous les liens sociaux qui toujours ont et continueront d’exister
mais tu ne m’as pas ravi le bonheur de nous retrouver dans les yeux de mon enfant
dans son premier regard à la vie
La source d’amour qui a jailli sera un torrent impétueux que nul n’arrivera à canaliser
sinon le poids du temps et nos efforts de sagesse réciproques
Peu à peu tu t’es effacé devant la lumière du jour qui remplissait ses yeux et son premier cri de bébé a rompu définitivement le souffle de ta présence
La vie avait changé
l’enfant était seul avec nous
il n’avait plus que nous et tout ce qui était en lui
qu’il connaîtrait ou ne connaîtrait pas durant sa vie
jusqu’à la révélation des instants
de son éternité
plus tard je t’ai serré pour la première fois contre moi et jamais je n’aurais soupçonné que l’on puisse si bien se comprendre
être bien ensemble
L’avenir nous le bâtirons chacun à notre façon
Il ne me reste qu’à trouver la manière de te dire je t’aime
pour que tu comprennes que dans tes tourments
j’ai un pouvoir que n’ont pas la plupart des autres
le pouvoir de retrouver en toi et en moi le même être
la même source de vie qui est à l’origine de nos vies
A défaut de connaître celui qui le jour de ma naissance était venu prendre possession de moi
celui dont jamais personne ne m’a parlé
je t’apprendrai à reconnaître en toi celui qui au premier moment de ta vie nous a unis par un regard lui toi et moi
Sache qu’en te disant je t’aime
je prendrai le temps de revenir au plus profond de moi
vers celui qui est unique en toi et en moi
et que dans mon cœur j’élaborerai les mots
le Verbe qui instantanément dans ton petit cœur à toi
fera rejaillir la lumière que je garde précieusement au fond de moi
qui était en toi et qui s’est estompée devant le soleil
Nous avons eu la chance de connaître tout de suite les marques de la présence qui vit en nous
je n’ai pas eu à scruter ton visage pour rechercher par bribes les signes de ce qui vit en toi et qui sont si changeants que jamais je n’aurai obtenu la même certitude que celle qui existe aujourd’hui entre nous
Si le privilège des femmes est de mettre l’enfant au monde
il est rare qu’elles soient en condition de recueillir le premier regard de leur enfant. Le père a plus de facilité pour y parvenir encore faut-il qu’il sache tout ce qui peut se jouer à ce moment là
j’ai vécu ton baptême et je t’ai baptisé au souffle de ta propre vie
Ces liens, sans autre influence, sans pouvoir exorbitant de ma part
je pourrai les resserrer mais comment t’apprendre à me le demander
à être prêt à cela
Mais si tu apprends tout ceci ne sois pas exigeant avec moi
parce que je suis poète et que j’ai mené ma route sur les arêtes de la mort
parce que j’ai eu de la chance aussi
je suis parvenu à gérer des correspondances
avec l’indicible de mon identité
de notre identité et à être prêt à ton baptême de vie
Moi, personne ne m’a parlé de mon baptême de vie
c’était encore du temps où la plupart ignoraient les phénomènes de la vie
Mon enfant
garde toujours ton sourire étincelant
dans lequel je devine un brin de ta lumière
Laisse moi poursuivre ma route
chercher mon baptême de vie
Mon enfant
mon enfant de lumière
Rimbaud dans ses premiers poèmes reste proche de la poésie parnassienne et officielle, adoptant une forme classique malgré la nature…
Les vains efforts d’une quête incertaineLa lumière d’une idée lointaineFugitives traces de ce malheurQui nous tenaille et opprime nos cœursLes mots me trahissent mon cœur s’en vaUne aigreur racle le fond de ma gorgePrémices de mon bienveillant trépasAvec le relent fermenté de l’orgeLes pas lourds des destinées m’aveuglentJe n’ose pas croire à tant de pitiéA […]
Le travaille me rebute, je le haisJe rêve sans cesse d’un air tranquilleD’une moiteur douce qui sans arrêtAbrégerait mes efforts inutiles Ce n’est pas que je ne voudrais rien fairePourtant je désirerais travaillerMais pas à la manière de ces hèresQui du matin au soir ne font que peiner Rien sur cette terre ne m’intéresseTout ce […]